- C1
- J6- PSG-Ludogorets (2-2)
À Paris, la vérité est au bout du mois de février
La première place tendait les bras, mais avec cette prestation indigente et sans maîtrise contre Ludogorets, Paris se retrouve deuxième de son groupe. Et pourrait avoir à défier le Barça, le Real ou l'Atlético en huitièmes. Peut être un mal pour un bien...
Marquinhos est au duel le long de la ligne de touche. Moins agressif, il se fait prendre la balle, laisse partir son attaquant qui, arrivé dans la surface, use de l’arme infaillible : le centre en retrait. Totalement esseulé, Wanderson Farías voit sa frappe touchée par Alphonse Areola, mais pas assez fermement pour empêcher Ludogorets de reprendre l’avantage dans un match catastrophe pour le PSG. L’action symbolise l’essentiel des maux parisiens du moment : un manque d’agressivité, un placement défensif aléatoire, et un gardien visiblement en panne de confiance. Le tout ajouté à une animation offensive défaillante – marquée par un manque de mobilité des attaquants, exceptés Edinson Cavani – et à une méforme de plusieurs cadres, et hop : on obtient un PSG tout fissuré et qui ne mérite absolument pas de finir premier d’un groupe de Ligue des champions, voire à peine d’en sortir pour rejoindre les huitièmes de finale. La copie rendue par l’équipe d’Unai Emery est dans la lignée des difficultés démontrées depuis le début de saison : un onze qui ne sait plus marcher sur l’adversaire, qui ne crée plus et se contente de demi-différences individuelles ou de coups de têtes sur corner. À force de trop vouloir changer pour passer un palier, Paris a perdu ce qui faisait sa force les saisons passées : un collectif huilé, une possession de balle égoïste, des victoires sans pitié contre les plus faibles, et des cadres tellement performants qu’ils pouvaient s’autoriser l’arrogance.
Faire comme le Portugal à l’Euro ?
Inquiétant ? Oui, si l’on pense qu’à la (presque) mi-saison, ce PSG-là est en retard sur l’équipe de Laurent Blanc. Moins si l’on considère que la vérité de décembre est bien souvent très différente de celle de février ou mars. L’Euro 2016 a même montré à quelle vitesse une équipe pouvait passer du bord du précipice à une place VIP au paradis entre deux phases d’une même compétition. Après un scénario à rebondissement contre la Hongrie, le Portugal de Cristiano Ronaldo avait failli rentrer prématurément à Lisbonne au profit de l’Albanie, et finir le tournoi en mode bière/chips/canapé. Finalement, les Lusitaniens ont bénéficié d’un statut de meilleur troisième, puis ont franchi toutes les marches jusqu’à une victoire finale sur un but d’Eder au Stade de France. Nasser Al-Khelaïfi avait bien indiqué au Parisien que son club ne pouvait plus continuer sur la même voie pour gagner une Ligue des champions. Au moins, il a rempli la première partie de sa feuille de route, le PSG de décembre 2016 ne ressemble plus à celui de mai. Moins maître de son sujet, moins sûr de sa force, moins séduisant, beaucoup plus inquiétant.
Une nouvelle compétition en février
Paris a-t-il pour autant moins de chances de passer enfin les quarts de finale de la C1 au printemps ? A priori, le retard n’est pas encore rédhibitoire en vue de matchs qui se joueront autant, si ce n’est plus, au mental qu’au fonds de jeu. Pour le moment, le PSG n’est plus une équipe avec un style, des certitudes collectives, et une capacité à accélérer quand bon lui semble. Mais elle a sûrement le temps – et les difficultés actuelles l’y préparent – de devenir une équipe laborieuse, dure au mal et obstinée. Et qui, à défaut de faire dans le clinquant, ira chercher des victoires aux forceps. La belle prestation à Londres l’a d’ailleurs démontré, cette année, Paris est plus à l’aise quand l’opposition se durcit et que la responsabilité du jeu est partagée. Un contexte que devrait lui offrir les matchs à élimination directe à partir de février. Quant à cette seconde place derrière Arsenal, elle relève finalement de l’anecdote quand on sait qu’aujourd’hui le PSG risque de se frotter au Barça, au Real, à l’Atlético de Madrid ou à la Juve. Car en battant Ludogorets, les adversaires potentiels s’appelaient Bayern Munich ou Manchester City. Autant d’équipes aujourd’hui supérieures à Paris, mais dont aucune n’a l’aura d’une machine invincible. Autant dire que tout ce que l’on a vu ou presque dans cette première phase de Ligue des champions ne compte déjà plus. Pour le PSG, la seule vérité qui compte, ce sera celle de février.
Par Nicolas Jucha, au Parc des Princes