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Nice, un truc nouveau dans l'Haise
Cinquièmes de Ligue 1 avec la défense la plus féroce du championnat lors du dernier exercice, les Aiglons ont changé de projet cet été avec pour tout nouveau fauconnier Franck Haise, attendu avec curiosité après avoir refait du RC Lens un club européen. Tout n’est pas encore en place, mais il y a de quoi être intrigué.
Il a passé les premiers mois de l’année à se triturer la cervelle et le printemps ne lui a pas facilité la tâche, l’OM et Brighton revenant le draguer au bout d’une saison difficile pour les nerfs. Il est assez sain pour un coach de haut niveau de s’interroger au bout de huit ans (31 mois avec la réserve et 51 autres avec l’équipe première) passés dans les mêmes locaux, à fouler tous les jours les mêmes terrains et croiser toujours les mêmes visages. Il est encore plus logique de le faire quand on a 53 ans, le vent dans le dos, et qu’on nage depuis autant d’années dans un milieu aussi étrange que le foot, un milieu fait de portes qu’il faut parfois savoir ouvrir au bon moment pour continuer de progresser. Après avoir contribué en grand à refaire du RC Lens un club européen, Franck Haise a ainsi quitté le Nord cet été et a filé à l’autre bout du pays, à Nice, cinquième de la dernière Ligue 1.
Au premier jour, le choix a pu en surprendre certains, mais il répondait à une forme de logique. Chez les Aiglons, Haise a d’abord retrouvé plusieurs têtes connues (le directeur général Bocquet, le directeur de la performance Bessière et le prépa physique Dubois). Il est surtout arrivé dans un club qualifié en Ligue Europa, lui offrant une plateforme parfaite pour tester ses recettes avec de nouveaux profils. Une étape intermédiaire cohérente et curieuse à suivre.
Chantier en cours
La préparation estivale, qui est toujours une période pour les performances plus que pour les résultats, a, de plus, chauffé un peu plus la corde curiosité et ce même si le nouveau band de Franck Haise n’a remporté qu’un seul de ses amicaux, face à Lecce, le 4 août (3-2). Au cours des cinq matchs disputés, on a vu les premières pierres du nouveau projet de jeu niçois se poser peu à peu, avec pour base le même 3-4-3 qu’à Lens, qui s’est le plus souvent organisé en losange au milieu avec un Boudaoui brûlant en 6 et un Sanson venant se caler en 10 entre Cho et Boga, deux ailiers intérieurs plus créatifs que ceux qu’Haise avait dans le 62. Il y a encore beaucoup de boulot, notamment sur le plan défensif, même si le pressing haut a été de mieux en mieux ficelé au fil des rencontres, mais avant le grand saut en Ligue 1, sur la pelouse d’Auxerre, dimanche, le druide de Mont-Saint-Aignan (Franck Haise, pas le restaurant) a un premier socle qui tient la route et ce alors que son modèle de jeu est totalement opposé à celui présenté par Francesco Farioli tout au long de la dernière saison. Problème, en revanche : Haise a pour le moment un effectif loin d’être définitif et attend des nouvelles plumes après les ventes de Todibo (West Ham) et Thuram (Juventus), puis les blessures de Moffi (rupture des ligaments croisés) et Boga (touché à la cuisse, il va devoir attendre septembre pour lancer sa saison).
Que faut-il donc attendre de cette nouvelle saison pour le Gym ? Difficile à dire alors que, pour l’instant, seuls un Clauss revanchard et un Ndombele en quête d’une énième relance ont déboulé. Un renfort est attendu en défense centrale – Haise a passé la préparation avec Pablo Rosario en tête axiale de sa base à trois -, d’autres au milieu et devant, histoire d’étoffer un groupe également piqué par les blessures (Diop, Ndayishimiye). Ce qui est certain, c’est que le technicien français n’a pas changé et ne changera pas : son OGC Nice va chercher à être comme son RC Lens, soit une équipe fiévreuse, protagoniste, offensive, pétillante, mais aussi et surtout capable de faire bloc sans ballon. À Nice-Matin, il a glissé que ses nouveaux joueurs apprécient déjà d’être « plus actifs », mais qu’arriver à une version aboutie de son projet demandera, évidemment, « du temps ». Puis : « Il ne faut pas de plan A, de plan B, mais des plans à l’infini, parce que dans le foot, chaque situation est singulière. Il n’y a donc pas une seule réponse. Il faut être intelligent pour jouer au football car à chaque quart de seconde, il se joue quelque chose. Les meilleurs, ce sont ceux qui lisent les situations et agissent en conséquence. » On est pour le moment au jour un de cette nouvelle aventure. Quelque chose dit qu’il ne faudra pas la suivre de trop loin.
Par Maxime Brigand