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« À Moscou, il me manque mon épicier du coin »

Propos recueillis par Quentin Müller
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Christopher Samba, puissant gaillard d'1m94 pour 91 kg et accessoirement ex-aboyeur préféré de Sam Allardyce à Blackburn, est installé depuis presque cinq ans en Russie. Après un transfert raté à Arsenal et une expérience malheureuse à l'Anzhi Makhatchkala, l'ex-international congolais nous raconte son spleen au pays des tsars et de la vodka.

Salut Christopher, alors tu joues où en ce moment ?Je suis toujours au Dynamo Moscou. Cette saison, c’est un peu difficile. L’an passé, on avait des joueurs comme Valbuena, Kokorin, Vainqueur, et quelques joueurs de l’équipe nationale de Russie. Mais la politique du club a changé suite à l’interdiction d’Europe avec le fair-play financier (le Dynamo a été privé quatre ans de compétition européenne, ndlr). Tous les joueurs titulaires qui avaient un peu de valeur ont été priés de partir. Moi, je devais m’en aller, mais je me suis blessé au dos, et donc je me suis retrouvé coincé.

Saison 2011-2012, même si Blackburn patauge en Premier League, tu es l’un des seuls à surnager. À tel point qu’on parle de toi à Arsenal. Mais au final, tu n’y vas pas. Wenger prend alors Per Mertesacker. Quand tu vois ses prestations aujourd’hui, on peut se poser des questions, non ?Je me pose les mêmes questions (rires).

Oui, j’ai bien été en contact avec Arsène Wenger. On a eu de longues discussions. Avec mon agent, on y était presque.

Je me rappelle avoir été un peu surpris par leur proposition, car je venais de boucler une saison avec quinze matchs où Big Sam m’avait fait jouer attaquant aux côtés de Benni McCarthy. Mais oui, j’ai bien été en contact avec Arsène Wenger. On a eu de longues discussions. Avec mon agent, on y était presque. Mais le souci, c’est que Blackburn n’a pas facilité mon transfert alors que je juge avoir été un bon soldat pour eux. J’étais très déçu parce qu’on m’avait toujours promis de me laisser partir si je me donnais à fond. Mais ils n’ont pas facilité mon transfert. J’ai donc décidé de laisser tomber et de tenter une nouvelle aventure.

L’Anzhi Makhatchkala, c’était un coup de poker…C’était très ambitieux, une utopie presque. Je ne sais pas ce qui s’est passé en sous-main, mais en tout cas, on était en passe de la réaliser. Et du jour au lendemain, tout a capoté. On était vraiment à deux doigts, on pouvait remporter le titre, on allait se qualifier en Ligue des champions. Ce n’était pas un rêve, c’était déjà réel. Un club qui était une petite structure de division inférieure et qui se met du jour au lendemain à disputer le titre au Zénith… Qui gagne contre des équipes comme Liverpool… T’appelles ça toujours un rêve ?

Makhatchkala, c’est le Caucase, le Daguestan, une région particulière, théâtre parfois d’attentats. Ça ne t’a pas dissuadé ?Oui, bien sûr que c’est particulier, c’est dans le Caucase. Mais avant d’y aller, j’ai appelé mon grand frère Samuel Eto’o. Il m’a assuré qu’il n’y avait aucun problème de sécurité. Que tout ce qu’on entendait dans les médias sur cette région était faux. Il m’a vendu un projet ambitieux et une future grande équipe construite autour de lui, notre capitaine. Par la suite, les choses se sont matérialisées avec les arrivées de Lass, Willian, Boussoufa, Dzsudzsák, Carcela-Gonzalez ou encore Roberto Carlos. On avait une super équipe. Le système était juste un peu différent par rapport à d’autres clubs. On ne vivait pas à Makhatchkala, mais à Moscou.

Quand je reparle de l’Anzhi avec Samuel Eto’o, Lass ou d’autres, on est plein de regrets.

On venait juste les week-ends pour les matchs. On ne restait jamais sur place, on ne faisait que les allers-retours. Donc niveau sécurité, on ne savait pas trop à quoi s’en tenir, car on ne restait jamais plus de deux jours. Mais on était toujours bien accueillis par la population locale. On était bien. Si je dois retenir un bon souvenir de ma carrière, c’en est un. Quand j’en reparle avec Samuel, Lass ou d’autres, on est plein de regrets.

Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que l’utopie vire au flop ?Bah… (il souffle) Tu sais, les coulisses dans le football… Une chose est sûre, on ne saura jamais vraiment toute la vérité. On sait juste que du jour au lendemain, le club a voulu revoir ses priorités, et on nous a demandé de partir les uns après les autres, un peu comme ce qui s’est passé au mercato d’été dernier avec le Dynamo Moscou. Ça a été très brutal, on n’y croyait pas.

Rameuter Willian, Eto’o, Roberto Carlos, Boussoufa, Lassana Diarra et toi en plein milieu du Caucase, c’est un peu comme mettre une dizaine de Chti’s dans une baraque à Miami, non ?Entre nous, c’était fantastique. On était une bande de copains, et sur le terrain, une bande de guerriers. On voulait tout gagner. Ce que je retiens, c’est qu’on avait aussi Guus Hiddink qui est un grand coach. Un type qui sait parler aux hommes et te motiver. Toutes les bonnes choses sont courtes dans cette vie. On se faisait des soirées entre nous à Moscou, dans nos maisons respectives. Demandez à Lass pour les anecdotes, il te dira comment on foutait l’ambiance. Mais on restait des professionnels. Puis bon, les résultats suivaient, donc c’était parfait pour nous, on était de vrais compétiteurs.

Et avec les joueurs locaux ?Ça se passait bien aussi. Ne pensez pas qu’il y avait d’un côté les joueurs russes et nous de l’autre. En fait, il y avait une vraie osmose entre eux et nous. C’est pour ça que c’était unique. Ils habitaient à Makhatchkala, mais ils évitaient de nous parler de leur vie sur place…

La prochaine Coupe du monde va se dérouler en Russie. Le football là-bas, c’est comment ?Avec la crise économique en Russie, le niveau du championnat a fortement baissé.

En Coupe de Russie, il nous arrive d’aller en Sibérie. On fait dix heures d’avion, on arrive dans des bleds incroyables avec du -15 °C et six heures de décalage.

Aujourd’hui, seul le Zénith a conservé ses joueurs et, du coup, la possibilité de rivaliser avec les grands d’Europe. Donc je dirais que la Ligue a perdu un peu en charme et en compétitivité. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, on ne fait pas beaucoup de bornes en avion. Les déplacements en championnat sont limités. Le plus d’avion que l’on ait à faire, c’est entre quatre et cinq heures maximum. Donc pour ça, on est loin des standards de la MLS. C’est seulement en Coupe de Russie où il nous arrive d’aller en Sibérie. Parfois, on fait facile dix heures d’avion. On arrive dans des bleds incroyables avec du -15 °C et six heures de décalage horaire. Mais on arrive à faire nos matchs… Au niveau de la nourriture, ils ont des bonnes choses. Moi, le bortsch (soupe populaire en Russie, ndlr), perso j’aime bien. Après, les restaurants russes sont très bons, mais très peu proposent leur cuisine locale. Je ne te cache pas qu’en réalité, je vais pas mal chez l’Italien (rires). Sinon, les terrains ne sont pas mauvais, et les ambiances en match sont correctes. Mais il y a trois-quatre clubs sur synthétique. Je n’aime pas ça, mais il faut s’adapter.

En parlant de stade et d’ambiance d’ultras russes, il y a un gros souci de racisme là-bas, non ?Bien sûr qu’il y a des soucis de racisme. Il y a toujours quelques imbéciles qui ne comprennent pas que la couleur ne fait pas de différence. Ce sont des gens qui ne sont jamais sortis de chez eux. En Russie, il y a quand même beaucoup plus de racisme qu’autre part. Mais je pense que ça vient du fait que c’est un pays très peu cosmopolite. La Russie est finalement très russe et peu ouverte aux étrangers, à la couleur et aux mélanges de nationalités ou d’origines.

J’évite de trop sortir à Moscou avec ma femme et mes enfants, par rapport aux regards des gens… Je n’ai pas envie qu’on me regarde comme ça…

Ça va faire cinq ans que je suis là, la vie est belle en Russie pour un joueur quand, dans ton équipe, tu as de bons copains. Au Dynamo, demandez à Valbuena, on avait aussi une belle ambiance entre nous. Mais sans ça, tu peux vite t’ennuyer. Moi, en ce moment, je m’entraîne et rentre chez moi. Je ne fais que ça. Je ne fais absolument rien. Moscou, tu fais vite le tour, puis il fait tellement froid… Et si j’évite de trop sortir avec ma femme et mes enfants, c’est par rapport aux regards des gens… Je n’ai pas envie qu’on me regarde comme ça… Puis le shopping est beaucoup trop cher. Donc je ne vois pas l’intérêt de sortir. Ça me manque de ne pas avoir par exemple l’épicier du coin qui fait des produits exotiques pour la cuisine…

Lors d’un match contre Torpedo, tu décides de quitter la pelouse en plein match suite à des cris de singe. Tu t’es réellement fait sanctionner après par la Ligue ?Bah… (il souffle) C’est un peu bizarre. Tu joues un match de coupe, tu vas chercher le ballon, on te fait des cris de singe. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Je pense que je ne suis pas le seul à avoir eu affaire à ce club du Torpedo. Hulk aussi. Mais j’étais un peu déçu par rapport à ma sanction. Quand tu prends trois matchs et que la tribune du club de Torpedo est juste sanctionnée un match… Tu te demandes si ce n’est pas toi le fautif dans l’affaire. J’ai été un peu dégoûté. C’était aberrant…

Tu t’es mis au russe depuis le temps ?Je me suis mis au russe un peu, pour dire des trucs basiques comme « Comment ça va ? » , « à droite, à gauche, attention ça vient » …

Un joueur en particulier que tu as trouvé talentueux ?Je dirais qu’il y a un attaquant en particulier que je trouve très fort et bien au-dessus, c’est Alexandr Kokorin. Il va vite, il tire fort du droit, du gauche, il saute haut. Je trouve ça dommage qu’il ne soit pas allé en Europe parce que c’était l’occasion pour lui de s’améliorer encore plus. On va dire que c’est le « Petit Prince de Russie » . Il y a aussi Oleg Shatov avec qui j’ai joué à Makhatchkala. C’est un milieu rapide, fort du pied droit et du pied gauche aussi. Il est parti au Zénith comme Kokorin. C’est simple, ils ont tous les bons joueurs locaux, eux.

Avec un peu de recul, au regard de ta carrière, tu regrettes de n’avoir jamais percé en France ?

La France n’est pas vraiment un pays de foot connu pour avoir fait les meilleurs choix concernant ses jeunes.

La France (il hésite)… n’est pas vraiment un pays de football connu pour avoir fait les meilleurs choix concernant ses jeunes. Mais je n’en veux ni à la France ni à Sedan. D’ailleurs, je les remercie tous les jours de ne pas m’avoir gardé après ma grave blessure.

Et la sélection congolaise, tu en es où ?La sélection congolaise, c’est un peu terminé. Oscar Ewolo et moi avons laissé la place à la génération suivante. On était très fiers d’eux, de leurs parcours à la CAN. Après, malheureusement, les sélections africaines ne sont pas toujours bien gérées. Mais ça, cela appartient aux pays, pas à nous les joueurs. On aura beau pointer les défaillances de nos sélections, ça ne changera rien.

Dans cet article :
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Propos recueillis par Quentin Müller

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