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À Montpellier, on prend les mêmes et on s'accroche
Après une deuxième saison d’affilée bouclée à la douzième place de la Ligue 1, Montpellier ne vise pas autre chose que la deuxième partie de tableau. Parmi les clubs les plus touchés par la crise des droits TV, le MHSC espère fêter ses 50 ans en assurant son maintien dans l'élite.
Il est coutume de dire qu’il faut avoir les moyens des ses ambitions. Dans le cas du Montpellier Hérault Sport Club, l’adage approprié serait plutôt d’avoir les ambitions de ses moyens. Les caisses de la Paillade étaient à sec avant le dénouement de l’interminable feuilleton des droits TV, ce qui avait poussé le président du club, Laurent Nicollin, à user de son art de la punchline dans L’Equipe : « Rien ne m’inquiète, je ferai faillite, je déposerai le bilan et j’irai faire les poubelles. Je ne vais pas me prendre la tête. Il y aura peut-être cinq ou six clubs qui feront faillite. »
Deux mois après, ce qui est sûr, c’est que Laurent Nicollin ne fera pas les poubelles. Mais ça ne veut pas dire que la situation s’est largement améliorée pour autant. « Il n’y aucun soulagement suite à la fin du feuilleton des droits TV, car on perd de l’argent par rapport à ce qui était prévu, analyse le président du MHSC. Après la bonne chose, c’est que ça soit fini. Maintenant on va faire avec ce qu’on a, même si c’est pas beaucoup, et on va essayer de réfléchir à comment compenser le manque à gagner. » Le manque de trésorerie a bien évidemment des répercussions sur les transferts : l’effectif montpelliérain n’a pas bougé d’un iota depuis le début du mercato, et le club pourrait perdre quelques uns de ses titulaires, comme Joris Chotard, médaillé d’argent avec les Bleuets aux Jeux olympiques, ou encore Musa Al-Taamari, récemment annoncé en Arabie saoudite. Le patron pailladin ne l’a jamais caché : il faut vendre avant d’envisager d’acheter. Se serrer la ceinte, être réaliste et compter sur ses jeunes pousses, Montpellier ne connaît pas d’autres recettes pour avancer.
Un village gaulois dans l’Hérault
Les objectifs affichés sont clairs : il ne faut pas faire pire, et tant mieux si on fait mieux. La saison dernière, Montpellier avait vu sa saison plombée dès la huitième journée, suite à un incident lors du match contre Clermont. Le MHSC avait ensuite tardivement assuré son maintien, avant de finir douzième du championnat… comme la saison d’avant. Car après le titre de champion de France en 2012, et quelques années dans le haut du panier de la Ligue 1, cela fait un petit bout de temps que le club est embourbé dans la deuxième partie de tableau. Ce n’est pas cette saison que ça risque de changer, comme l’expliquait Nicollin en conférence de presse, le 2 juillet dernier : « On est dans une situation où c’est assez compliqué financièrement. L’avantage qu’on a, c’est qu’on a déjà un groupe, une équipe, un staff qui sont bien huilés. L’objectif, comme toujours, c’est d’être le premier des dix derniers, entre la huitième et la dixième place. »
Pour cela, le groupe peut compter sur ses fidèles soldats et ses habitudes : Michel Der Zakarian est toujours aux manettes, Téji Savanier a toujours le brassard accroché au biceps et les jeunes restent un moteur du club, comme le montre la prolongation d’Enzo Tchato en mai dernier. « Un mix de jeunes et de joueurs d’expérience » cher à Laurent Nicollin. Pour ce qui est des finances, ça reste une affaire de famille, comme toujours à Montpellier. Même si l’argent n’afflue pas comme dans les clubs détenus par des fonds étrangers, l’identité reste intacte, ce qui pousse Nicollin Jr à qualifier le MHSC de « village gaulois ». Oui, la Paillade ne sera jamais une grande puissance économique de Ligue 1, mais sa stabilité lui permet de se maintenir dans l’élite et d’éviter de couler dans les profondeurs.
Un demi-siècle à fêter
Ainsi, Montpellier part à l’abordage de cette nouvelle saison avec un équipage qui ne risque pas de beaucoup bouger. Sportivement, les matchs de préparation n’ont pas été folichons, avec seulement une victoire sur six rencontres, malgré quelques gourmandises proposées par Tamari. Le MHSC a même peut-être perdu son défenseur central Modibo Sagnan, sorti sur blessure lors du match contre Mayence samedi dernier. Dans un effectif paralysé par le manque de deniers, les jeunes du centre d’entraînement de Grammont peuvent ainsi se démarquer : « S’il y a des jeunes qui peuvent intégrer le groupe pro, c’est tant mieux. Il y en a qui ont participé au stage de préparation, mais il leur reste à s’aguerrir avec la réserve. Après, autant mettre nos jeunes en avant : il vaut mieux avoir un remplaçant formé au club que quelqu’un qui coûte des milliers d’euros, développe Nicollin. Il y a des joueurs de qualité, il y a des belles générations qui arrivent, donc c’est intéressant de ce point de vue-là. »
🆕👕 𝑵𝒐𝒖𝒗𝒆𝒂𝒖 𝒎𝒂𝒊𝒍𝒍𝒐𝒕 𝒆𝒙𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒆𝒖𝒓 𝟐𝟒-𝟐𝟓
𝑈𝑛 𝑑𝑒𝑚𝑖-𝑠𝑖𝑒̀𝑐𝑙𝑒 𝑑’𝐻𝑖𝑠𝑡𝑜𝑖𝑟𝑒, 𝟼𝟷𝟽 𝑛𝑜𝑚𝑠, 𝑡𝑖𝑠𝑠𝑒́𝑠 𝑓𝑖𝑙 𝑝𝑎𝑟 𝑓𝑖𝑙, 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑟 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡. 𝑈𝑛 𝑚𝑎𝑖𝑙𝑙𝑜𝑡. 𝐿𝑒 𝑛𝑜̂𝑡𝑟𝑒. 𝑳𝒆 𝒗𝒐̂𝒕𝒓𝒆.#50ansMHSC | @Nike pic.twitter.com/eoqeMrkzAj
— MHSC (@MontpellierHSC) July 31, 2024
Il reste cependant une chose qui pourrait changer la saison de Montpellier : l’anniversaire du club, qui fête ses 50 ans. Fondé en 1974 par Louis Nicollin, le MHSC a déjà annoncé prévoir tout un tas d’évènements pour célébrer son demi-siècle d’existence : quatre maillots dont un qui sera fait en collaboration avec les fans, match des anciens, tramway aux couleurs du club… Autant de raisons de donner du baume au cœur au public de la Mosson, voire un petit supplément d’âme à l’équipe, comme le veut Nicollin : « C’est une année d’anniversaire, donc on veut que la fête soit à la fois dans les tribunes et sur le terrain, surtout quand on va retrouver nos anciens joueurs. C’est toujours un moment important pour notre club, et si ça peut être fédérateur, ça ne sera que bénéfique. » De quoi prévoir un joli banquet gaulois.
Par Jules Reillat
Propos de Laurent Nicollin recueillis par JR, sauf mentions