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À Marseille, toujours le brouillard, le flou et le silence
À quelques jours de l’Euro, de l’arrivée des Anglais et des soucis de sécurité, les problèmes de l’OM passeraient presque inaperçus. Mais dans les locaux de supporters, on comprend vite que quelque chose ne va pas.
Ce n’est que la première journée de la campagne d’abonnement, mais c’est souvent un indicateur de la santé du club. Et au 100 rue Loubon, à la Belle de Mai, dans le local des South Winners, la télévision résonne clairement plus fort que le murmure des supporters. Rachid Zeroual, fondateur du groupe de supporters, n’a pas franchement le cœur à en rire : « Labrune a tué le club depuis qu’il est arrivé. Alors on regarde un film pour se consoler. » Depuis ce matin, ils sont à peine plus d’une centaine de courageux à être venus s’abonner ou se réabonner : « Alors que l’année dernière, à la fin de la première journée, on devait être à 500, précise Vincent, également membre du groupe de supporters. Mais bon, c’était l’effet Bielsa, ça ! »
« Qui a envie d’aller au stade et de voir la même merde ? »
Eh oui, un peu moins d’un an après son départ, le fantôme de Bielsa rôde encore et toujours au-dessus de la cité phocéenne. Ici et là, on a encore du mal à comprendre comment on a pu passer de la fierté à l’amertume en si peu de temps. Car il y a encore un an, l’OM sortait d’une saison prometteuse, avec des raisons de sourire, d’espérer et donc de se réabonner… Et les supporters n’hésitaient pas à afficher, à la vue de tous, le fait qu’ils avaient acheté le droit de voir leur équipe une saison entière.
Abonnement retiré ! Bielsa ou pas on vas tout défoncer ! #TeamOM @Clem_OM @Winners1987 @OM_Officiel pic.twitter.com/wihEVpngos
— ☆ NCL ☆ (@Nico_isn) 10 août 2015
Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, les supporters sont écœurés et le font savoir par leur absence. Au local des Dodger’s, par exemple, on parle d’un zéro pointé : « Ce n’est pas une blague. On n’a fait aucun abonnement aujourd’hui. Les gens adhérent au groupe. Mais ils ne payent pas. Ils attendent d’en savoir plus sur la saison à venir, sur le projet, sur le mercato. Comment vous voulez vous abonner autrement ? » Un chiffre qui s’explique par le flou, le brouillard et le silence autour du projet du club. Mais pas que : « Les gens sont frileux, par rapport à plein de raisons évidentes, ça se comprend, explique calmement Vincent. Qui a envie d’aller au stade tous les week-ends et de voir toujours la même merde ? En plus, si on rajoute à ça la possibilité des huis clos, on va t’enlever trois, quatre, cinq, voire dix matchs, ça ne donne clairement pas envie de s’abonner. »
L’Euro comme distraction
S’ajoutent à cela le nouveau naming du club, l’Orange Vélodrome – même si on le prend avec humour du côté des South Winners, sachant que le stade sera désormais associé à leur couleur officielle : « C’est peut-être un petit clin d’œil ? » – mais aussi le nouveau système d’abonnement, qui oblige les supporters à une double procédure, à passer d’abord par le site internet du club et ensuite par le club de supporters… Bref, une succession de galères qui donne plutôt envie aux potentiels abonnés d’aller se baigner, de se mater un film, de rester chez eux, plutôt que de prendre une quelconque décision.
Au final, le timing joue en faveur de Margarita Louis Dreyfus, puisque l’Euro arrivant à grands pas, elle pourra compter sur cette distraction pour régler ses affaires avec plus de tranquillité, sans avoir à se justifier auprès des supporters ou de Jean-Claude Gaudin qui lui a encore mis la pression dans La Provence datée du lundi 6 juin : « Le soir de la finale de la Coupe de France OM-PSG, je présente Margarita Robert Louis-Dreyfus et son mari (qui ne disait mot) au président de la République. Puis je leur ai dit :« Dépêchez-vous puisque vous voulez partir et ne voulez plus donner des sous. » » Du temps de gagné, alors que les supporters, eux, ont jusqu’à la fin du mois au plus tard (tout dépend du groupe) pour se décider. Ils peuvent aussi attendre début août, la campagne d’adhésion pour les retardataires, pour en savoir plus. Mais là, encore, aucune certitude quant à la possibilité d’une éclaircie dans le ciel marseillais.
Par Ugo Bocchi