- Ligue des champions
- Demi-finale retour
- Real Madrid/Borussia Dortmund (2-0)
A Madrid l’honneur sauf, à Dortmund la finale
Le Real l'emporte 2-0. Mais il a manqué quelques minutes, quelques gouttes de sueur ou quelques millimètres en plus. Dortmund essuie sa première défaite dans la compétition mais se qualifie pour la finale. Madrid sort la tête bien haute. L'honneur est sauf.
Real Madrid – Borussia Dortmund : 2-0 Buts : Benzema (83e) et Sergio Ramos (88e) pour le Real Madrid.
À quoi sert la sono des stades de foot ? À encourager ou à assommer le public ? Florentino a glissé Thunderstruck, un tube d’ACDC, dans la playlist du speaker pour électriser les cordes vocales. Sur le line-up, Modric est la bonne surprise des plus idéalistes. Une Remontada est une affaire de jugones, c’est-à-dire de gamins élevés au cuir et au gazon. Modric-Alonso-Özil au centre de la scène. Reus-Götze-Blaszczykowski pour leur répondre. Ce soir, le Real a joué avec son talent et sa mystique. Le Borussia avec son intelligence collective et son sang-froid. Ce match n’a vraiment été maîtrisé par personne et s’achève sur un coïtus interumpu de 80.000 personnes en même temps. Le Real s’en va, Mourinho aussi. Mais le rock n’est pas mort.
Camisole et paquet de cigarettes
Le drame se prépare en première mi-temps. Comme dans les bonnes histoires, tout commence à coups de canon. L’infanterie du milieu merengue joue court, juste et dans le timing qu’il faut pour oser l’espoir. Le Real impose son rythme. Le Modric de ce soir ressemble à celui de Tottenham ou d’Old Trafford. Trois occasions font espérer. Higuain rate la première (4′), puis Ronaldo (12′) et enfin Özil (14′). Que se passe-t-il dans la tête de Mesut quand il se plante seul devant Weidenfeller ? L’enfant de Gelsenkirchen aurait dû glisser ce ballon dans le petit filet. Il aurait dû planter ce but contre ses anciens potes jaune et noir. Mais il a tapé trop tôt ou bien trop tard. Le ballon file à côté. C’est le moment pour Gundogan et Bender de reprendre le dessus au milieu, de passer la camisole à Alonso et Modric. Les Allemands reprennent l’intérieur et laissent les ailes à un Di Maria qui rate presque tout d’un côté et un Coentrao qui ne tente presque rien dans le dos de Piszczek. « Si se puede ! » , hurle le fondo sur, la frange la moins rationnelle du stade. Mais les visages du 3e amphithéâtre se crispent. Les socios lâchent les pipas et sortent les paquets de cigarettes. Le Real se fume un Klopp.
Du rabe pour rien
Ils sont 8000 à sauter de joie dès la 46e minute. Ceux-là sont de l’autre côté du stade et admirent leurs gamins se promener sur la grande scène. Le Borussia n’a pas peur et le montre. Mourinho tente le coup en sortant Coentrao et Higuain pour Benzema et Kaka. Bernabeu se réveille pour siffler l’incompréhensible changement. « Le Real a besoin de buts et Mourinho sort l’autre spécialiste derrière Ronaldo, el Pipa Higuain » s’étrangle Valdano dans le poste de radio. Le 3-4-3 ne fait peur qu’aux socios qui croient encore au miracle. Mais les bonnes histoires sont celles qui ne finissent pas. Tout à coup Benzema soulève Bernabeu. But. 1-0, dix minutes à jouer. La mystique s’enclenche. Le Real se remplit d’enthousiasme et la défense centrale du Borussia s’effondre. But de Ramos à bout portant. La terre tremble à Madrid. « Si se puede ! Si se puede ! » Maintenant tout est possible. Les merengues enclenchent la disto et cette fois-ci ils sont 80.000 à crier et à y croire. Ramos joue avant-centre et Khedira arrière-gauche. Les Jaunes gèrent, les Blancs explosent. C’est n’importe quoi. Mais les cinq généreuses minutes de rab ne serviront à rien. Webb éteint le match et Madrid débranche les guitares. Le Real est éliminé mais Bernabeu n’est pas rancunier. Alors, des larmes dans la voix, le public remercie ses joueurs un à un. C’est beau la coupe d’Europe. Et puis la sono revient et étouffe les derniers sanglots. Voilà donc à quoi elle servait.
Par Thibaud Leplat, au Bernabeu