- Ligue 1
- J31
- Lyon-Dijon (1-3)
À Lyon, les cadres se dérobent
Lyon s'est enfoncé dans la crise en perdant lamentablement à domicile contre Dijon (1-3). Et si c'est Bruno Genesio qui va tout prendre sur le dos, ce sont bien Nabil Fekir, Marcelo et les autres cadres de Lyon en souffrance qui en sont responsables.
Bruno Genesio connaît ses Lyonnais mieux que personne. Capables du meilleur contre les grosses écuries, capables du pire contre les « petits » de Ligue 1. Alors quand les Gones recevaient ce samedi des Dijonnais lanternes rouges de Ligue 1 et qui n’avaient fait que perdre depuis 8 matchs consécutifs, l’entraîneur rhodanien avait flairé le mauvais coup, senti qu’un Tanguy Ndombele par exemple pourrait jouer avec le frein à main. Le milieu a été préservé, comme Memphis Depay, sur le banc face aux Bourguignons. Mais pas Nabil Fekir.
Nabil faiblit
En dedans cette saison, peu décisif depuis trois rencontres en championnat, le milieu offensif ne surfait pas vraiment sur la confiance avant d’affronter Dijon. Mais il est difficile, voire suicidaire pour un entraîneur, de reléguer son capitaine au rang de remplaçant, ne serait-ce que le temps d’un match. Et quoi de mieux qu’une lanterne rouge aux abois pour se relancer ? Au lieu de ça, Nabil Fekir n’a fait que s’enfoncer. Pas dans son assiette, le champion du monde est une nouvelle fois passé à côté de son match. Et ceci alors qu’il joue à son poste préférentiel, où il peut le mieux exprimer ses qualités offensives : comme numéro 10. Le Gone pur jus, dont la décompression post-Mondial semble durer éternellement, paraît avoir perdu son coup de rein. Une qualité qui fait sa force et sur laquelle repose l’essence de son jeu, mais qui condamne toute une équipe bâtie autour de lui. Contre Dijon, Fekir n’avait même pas l’explosivité suffisante pour se dépêtrer des griffes du presque quadragénaire Florent Balmont.
Sa faculté à conserver le ballon plus que de nécessaire et sa lenteur se sont conjuguées à un cruel manque de justesse technique à la passe. Les rares occasions franches que Lyon s’est procurées (mine de Cornet à la 32e, rush de l’Ivoirien à la 52e, tête de Dembélé à la 62e) ne l’ont pas été grâce à son capitaine, seulement menaçant sur coups de pied arrêtés. Une arme qu’il a, comme un symbole, elle aussi perdue, avec plusieurs tentatives non cadrées et une trop molle.
Bruno marche seul
Mais si Lyon s’est foiré contre Dijon, il ne le doit pas qu’à son seul meneur de jeu. Il le doit à la majorité de ses cadres. En grande souffrance depuis des mois, Marcelo a une nouvelle fois condamné son équipe en se faisant manger par Tavares sur l’égalisation (3e) avant de contrer la frappe victorieuse de Saïd (7e). À l’opposé du terrain, si Moussa Dembélé s’est imposé, c’est aussi parce que Memphis Depay court après son niveau depuis qu’il a déclaré mériter mieux que Lyon. Son démarrage sur le banc n’était qu’un choix logique, et son entrée à la 63e minute n’a rien changé au scénario du match, alors que le Néerlandais aurait dû montrer à son entraîneur qu’il s’était trompé.
À Lyon, le coupable est tout trouvé : Bruno Genesio. Quand les Gones ronronnent contre les sans-grades, quand Depay exprime son mal-être, quand Fekir traîne son fantôme comme un boulet, c’est toujours la faute du technicien rhodanien, prétendument incapable de hausser le ton avec ses tauliers et de faire des choix forts. Cible constante des supporters et victime de la gestion catastrophique de son avenir par son président Jean-Michel Aulas, Genesio ne peut plus compter sur beaucoup de soutiens à Lyon. Seuls ses cadres, qu’il a toujours préservés, ont les moyens de le tirer de cette impasse. Anthony Lopes, un des rares à répondre présent, traduit en un sens ce manque d’investissement : « On est professionnels. On doit savoir faire la part des choses. Il y a une partie de la décision qui a été prise mardi pour le coach, mais on doit savoir faire abstraction de tout ça. La vérité, c’est sur le rectangle vert. » Mais Fekir et Marcelo n’ont de nouveau pas su justifier la confiance que leur avait renouvelée leur entraîneur. Et si Bruno Genesio est aujourd’hui plus que jamais dans la mouise, c’est parce que ses cadres ne font rien pour le tirer de là.
Par Douglas de Graaf