- France
- Olympique lyonnais
À Lyon, le cirque continue encore et encore
Toujours sans victoire, l'Olympique lyonnais s'est désormais fixé un nouvel objectif : trouver la taupe du vestiaire. Visiblement pas encore préoccupés par la dernière place de Ligue 1 et l'environnement toxique autour du club, les dirigeants ne veulent pas entendre parler de relégation. Jusqu'à quand ?
Au coup de sifflet final de la sixième défaite en neuf matchs de Ligue 1, John Textor s’est voulu décontracté. Il a finalement paru déconnecté. « La relégation ? Cette question est comique », s’est esclaffé l’homme d’affaires américain après la nouvelle déconvenue face au Clermont Foot dimanche soir. Ses supporters semblaient plus inquiets durant la rencontre lorsque le chant « On est en Ligue 2 » descendait des tribunes du Groupama Stadium. Presque deux mois plus tôt, ces mêmes ultras remontaient les bretelles de Corentin Tolisso et ses coéquipiers, en vain. Avec seulement trois points, l’OL est bon dernier du championnat, affiche les pires statistiques de son histoire moderne et marche sur les pas de nombreuses équipes reléguées après un tel départ. Pour éviter le pire, la raison demanderait de tirer dans le même sens, mais l’heure est encore à l’aveuglement, au point de chercher une prétendue taupe dans le vestiaire.
Intransigeance redoutée et refoulée
Pour remobiliser les troupes une fois de plus, Fabio Grosso a décidé de supprimer la journée de repos prévue lundi, lendemain de la défaite contre les Auvergnats. Le bref décrassage – pas au goût de certains sénateurs de l’effectif – n’a toutefois pas été suivi de vraie séance d’entraînement, puisque celle du mardi n’a jamais pu débuter. « Il paraît que vous êtes fatigués, vous pouvez y aller, repos aujourd’hui », aurait clamé l’entraîneur italien selon les informations de L’Équipe. Sur les nerfs après des révélations de Jérôme Rothen sur les antennes de RMC annonçant déjà une fracture entre le groupe et le staff, l’ancien défenseur du club est parti à la chasse d’une taupe. Celle-ci semble perdue d’avance face à des joueurs qui ont perdu le goût de l’effort depuis de longues saisons. Après avoir eu raison de Peter Bosz et de Laurent Blanc, pour ne pas remonter à Bruno Genesio et Rudi Garcia qui connaissaient aussi bon nombre de détracteurs, l’air rhodanien pourrait rapidement devenir irrespirable pour Fabio Grosso.
Son tort ? Se montrer intransigeant. Cela passe par une préparation physique improvisée pendant la trêve internationale visant à rattraper le retard accumulé l’été dernier, de nombreux jeux sans ballon à l’entraînement et des sanctions parfois extrêmes. Comme vendredi lorsque le champion du monde argentin Nicolás Tagliafico a profité de son jour de congé pour se rendre au Stade de France afin de voir ses compatriotes rugbymen se faire rosser par les All Blacks. En plus de devoir digérer la lourde défaite des siens, le latéral gauche a été privé de match contre Clermont par Fabio Grosso et sa poigne de fer. Avec un seul petit point pris sur douze possibles, les premiers pas de l’Italien ne sont pas à la hauteur de son autorité. Trois schémas différents ont été utilisés, et si ses choix sont forts (Rayan Cherki et Corentin Tolisso sur le banc, titularisation de Mahamadou Diawara), ils ne se révèlent pas encore payants.
Un déni inquiétant
« Le gang des Lyonnais » ne semble, cette fois, pas à l’origine de la fronde alors qu’Alexandre Lacazette puis Corentin Tolisso ont tour à tour invité l’ensemble de l’effectif à un repas. Mais ni l’avant-centre, ni le milieu, ni leur ami Anthony Lopes dans les buts n’ont les capacités de remettre l’OL sur les bons rails. Si le club en est là aujourd’hui, c’est aussi (surtout ?) à cause de ce groupe, très loin du niveau où on l’attendait. En plus des cadres à côté de leurs pompes, les recrues n’apparaissent pas encore comme des bonnes pioches. Duje Ćaleta-Car, Ainsley Maitland-Niles, Paul Akouokou, voire Ernest Nuamah s’inscrivent dans la lignée de l’ensemble des Lyonnais depuis plusieurs saisons.
C’est cette même baisse de régime qui a été remarquée du côté de Bordeaux ou Saint-Étienne ces dernières saisons. « Ça n’arrive pas qu’aux autres », soufflait Maxime Gonalons, ancien capitaine des Gones aujourd’hui à Clermont, qui nous racontait aussi mi-septembre que l’OL avait « perdu son âme ». Visiblement plus inquiet que les dirigeants de son club formateur, le milieu de terrain contrastait avec le sourire méprisant de John Textor en zone mixte ou celui, plus naïf, de Jeffinho en conférence de presse vendredi qui annonçait encore penser… à la Ligue des champions. S’il persiste, ce déni peut s’avérer très dangereux face à des clubs qui sont, eux, taillés pour jouer le maintien et conscients de l’urgence de la situation. Pour l’heure, Duje Ćaleta-Car, Ainsley Maitland-Niles et Mama Baldé s’avancent comme experts du genre avec Southampton pour les deux premiers, Dijon et Troyes pour le dernier. Seul couac : ils ont tous été relégués.
Par Enzo Leanni