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À l’OL, le spectre du déclassement
La DNCG a pris des sanctions préventives contre l'OL, ce mardi. L'ère John Textor débute dans un certain flou et sans grandes garanties, laissant planer la menace d'un déclassement de plus en plus important en Ligue 1.
L’ère John Textor aurait pu débuter sur des bases plus saines et plus sereines à l’OL. Il n’y avait pas eu de miracle sur le terrain en fin de saison, avec une ultime défaite contre Nice (3-1) et une 7e place au classement, synonyme de non-qualification en Coupe d’Europe, encore une fois. Il n’y en a pas eu non plus au niveau des finances. Ce mardi, la DNCG a annoncé la couleur, après avoir laissé un délai aux dirigeants rhodaniens pour convaincre le gendarme financier du football français. « Olympique lyonnais : Encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutations », pouvait-on lire sur le site de la LFP. Réponse des Gones dans la foulée : « L’Olympique lyonnais a pris note de la décision rendue par la DNCG ce 4 juillet et envisage de faire appel. L’OL regrette que certains éléments factuels, y compris des engagements financiers, fournis par l’actionnaire et ses partenaires, n’aient pas été pris en considération par la DNCG. » Des paroles ne sont pas des preuves aux yeux de l’instance de contrôle, dont la rigueur et la sévérité ont peut-être surpris le nouveau boss américain. Ce n’est pas la promesse d’un mercato déjà raté à Lyon, mais le spectre du déclassement plane plus que jamais sur le club phare des années 2000 en France.
Réaction de l’Olympique Lyonnais à la décision de la DNCG
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— Olympique Lyonnais (@OL) July 4, 2023
L‘OL sous surveillance
Dans son édition de mardi, L’Équipe raconte les coulisses des échanges entre l’OL et la DNCG ces dernières semaines, mettant notamment en avant la confiance totale de John Textor, pas vraiment sensible aux règles imposées par l’instance. L’homme d’affaires américain, devenu actionnaire majoritaire du club via sa holding Eagle Football, va devoir injecter de l’argent frais pour rassurer la DNCG et éventuellement faire lever la sanction en commission d’appel. Rien n’est cependant gagné d’avance pour les Gones. Cette nouvelle saison sans compétition européenne pourrait être problématique. L’impact de l’absence de participation à une Coupe d’Europe la saison dernière avait été estimé à environ 15 millions d’euros sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) sur le premier semestre de l’exercice 2022-2023, selon le communiqué de presse transmis par OL Groupe à l’époque. En outre, la première ébauche du budget pour la saison 2023-2024, dessinée par Jean-Michel Aulas, prévoyait 70 millions d’euros de vente, précise également L’Équipe.
Tout cela s’inscrit dans un contexte économique déjà très compliqué. Au 31 décembre 2022, l’endettement net de trésorerie, comprenant les créances et dettes nettes sur les contrats joueurs, s’élevait à 321,1 millions d’euros, soit un très léger recul de 3% en l’espace de six mois. Il faudra du temps et de l’argent pour l’éponger et rentrer dans les objectifs : une dette inférieure à 180 millions d’euros à l’horizon 2025-2026. Dans l’esprit du très optimiste Textor, cela ne doit pas être insurmontable. Mais le dirigeant lyonnais a eu un avant-goût de ce qui pourrait se passer en cas de mauvaise gestion dans les mois à venir. En attendant plus de détails de la part de la DNCG, celle-ci va surveiller de près les opérations rhodaniennes pendant ce mercato estival. L’arrivée d’un joueur pourrait ainsi être refusée s’il n’entrait pas dans les clous du budget, en matière d’indemnité de transfert comme de salaire. Comme l’explique L’Équipe, ce n’est pour l’instant pas un blocage, mais une mesure de contrôle préventive. Un encadrement qui n’avait par exemple pas empêché l’OM d’être actif sur le marché des transferts à l’aube de la saison 2021-2022. Oui, mais ces péripéties confirment aussi le déclin de l’Olympique lyonnais, à tous les niveaux.
Rêver moins grand
La fin de l’ère Aulas était inéluctable, mais elle s’accompagne d’inévitables inquiétudes quant au nouveau projet mené par John Textor. Le déclassement de Lyon a commencé depuis un moment, bien sûr, puisqu’il faut rappeler que l’on parle d’un club qui n’a connu que deux qualifications européennes sur les cinq dernières années (3e, 7e, 4e, 8e, 7e). Dans cet état, il est de moins en moins aisé pour l’OL d’attirer des joueurs de standing. Le rêve de Christian Pulisic, dévoilé par L’Équipe, fait face à deux obstacles : le souhait de l’international américain, plus tenté par le Milan, et les limites imposées par la DNCG. Les supporters lyonnais doivent pour l’instant se consoler avec deux autres noms : Skelly Alvero, très jeune milieu de Sochaux, et Clinton Mata, latéral droit venu du Club Bruges, attendus à Lyon dans les prochaines heures selon le quotidien. Ce sont peut-être de bonnes idées, mais ça ne fait pas rêver, comme Jeffinho, Johann Lepenant et d’autres avant eux, et ça ne correspond pas aux ambitions que l’on imaginerait pour un club comme Lyon. Ce dernier n’a plus les moyens d’aller chercher les meilleurs joueurs du championnat, même si sa réputation reste importante, entre son passé, son nom et sa demi-finale de Ligue des champions en 2020. Aujourd’hui, il reste les pépites du centre de formation et la fidélité d’Alexandre Lacazette, qui aurait pu mériter mieux sportivement, pour mettre quelques étoiles dans les yeux des amoureux de l’OL, sans que ces derniers ne puissent vraiment savoir de quoi demain sera fait.
Par Clément Gavard