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À l’OL, la guerre de succession
Depuis quelques semaines, la nouvelle équipe dirigeante de l'OL doit faire avec les restrictions imposées par la DNCG, et les petits commentaires pernicieux de Jean-Michel Aulas.
C’est le défaut de beaucoup de parents : ils n’arrivent pas à couper le cordon. Depuis quelques semaines, Jean-Michel Aulas se montre très acerbe envers la nouvelle direction de l’OL, récemment sanctionnée par la DNCG de l’encadrement de sa masse salariale et de son budget dédié aux transferts. Après avoir vendu son club à John Textor et à sa société Eagle Football en décembre dernier, le boss historique des Gones devait garder la présidence encore trois ans. Toutefois, le 5 mai, JMA a dû faire ses valises et quitter son bureau, lourdé probablement pour une différence de vision trop importante avec les nouveaux propriétaires. Ces divergences sont de moins en moins mystérieuses en cette fin de mois de juillet. L’Équipe a notamment révélé le plan validé à la fin de l’année 2022 par la DNCG et imaginé par Aulas, promettant, entre autres, les ventes de Malo Gusto, pas encore sur les tablettes de Chelsea, de Castello Lukeba, ou celle de Karl Toko Ekambi, évalué alors à 20 millions d’euros par le board lyonnais. La DNCG, qui se base sur Transfermarkt, n’a pas vu d’estimations farfelues de la part du club, qui promettait donc de vendre pour 112 millions d’euros.
Sauf que John Textor n’a visiblement pas les mêmes intentions. L’Américain a décidé d’écarter cette éventualité de vendre ses meilleurs jeunes joueurs, comme son défenseur central, dont le transfert à Leipzig semble compromis. « John Textor l’a dit lui-même dès le mois d’avril, “faire toujours la même chose en espérant à chaque fois un résultat différent, c’est le début de la folie” », a expliqué ce mercredi Santiago Cucci, le nouveau président exécutif de l’OL, dans une interview pour L’Équipe. Si Textor semble connaître ses classiques d’Albert Einstein, il commence aussi à connaître le comportement de la DNCG, qui semble plus se fier aux valeurs de Transfermarkt qu’à la très probable vente d’OL Reign, la franchise américaine de foot féminin détenue par les Lyonnais, pour 50 millions d’euros. Le gendarme financier n’a pas goûté ce changement de politique et a réclamé à l’Américain d’injecter 60 millions d’euros dans les finances du club. Ce qu’il a fait à moitié, puisqu’il a viré la somme demandée sur le compte d’une prestigieuse banque brésilienne. « Durant une période d’OPA, vous êtes contraints, vous ne pouvez pas faire d’augmentation de capital. Il existait d’autres solutions, mais les délais étaient trop courts », a détaillé Santiago Cucci.
La DNCG a donc maintenu sa première sanction, et aurait même pu aller jusqu’à reléguer le club en Ligue 2 selon L’Équipe, mais a préféré laisser du temps au nouveau propriétaire. Dans le quotidien, JMA s’était presque moqué de son successeur au moment de la confirmation de la punition : « Je n’ai jamais été inquiété par la DNCG. Je n’ai jamais eu un quelconque problème en 35 ans de présidence. Jusqu’ici, la DNCG nous a toujours félicités pour notre gestion. » Le lendemain, dans La Tribune, il ressortait la sulfateuse, en expliquant que Textor n’était pas son premier choix. « Je reçois six offres sélectionnées par la banque américaine Raine. J’en choisis une, celle de Foster Gillett, qui n’est pas celle qui sera retenue. On me fait comprendre que la banque en préfère une autre. Initialement, je n’aurais pas tout vendu, peut-être même que je n’aurais pas vendu du tout », racontait-il. Une version légèrement différente de celle qu’il narre dans son autobiographie Chaque jour se réinventer (éditions Stock), où il disait avoir accepté la décision de Thomas Riboud-Seydoux, qui représentait alors Pathé au conseil d’administration, d’imposer Textor.
L’OL n’a répondu à ces attaques que ce mercredi, par le biais de Cucci dans les colonnes de L’Équipe : « Il a été en charge du club jusqu’à début mai. Même si nous avons changé notre approche, nous devons faire avec ce qu’il nous a laissé et être malins pour construire à partir de cela. Nous avons les coudées franches seulement depuis début mai. » Forcément, Aulas, actuellement en Australie avec les Bleues, ne pouvait pas louper cette occasion d’envoyer un tweet à la ponctuation alambiquée : « Un petit peu de respect SVP : 76 titres avec les équipes de notre Olympique lyonnais. J’adorerais vous aider car avec 9% du capital je reste le 2e actionnaire du Groupe côté OL Groupe et j’ai encore plus que quiconque intérêt à ce que les résultats soient très bons : Allez l’OL. » Avec cette ambiance, la canicule ne frappera pas le Groupama Stadium cet été.
@OL @OLfeminin : un petit peu de respect svp:76 titres avec les équipes de notre Olympique Lyonnais.J’adorerais vous aider car avec 9% du capital je reste le 2 ème actionnaire du Groupe côté OLG et j’ai encore+que quiconque intérêt à ce que les résultats très bons:Allez l’OL❤️💙 pic.twitter.com/3CQxmsmhT4
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) July 26, 2023
Par Léo Tourbe