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À Lens, ce jeudi, c’est l’école buissonnière
Se préparant à un afflux massif de supporters anglais et gallois cet après-midi dans la ville de Lens, et craignant notamment des problèmes de circulation, le rectorat de Lille a décidé de fermer tous les établissements scolaires de la ville. Une aubaine pour les jeunes fans de football lensois. Et pour tous les autres aussi.
Ce jeudi, Maxime, jeune garçon de 11 ans scolarisé à Lens, n’a pas école. De fait, des écoliers aux collégiens en passant par les lycéens et les étudiants, tous les élèves lensois pourront s’offrir une grâce matinée ce jeudi 16 juin. Un petit privilège qu’ils doivent à l’Euro de football. Avec le match Angleterre-Pays de Galles programmé aujourd’hui à 15 heures dans le royaume de Tony Vairelles, le rectorat de Lille a en effet opté pour la fermeture exceptionnelle de tous les établissements scolaires de la ville. Où quand le foot fait une fleur à la jeunesse.
Une marée humaine déferle sur Lens
« Ce n’est pas quelque chose de commun, explique Jean-Yves Bessol, l’inspecteur d’académie du Pas-de-Calais.
C’est une situation tout à fait exceptionnelle et dérogatoire. La décision a dû être prise il y a environ deux mois, d’abord à la demande de la ville de Lens elle-même, puis ensuite tout cela a été discuté et acté au niveau du rectorat. » Au premier abord, il ne faut pas voir dans cette décision le spectre de la violence qui touche malheureusement certaines ville-hôtes depuis le début de la compétition. « Cette fermeture n’est aucunement liée à une crainte particulière et on espère que tout se passera dans le calme et la bonne humeur, tient-il à préciser. C’est avant tout une question de facilité organisationnelle, puisque ce match se déroule à 15h et qu’il va drainer un nombre très important de supporters. Les services de police nous ont parlé d’un chiffre proche des 90 000 supporters, ce qui est loin d’être négligeable. Et on peut raisonnablement penser que si le match débute à 15 heures, les supporters anglais et gallois occuperont les rues dès le matin. » Pas besoin d’être devin en effet pour prédire que des milliers de supporters britanniques prendront leurs quartiers dans les rues de Lens dès les premières heures de la journée, que ce soit pour entamer un apéro matinal, se payer une fricadelle sauce Dallas ou flâner dans les rues du centre-ville en attendant l’heure fatidique.
Pourtant, ce rituel n’est pas propre aux Anglais et aux Gallois, et toutes les villes qui accueillent des matchs de l’Euro connaissent bien ce scénario.
De plus, il n’y a pas qu’à Lens que des rencontres se déroulent à 15 heures. Alors pourquoi diable les jeunes Lensois seraient-ils les seuls à pouvoir profiter d’un jour férié supplémentaire grâce (ou à cause, c’est selon) à l’Euro 2016 ? Parce qu’à la différence de Paris, Marseille, Lille ou Lyon, Lens fait plus office de « petite ville » que de mégalopole. Et accueillir une marée humaine de supporters risque effectivement d’encombrer les axes routiers de la ville et perturber la routine de ses habitants. Monsieur l’inspecteur déroule son explication : « On a décidé de fermer les établissements scolaires puisqu’on craignait qu’il y ait un problème d’accessibilité pour les parents qui doivent récupérer leurs enfants à la fin de la journée. D’autant que nous avons une école située juste à côté du stade Bollaert. »
« Il va pouvoir regarder le match tranquille avec maman ! »
Jointe mardi soir par téléphone, Nathalie, la maman de Maxime, ne connaissait pas les raisons précises de cette fermeture exceptionnelle.
« On a commencé à avoir l’info au mois d’avril il me semble. À ce moment-là, on entendait des rumeurs sur la fermeture des écoles pendant les matchs de l’Euro à Bollaert, mais ce n’était pas encore sûr et on ne savait pas pour quels matchs cela serait mis en place. Ensuite, il y a eu une communication officielle du collège début mai. Sur l’intranet il était simplement écrit : « En raison des matchs de l’Euro se déroulant à Lens, les enfants n’auront pas cours le 16 juin 2016. » »
Nathalie prend toutefois cette mesure avec philosophie. « Ça me paraît normal vu que les enfants finissent les cours vers 16h45, donc pile à la fin du match. Je crois avoir entendu qu’on attendait environ 50 000 Anglais. Ne serait-ce déjà qu’en matière de circulation, en plein centre de Lens, ça va être une catastrophe ! (rires) » Pour pouvoir s’occuper de Maxime, cette fidèle supportrice du RC Lens et de la tribune « Marek » a déjà tout prévu. « J’ai posé ma journée pour m’occuper de lui. Il n’y avait pas d’autres solutions puisque tout sera complètement fermé. Et lui, il est bien content du coup, il va pouvoir regarder le match tranquille avec maman ! » Veinard.
Débordement, deuxième acte et horloge
Et les autres parents, qu’en pensent-ils ?
« Toutes les mamans que j’ai rencontrées sont surtout rassurées, raconte-t-elle. Après, il y a des questions d’organisation pour garder les enfants, mais au final, je pense que tout le monde est satisfait de savoir qu’ils ne seront pas dans le centre-ville à ce moment-là. Honnêtement, sans aller jusqu’à parler de peur, avec ce qu’on a pu voir ces derniers jours, on est bien contents de pouvoir rester à la maison avec nos enfants. » Les événements récents en marge des rencontres Angleterre-Russie, à Marseille, et dans une moindre mesure Pologne-Irlande du Nord, à Nice, peuvent en effet laisser craindre de nouveaux débordements du côté de Lens ce jeudi. Un risque d’autant plus élevé qu’après les violentes rixes entre Russes et Anglais dans la cité phocéenne, un deuxième acte n’est pas à exclure aux abords du stade Bollaert.
Une crainte qui a traversé l’esprit de Nathalie : « J’aime beaucoup les Anglais, attention, et je suis fan du championnat d’Angleterre, mais je me dis qu’on n’est jamais à l’abri d’un débordement et ça, je me le disais déjà avant les événements de ce week-end. Donc là, quand je vois ce qui s’est passé à Marseille, je suis bien contente que les écoles ne soient pas ouvertes. » Maxime, lui, n’aura aucune crainte à avoir. Au coup d’envoi d’Angleterre-Pays de Galles, il sera tranquillement affalé dans son canapé quand la majorité des élèves de France, eux, loucheront encore sur l’horloge en rêvant d’entendre la cloche sonner.
Par Aymeric Le Gall