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À l’école des jeunes footballeurs

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À l’école des jeunes footballeurs

Chaque année, les centres de formation des clubs de toute la France ouvrent leurs portes à des centaines de jeunes footballeurs. S'ils sont avant tout connus pour être de grandes écoles de football, ces centres de formation ont aussi le devoir d'assurer à leurs pensionnaires une scolarité exemplaire.

Dans l’imaginaire collectif, le sportif de haut niveau, et plus particulièrement le footballeur professionnel, est un athlète exceptionnel, mais dénué de toute intelligence autre que celle liée à son sport. Les clichés fusent plus vite encore que la réalité : untel est bête, untel ne sait pas parler français, quand l’autre ne sait pas compter. C’est qu’il a bon dos le footballeur décérébré et grassement payé ! D’ailleurs, on n’hésite pas à pointer du doigt les centres de formation qui arracheraient les gamins pour en faire des machines à jouer au football, et a fortiori à fric. Pourtant, et ce, depuis très longtemps, tous les centres de formation œuvrent pour que leurs pensionnaires reçoivent une éducation de bon niveau. Aussi pour que ces derniers ne se retrouvent pas dépourvus de diplômes, notamment en cas de décrochage brutal avec le monde du football. Un investissement dans la scolarité qui paye aujourd’hui. Malgré les rumeurs colportées et les on-dit, le taux de réussite au bac des élèves des centres à tendance à être plus élevé que la moyenne nationale. Une réussite qui n’étonne personne du côté de Troyes ou Lorient.

Un système pensé pour la réussite

Quand de jeunes pépites intègrent le centre de formation de l’ESTAC, dans l’Aube, elles sont scolarisées au collège Marie Curie, à quelques pas du centre. Dans cet établissement, dont Monsieur Paperin est proviseur adjoint, pas question de musarder. Si les emplois du temps sont adaptés pour que les jeunes footballeurs puissent quitter le collège pour se rendre aux entraînements, ils n’en sont pas pour autant privilégiés. En début d’année, les sportifs sont répartis dans plusieurs classes. « Nous avons toujours en tête un souci d’hétérogénéité des niveaux et des comportements, pour atteindre un certain équilibre qui est primordial pour que notre collège fonctionne correctement » , explique M. Paperin. De la sixième à la troisième, les footballeurs reçoivent exactement le même enseignement que les autres élèves grâce à un emploi du temps aménagé, et ils ont le même objectif : l’obtention du brevet et le passage au lycée. Un objectif bel et bien ancré au premier plan à l’ESTAC : « Tous n’intègrent pas le centre dès la sixième, il arrive que certains ne soient pas au niveau et qu’on demande aux parents d’attendre la cinquième, par exemple. On est très attentifs à cela. On ne veut pas envoyer le gamin dans le mur » , détaille le principal adjoint, soucieux de la réussite de ses élèves.
À l’école des Merlus, lycée labellisé établissement d’accueil pour sportifs de haut niveau, les élèves sont là aussi suivis de près. « Nous aménageons les horaires de cours des élèves. Ils ont en effet entraînement entre 10h et midi et éventuellement le soir après 16h. Les élèves sont de trois à onze dans une classe » , rapporte madame Béatrice Masson, coordinatrice de scolarité. En petit groupe, les footballeurs sont donc suivis jusqu’à l’obtention de leur baccalauréat. « Ici, beaucoup passent des bacs S ou ES » , explique Mme Masson. D’ailleurs, l’école des Merlus ne se limite pas à l’obtention du précieux sésame qu’est le bac. À Lorient, les footballeurs peuvent même pousser un peu plus loin en allant décrocher un BTS Management des unités commerciales, en deux ans. « Notre première idée est d’optimiser le potentiel scolaire de l’élève en plus d’une pratique sportive de haut niveau. Auparavant, nous avions des difficultés à concilier football et école avec les trajets et l’aménagement des horaires. Aujourd’hui, les élèves sont dans de très bonnes conditions grâce à des effectifs réduits et une équipe de professeurs bien intégrée dans le projet » , explique fièrement Régis Le Bris, directeur du centre de formation des Merlus, sur le site officiel du FC Lorient.

Un accompagnement quotidien

Pour que les jeunes sportifs prennent conscience de l’importance que revêt leur scolarité alors même qu’ils rêvent de devenir professionnels, les centres de formation couplés aux établissements d’accueil les suivent au quotidien. L’assiduité et le comportement des élèves sont deux points sur lesquels les éducateurs sont bien souvent intransigeants. Au moindre écart, l’élève peut être sanctionné sportivement. « Bien évidemment, l’investissement scolaire et l’investissement sportif sont liés, ils vont de pair. Les entraîneurs participent aux conseils de classe et ils sont tenus au courant régulièrement de ce qu’il se passe au collège. On rencontre fréquemment les entraîneurs. Il y a un accompagnement double et assez rapproché » , explique M. Paperin, depuis le collège Marie Curie de Troyes. Toutefois, il ne s’agit pas de sanctionner pour sanctionner. « Jamais on ne sanctionnera un élève par rapport à ses résultats si on sait qu’il y a du travail derrière, ce n’est pas le but ! On ne punit qu’en cas de décrochage avéré » , rapporte Béatrice Masson. « Il y a des élèves qui sont mûrs pour tout concilier. D’autres le sont moins. Et c’est là qu’on doit être attentifs et à l’écoute » , confie M. Paperin.
Loin de n’être occupés que par le football, les jeunes garçons et les jeunes filles pensionnaires de centres de formation doivent faire face à des journées parfois très chargées, et ce, dès le plus jeune âge. « Un élève qui est aujourd’hui en 4e avait eu quelques problèmes de comportement plus jeune. Il nous expliquait que pour lui, la pression des cours, ajoutée à la pression des entraînements et à l’éloignement de sa famille, était très difficile à supporter et lui faisait « péter des plombs ». C’est dur pour des enfants si jeunes ! » , éclaire le principal adjoint du collège troyen. Les cours, les entraînements, les devoirs à la maison… Autant de sources de pression avec lesquelles les enfants doivent apprendre à jongler sans jamais perdre l’équilibre. D’où l’importance d’un suivi très rapproché. « Ce sont des compétiteurs, donc ils ont envie de réussir. Le mental est important à leur niveau. Il y a beaucoup de similitudes entre le football et les études » , argue Béatrice Masson, de l’école des Merlus.

Des problèmes et des solutions

Loin de défendre l’idée d’un système de scolarité infaillible, M. Paperin appuie en revanche les efforts déployés pour tendre vers un idéal : « Avant, les jeunes footballeurs étaient tous ensemble dans la même classe, mais ça nous posait quelques soucis, alors maintenant, on a décidé de les éclater dans des classes différentes. » Avec une fervente volonté de ne pas laisser tomber les jeunes sportifs dans un monde parallèle. Ce qui est parfois compliqué, comme le reconnaît M. Paperin : « On a eu quelques problèmes dans le passé. Les élèves de l’ESTAC étaient souvent en groupe, en clan. Pour eux, ils étaient un petit peu des dieux. On avait du mal quelques fois à les ramener à la réalité. Ils étaient parfois pédants et hautains avec leurs camarades de classe, donc ça générait des conflits. On a eu des conseils de discipline il y a deux ans : un groupe de l’ESTAC s’était pris la tête avec d’autres élèves. »
Mais chaque problème a sa solution : « On leur demande d’avoir un esprit sportif justement. On fait tout pour qu’ils fassent preuve de respect, comme sur le terrain. » Ainsi, les exploits sportifs ne sont en aucun cas gage d’immunité : « Si un élève n’est pas assez investi à l’école, il sera sanctionné sportivement. Il sera privé d’un entraînement, de deux ou de plusieurs autres. Si les problèmes persistent, il arrive même que certains jeunes soient exclus du centre de formation et du collège. » Le rêve de devenir footballeur professionnel n’est heureusement pas toujours un frein aux motivations scolaires. Au contraire même : « C’est parfois une chance unique pour des joueurs qui sont en difficulté scolaire. On peut les remettre dans le système scolaire en leur expliquant que s’ils ne travaillent pas bien, ils ne joueront plus au football. C’est une carotte pour les faire avancer. » Et un cordon de sécurité pour ceux qui ne parviendront pas à fouler les pelouses au plus haut niveau : « On privilégie les études, bien évidemment. Si ces jeunes-là ne peuvent pas poursuivre dans le monde du football, ils peuvent au moins se réorienter efficacement. On est très attentifs à ce que l’orientation soit bien pensée, bien réfléchie. » Des conseils d’orientation dont certains auraient bien besoin, une fois passés professionnels.

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