- C1
- Gr. H
- Ajax-Lille
À la sauce Araujo
Barré par Nicolas Pépé la saison dernière, Luiz Araujo, arrivé au LOSC lors de l’été 2017, vit un début de saison positif et a notamment brillé vendredi face à Angers. Parfait : Christophe Galtier veut enfin le faire décoller.
Les gens du Nord s’en souviennent encore, c’était il y a plus de deux ans, et tout avait été mis en place pour qu’ils en aient plein les papilles. Comment pouvait-il en être autrement ? Tout allait très vite pour ce môme, né à 300 kilomètres au nord-ouest de São Paulo, à Taquaritinga, entre des parents cueilleurs d’oranges, deux frères et une sœur, et débarqué dans le foot pro grâce à un profil à l’ancienne : celui d’un ailier suceur de lignes blanches. Si bien que dans la bouche de Marc Ingla, le directeur général du LOSC, Luiz Araujo a toujours été un talent « rare » . Suffisant pour exploser les ampoules de la Ligue 1 ? Non, évidemment, mais suffisant pour voir les dirigeants lillois signer un chèque de plus de dix millions d’euros lors de l’été 2017. Pourquoi ? Parce qu’Araujo, à cette époque, au-delà des promesses, sortait d’une saison de crack avec les U20 de São Paulo et qu’il représentait un joyau à polir. Ainsi, le projet Luiz Araujo venait de naître et tout le monde s’était mis d’accord sur le sujet façon Jacques Prévert : mesdames, messieurs, vous allez voir ce que vous allez voir. Et on a vu.
Apprendre à tuer
On a vu le gosse débarquer en France à la manière d’un guerrier maigrichon, avec une voix mezza-voce, histoire de pouvoir respirer tranquille. Impossible : quand on a un tel chèque au-dessus du crâne à 21 ans, on ne peut être tranquille, il faut tuer. Ça, Araujo se l’est promis depuis le début, notamment depuis une adolescence où ses parents ont accepté de changer de boulot – le père est devenu chauffeur-livreur, la mère s’est décidée à rester au foyer – afin de le soutenir dans son rêve de devenir footballeur pro. Facile à dire, moins facile à faire, surtout dans un LOSC en vrac, où tout le monde tirait partout et nulle part, et où il aura fallu attendre l’arrivée de Christophe Galtier pour retrouver du calme et de l’unité. Araujo était la recrue la plus chère du club ? Et alors ? Galtier a pris l’ailier et l’a fait regarder du banc, avant de progressivement le relancer. Une date : le 18 février 2018. Et un match : Lille-Lyon, 26e journée de Ligue 1. Une rencontre qu’Araujo commence une nouvelle fois sur une banquette avant d’en sortir, à la demi-heure de jeu, pour remplacer Anwar El Ghazi alors que les Nordistes sont déjà menés 0-1. À la pause, la note a grimpé, 0-2. Parfait : Luiz Araujo revient des vestiaires et va retourner le scénario (2-2) grâce à une passe décisive et un but. Quelque chose vient de tourner. Galtier, après la rencontre : « Qu’il continue, qu’il ne lâche rien. Il y a une semaine, il n’était pas sur la feuille de match. Pourquoi ? Parce que pour espérer y être, il faut être exemplaire, avoir envie de mourir sur le terrain et à l’entraînement. Il a eu le mérite de réagir. » Et d’apprendre.
« Je veux qu’il mette la panique »
Même endroit, mêmes hommes et dix-neuf mois de passés. Ah, et un Nicolas Pépé, surtout, qui aura bouché, par son explosion définitive la saison dernière, celle d’un Araujo qui semblait arriver à pic sur l’exercice 2018-2019. « Je sais que je ne lui ai pas donné beaucoup de choses jusqu’ici » , s’est excusé vendredi soir Christophe Galtier, quelques minutes après un Lille-Angers (2-1) qui représentait la première titularisation de la saison de Luiz Araujo. Résultat ? L’intéressé a rentré une prestation XXL, avalé toute la défense du SCO sur le premier but du LOSC et inscrit le but décisif – son neuvième en Ligue 1 – au retour des vestiaires. Et Galtier l’assure : cette fois, le projet semble bien être à un tournant. « C’est le moment pour lui de s’exprimer. Luiz, c’est un affectif, il a besoin de chaleur, mais il a gagné en maturité. L’équipe a besoin de lui, j’ai besoin de lui, on a tous besoin de lui. Je veux qu’il me pose des problèmes, je n’attends que ça de sa part : qu’il mette la panique dans la hiérarchie. Ce soir, il a saisi une opportunité. » Et il pourrait même avoir gagné sa place pour affronter l’Ajax, mardi soir, à Amsterdam, où les Nordistes commencent leur campagne européenne alors que Yusuf Yazici doit encore parfaire son intégration au LOSC. Comme souvent, on se dit que l’heure d’Araujo arrive et comment peut-il en être autrement ? Les papilles sont prêtes.
Par Maxime Brigand