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À la santé de Sané
Finalement très vite revenu de sa blessure subie à Cardiff fin janvier, Leroy Sané a fait trembler Pep Guardiola, qui redoutait une absence plus longue. Car l'Allemand, dont la qualité du profil semble unique en Europe, est fondamental dans le système tactique dessiné par l’entraîneur de Manchester City. Qui comptera sur son ailier gauche pour déséquilibrer Arsenal en finale de League Cup.
Tel un lapin touché en pleine course essayant de semer son prédateur, Leroy Sané s’écroule. Victime d’un coup de fusil dans la forêt de Cardiff, ses oreilles hurlent et son corps agonise, la souffrance se lisant facilement sur son visage. Joe Bennett, le chasseur, vient de flinguer sa proie à bout portant, visant précisément le tibia gauche du pauvre lièvre, qui brillait jusque-là par ses danses chaloupées. Le voyant ainsi au sol, son maître Pep Guardiola peine à recoller son cœur fendu. « J’ai déjà dit et répété à plusieurs reprises que la seule mission des arbitres est de protéger les joueurs, réagira-t-il quelques instants après en conférence de presse. Je peux accepter qu’on nous refuse un but, je ne comprends pas pourquoi, mais je l’accepte. Mais, de grâce, protégez les joueurs, pas seulement ceux de Manchester City, mais tous les joueurs. » Refroidi à l’idée de préparer ses rillettes, le bourreau regrettera quant à lui son geste sur Twitter alors que la durée d’indisponibilité de sa victime semble devoir se compter en mois : « Je veux seulement m’excuser auprès de Leroy Sané pour mon tacle d’aujourd’hui. J’ai essayé de stopper la contre-attaque et j’ai complètement raté ma tentative. Je ne voulais pas l’accrocher comme je l’ai fait, j’espère que ce n’est pas grave et qu’il va vite se rétablir. »
Coup de bol pour le trio Guardiola-Sané-Bennett : trois semaines après ce Cardiff-Manchester City disputé le 27 janvier (0-2 en FA Cup), Leroy est déjà prêt à récupérer son trône et sa couronne dans le couloir gauche du 4-3-3 mancunien. Sur le terrain du FC Bâle, en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions (0-4), l’Allemand a donc fait son retour à l’heure de jeu, redonnant le smileà son entraîneur. C’est que depuis le début de la saison, son poulain pèse quand même onze buts et quatorze passes décisives toutes compétitions confondues. Plus jeune élément (22 ans) du onze type des Sky Blues, celui qui a coûté une cinquantaine de millions d’euros en août 2016 est loin de décevoir. Car au-delà des statistiques brutes, le nommé au titre 2017 de meilleur jeune joueur en Angleterre (finalement décerné à Dele Alli) joue un rôle essentiel dans le schéma tactique inventé par son entraîneur.
Énorme à gauche…
Au sein du 4-3-3 désormais parfaitement dessiné par Guardiola, l’ailier gauche apporte en effet un profil pratiquement incomparable en Europe. Si Kevin De Bruyne paraît bien être le facteur indispensable du large leader de Premier League, Sané en reste un élément fondamental. Sa responsabilité première ? Bouffer la ligne, multiplier les allers-retours grâce à une capacité impressionnante à répéter les efforts, apporter aussi bien offensivement que défensivement. Derrière lui, Fabian Delph, milieu récupérateur reconverti défenseur et pas hyper à l’aise quand il s’agit de déborder, rentre très souvent dans l’axe quand City a le ballon (contrairement à ce qui se passe à droite avec Kyle Walker). Comme la possession de Manchester est souvent très forte, le latéral a donc parfois besoin d’un coup de main pour combler les trous et anticiper le temps de replacement à la perte de balle. Son coéquipier, modèle de générosité, s’exécute. Sans pour autant perdre de sa lucidité quand il est de l’autre côté de la pelouse. Autrement dit, la zone de prédilection de l’ancien de Schalke 04 va du poteau de corner d’Ederson à celui du portier adverse. Constamment dangereux sur attaque placée ou en contre et rapide comme Raheem Sterling, son insouciance l’amène à tenter sa chance très régulièrement.
… Même quand il faut se recentrer
Mais ce qui est encore plus intéressant aux yeux de Guardiola, c’est que Sané peut s’adapter et alterner son jeu, offrant une certaine diversité lorsque le technicien le demande ou quand l’adversité le réclame. Il faut apporter de la densité offensive dans l’axe parce que les côtés sont bouchés ? Pas de problème. En témoignent ces propos de Ben Garner, ex-entraîneur adjoint d’un Tony Pulis complètement paumé contre Manchester quand il était encore sur le banc de West Bromwich Albion : « Si vous pensez avoir résolu un problème dans un endroit où ils sont en surnombre, ils s’ajustent soudainement et le surnombre apparaît ailleurs.(…)Nous les avons affrontés en League Cup et ils avaient fait évoluer Fabian Delph de la gauche vers une position plus centrale que nous le pensions. Nous avions un plan, donc Delph a commencé à rester sur le côté et ils ont fait revenir leurs ailiers pour jouer tout près de notre charnière centrale. » Plus décisif, mais moins travailleur, Sterling ne dispose pas des qualités pour proposer autant de variété.
Et niveau discipline, alors ? Là aussi, rien à dire sur le comportement du garçon. Jamais un mot de trop ne sort de la bouche de Sané. Qui préfère la fermer en travaillant et qui l’ouvre essentiellement pour remercier Guardiola : « Il m’a beaucoup fait progresser depuis le premier jour où je suis ici. Comment je dois jouer, comment je dois bouger, dans l’espace, quand je n’ai pas la balle, quand je l’ai… C’est assez impressionnant de voir comment il peut vous aider à progresser. » Modeste avec ça. Ne reste plus qu’à gagner son premier trophée en Angleterre en rendant une copie propre contre Arsenal en finale de League Cup, et la perfection sera proche.
Par Florian Cadu
Propos de LS et de BG tirés du Guardian et du Times