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À la rencontre des Crystal Girls…
Elles s'étaient fait connaître l'année dernière avec leur lipdub sexy chocolat sur Call Me Maybe. Cette saison, les membres des Crystal Girls continuent de régaler le public de Palace, qui végète dans les tréfonds de la Premier League. Escapade...
Posé à 15 bornes au sud de Piccadily Circus, voici Croydon. Dans ce qu’on appelle le Grand Londres, Croydon est une commune comme une autre. Selhurst Park, le vieux stade aux tribunes encore boisées, émerge dans un paysage essentiellement composé de maisons individuelles en briques. Situé sous le Main Stand de l’antre, le hall de réception du Crystal Palace Football Club. L’endroit est propret, les canapés moelleux. Jour de match. Les vieilles gloires et les membres du board défilent dans le lobby, deux heures avant la réception d’Everton. Tout le monde, ou presque, porte la poppy en boutonnière, Remembrance Day oblige. On se sèche les os encore meurtris par le proverbial crachin londonien devant QPR-Reading quand débarque une horde de gonzesses court vêtues, accaparant immédiatement tous les regards. Elles ne portent pas le coquelicot national, en ce week-end du 11 novembre. Leur tenue est trop exiguë pour y faire tenir la fleur.
18 filles, de 18 à 27 ans
Elles, ce sont les Crystal Girls, les pom-pom girls officielles du club de Premier League. Soit 18 filles agées de 18 à 27 ans qui, en juillet 2012, font le buzz sur Youtube avec un lipdub sexy réalisé sur Call me Maybe, le hit commercial de Carly Rae Jensen. Bikinis aux couleurs des Eagles, piercings au nombril et sourires mutins, les Crystals ne pouvaient que faire un carton sur la toile. La vidéo dépasse tranquillement les 2 millions de vues. Pourtant, ce succès ne manque pas de surprendre les principales intéressées : « On avait vu certaines vidéos virales, notamment celles des cheerleaders américaines, mais on ne pensait pas que ça allait fonctionner comme ça. Qu’il y ait des millions de vues, ça nous a vraiment surprises, on fait juste ça pour nous amuser » , confie Amy, la rousse de la bande.
À l’origine, le coup de pub est l’idée de Sharon Lacey. Cette grande brune est la responsable marketing du Crystal Palace Football Club. Elle est à l’origine de la création de la troupe en 2010 et sert également de manager aux filles. Lacey avoue, elle aussin avoir été surprise par l’ampleur du succès de ses pouliches, mais confie un but un peu moins candide. Celui de faire parler du club : « J’ai vu le succès d’un grand nombre de vidéos et je voulais faire connaître les Crystals. Donc j’ai décidé de les faire danser sur une chanson qui capturerait l’attention. » Mission accomplie. Les Crystals ont depuis récidivé avec le Gangnam Style et une interprétation ingénue de Glad All Over, l’hymne de Palace, pour fêter l’accession du club en Premier League.
« On est juste des filles normales »
Nina, Claire, Lulu, Natalie et Amie reçoivent en tenue de combat, minijupe, nombril à l’air, maquillage outrancier et Reebok classiques noires au pied. Un accoutrement qui ne manque pas d’attiser la convoitise des lads locaux. Un vieux supporter sacrément insistant vient titiller les filles. « Désolé, là, on est en train de faire quelque chose, mais on vient vous voir ensuite. On vous a dit qu’on étaient occupées ! » sermonne Lulu avec une moue dédaigneuse. « On a beaucoup de succès avec les fans, rigole Claire,c’est toujours bon enfant, les gens veulent juste prendre une photo avec nous. » Si les relations avec les fans sont très bonnes, les filles ne fréquentent pas les joueurs : « Franchement les mecs de l’équipe, on ne les connaît pas, on ne les croise jamais. Tu sais, on est juste des filles normales, on a une vie, un boulot à côté des Crystals » , rappelle Lulu. Elle est étudiante en école de commerce, Claire est danseuse professionnelle, Amie travaille au Sun.
D’ailleurs leurs shows à Selhurst Park ne leur permettent pas d’arrondir leurs fins de mois : « Mes filles ne sont pas payées. Pour moi, c’est très important qu’elles fassent cela parce que ça leur plaît. Je ne veux pas de filles qui soient là pour l’argent » , explique Sharon Lacey. Au vrai, les Crystals secouent les ponpons pour le plaisir, « on adore danser, on s’entraîne ensemble tous les dimanches pendant environ 3 heures, c’est assez intense » , rigole Natalie, qui confesse son addiction à la musique des Spice Girls. Pour le plaisir de danser, mais aussi pour celui de se retrouver entre copines : « Souvent, après les matchs, on va boire une pinte entre nous, on est devenues vraiment amies. Pour certaines d’entre nous, ça fait 4 ans qu’on danse ensemble. » Un hobby comme un autre donc, mais aussi une façon de soutenir un club dont elles sont de vraies fans. La plupart des Crystals sont originaires du Sud de Londres, elles allaient au stade avant d’être cheerleaders : « Mon meilleur souvenir des Eagles, c’est la victoire en finale de play-off en 1997 contre Sheffield à Wembley » , explique Amy.
Un calendrier pour Noël
Cette saison, malgré le soutien des Crystals, le club est bon dernier de Premier League. Qu’importe, à la mi-temps, les girlfriandises font leur entrée sur Seven Nation Army en marchant au pas, cette fois pas d’acrobatie, juste une petite chorégraphie sous la pluie et sans véritables applaudissements. Toute la tribune Glazers a préféré se rendre au bar pour siffler deux, trois pintes avant de retourner pester contre l’inefficacité chronique de Marouane Chamakh. Mais cela n’empêche pas les filles d’avoir de la suite dans les idées : « Pour Noël, on va faire un calendrier, on en a déjà fait un l’an passé, mais là, on compte vraiment faire un truc mieux. Pour les vidéos, on a des idées, mais on ne veut pas trop en parler, on préfère garder la surprise. Il faudra surveiller Youtube! » Dont acte.
Par Arthur Jeanne, à Croydon