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À la Legear

Par Adrien de Marneffe
À la Legear

Dans le panorama du football belge actuel, il y a bien entendu Vincent Kompany, le précoce Romelu Lukaku ou encore Eden Hazard, le virtuose. Mais pour faire le buzz, la vraie star c’est Jonathan Legear, l’exilé de Grozny.

Comme il le confiait encore récemment à la Dernière Heure, Jonathan Legear se plait en Tchétchénie, dans son club du Terek Grozny. Tel un déserteur des services secrets américains, le jeune homme est passé à l’Est et, à 25 ans, se dit rassuré: « Croiser trois militaires tous les cent mètres. Ça donne un sentiment de sécurité. Ce serait bien de faire la même chose en Belgique où on se sent de plus en plus en danger, je trouve. Cela aurait peut-être évité le drame de la place Saint-Lambert » . Il faut dire que l’ailier très à droite est presque familier avec les forces de l’ordre. Selon La Dernière Heure toujours, il a notamment été condamné à 15 jours de prison pour un délit de fuite sur le parking du Carré à Willebroek, célèbre boite de nuit du plat pays. Il récidive quelques jours plus tard.

Alors qu’il « fête » la perte du titre de son club d’Anderlecht face au rival ancestral du Standard, il percute une voiture. Hors de question de montrer ses papiers, Jonathan remonte dans sa BMW et s’en va encastrer un garage, quelques mètres plus loin… En refusant de se soumettre à l’alcotest que les agents de police lui imposent, l’ailier blond aura un procès. Legear, finalement inculpé, choisit de se défendre via les médias : « J’ai appelé mon avocat, Maître Deleu. Il a dit que c’était faux. Une peine de prison de 15 jours, cela n’existe même pas. Je reçois 500 euros d’amende et je me vois retirer mon permis pour un mois » , explique-il. Le résultat de ces dérapages répétés ? Sa courbe de popularité auprès des fans s’effondre. Il incarne le prototype même du footballeur actuel, avec son tempérament de girouette, vénal et spontané mais aussi rendu terriblement humain par sa sympathie, sa disponibilité et sa naïveté.

Une machine à « buzz »

Dans la vie comme sur son flanc droit, Jonathan Legear fonce sans se poser de question, tête baissée. A l’inverse d’un Balotelli, « Zonathan » , le blond au sympathique cheveu sur la langue et aux diverses facéties capillaires, fait l’unanimité… en dehors des prés. Une grande gueule, une propension à accumuler les perles dans les médias, sur les dance-floors et parfois même sur le terrain. Il était écrit qu’un talent aussi indiscutable qu’indiscuté ne pouvait éclore ailleurs qu’en Jupiler Pro League, baptisée au nom de la bière sacrée qui rince les gosiers des supporters belges au fil des saisons. Sa carrière commence dans les équipes de jeunes du Standard de Liège. Les perspectives de forcer les portes de l’équipe première à l’époque semblent compromises comme pour d’autres jeunes du club comme Kevin Mirallas, Sebastien Pocognoli ou encore Logan Bailly. A l’âge de 16 ans, il quitte le groupe liégeois pour étrenner le maillot de l’ennemi juré Anderlechtois. A 17 ans, il débute son premier match avec la vareuse mauve à … Sclessin, sur la pelouse du Standard de Liège, par une douce ironie du sort.

Intimidé par un public hostile qui le siffle copieusement, le jeune Legear ne touchera pratiquement pas le cuir mais la saga est lancée. Les saisons se suivent et se ressemblent pour lui. Des périodes fastes succèdent à de longs passages à vide et de nombreuses blessures. Jonathan aurait, surprise, une hygiène de vie particulièrement déplorable. Même s’il s’en défend : « Depuis mon accident de voiture, j’ai complètement changé. Je suis un être humain : si je veux aller boire un verre un jour, c’est normal. Cela ne m’empêche pas d’être beaucoup plus professionnel. Si j’ai encore une chose à améliorer, c’est mon alimentation : je ne suis pas quelqu’un qui regarde les étiquettes comme le font certains. À part ca, je ne dois rien changer » . Pas de quoi fouetter un chat au pays de la bière, des frites et du chocolat. Quand il n’est pas blessé, Jona affole les défenses belges et même celles d’Europa League où ses prestations ne laissent pas indifférent. Il y étale ses atouts, une bonne qualité de centre, une frappe sèche du pied droit, des dispositions intéressantes pour botter les phases arrêtées et une certaine vitesse de course. Avec 23 buts en 123 matchs sur ces 7 années passées dans la capitale, il se signale surtout par ses passes décisives. Mais son irrégularité freine son ascension. Il ne compte d’ailleurs encore aujourd’hui que deux sélections en équipe de Belgique…

« Vini, vidi, vici »

En 2008, il assassine Jules César une seconde fois. Il change les mots en vin et se fait tatouer par erreur « Vini, vidi, vici » sur l’avant bras au lieu de la célèbre assertion de l’empereur romain : « veni, vidi, vici » . La Belgique du foot se tord de rire. Jonathan fait le gros dos. « J ‘ai vérifié l’expression au moins vingt fois et je suis à chaque fois tombé sur celle-ci. Peu importe, je le trouve très joli quand même » confie-t-il à 7sur7. Transféré au Terek Grozny, il s’envole pour la Tchétchénie en août 2011, au grand désespoir des journalistes sportifs mais aussi des amateurs de football. Car sa personnalité ne saurait occulter le talent du jeune liégeois. Il s’impose rapidement au sein du club du trouble Kadirov, sorte de pantin mégalomane du non moins sordide Vladimir Poutine. Le genre de club où quelques semaines plus tard, des militaires venus assister au spectacle d’un match de réserves, passent à tabac à l’aide de matraques un joueur exclu pour protestations. Une vraie destination de carte postale. Et au niveau sportif ?

« J’ai souvent Legear au téléphone, il m’a expliqué qu’il était souvent élu homme du match en Russie, mais c’est normal, l’équipe est un désastre. Sportivement, ce n’est pas la joie. De toute façon, tout le monde sait pourquoi Jona est parti » explique son ancien coéquipier Guillaume Gillet, au micro d’RTL, début décembre. Qu’importe à Jonathan, il compte bien revenir en Belgique terminer sa carrière, au Standard de Liège, son club formateur. Des déclarations qui ont le don d’irriter les fans d’Anderlecht. Mais à 25 ans, il lui reste encore le temps d’aller monnayer son talent ailleurs. « Je ne vis pas en Tchétchénie, mais en Russie, dans une ville à 500 kilomètres de Grozny. J’habite dans une belle villa, à cinq minutes du centre d’entraînement. Nous n’allons à Grozny que toutes les deux semaines pour jouer nos matches à domicile. Certains pensent que je ne suis venu ici que pour l’argent, mais je considère plutôt Grozny comme une étape intermédiaire. Je peux vous certifier que les grands clubs moscovites suivent mes prestations. Et qu’on ne m’a pas non plus oublié en Angleterre » confiait-il à La Meuse la veille de Noël. Nul doute que Legear trouverait en perfide Albion un terrain propice à son goût pour les soirées arrosées, les sorties médiatiques épicées et les contrats bien juteux. Entre temps, le truculent Jonathan s’est débrouillé pour se faire inviter à Sclessin pour le match d’Europa League, contre Hanovre. Le temps de lâcher aux journalistes d’Ab3TV un délicieux récit de son exil en Russie en expliquant y être heureux car il y bénéficiait « de beaucoup de congés » . Comme quoi on peut travailler moins et gagner plus.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Adrien de Marneffe

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