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À la guerre comme à la guerre

Par Alexandre Doskov, à Kazan
4 minutes
À la guerre comme à la guerre

Tout le monde a bien compris que Didier Deschamps se contrefoutait d'être spectaculaire. Mais pour aller plus loin, son équipe ne pourra pas s'abstenir de faire preuve de caractère. Un élément dont la France ne déborde pas, si on se fie aux premiers matchs. Le coach est pourtant formel : les Bleus sauront froncer les sourcils le moment venu.

Un premier acte sans âme, puis un deuxième un peu plus encourageant, avant un final apocalyptique. Voilà peu ou prou à quoi a ressemblé la pièce de théâtre jouée par l’équipe de France en phase de poules. Et comme la belle affaire a abouti à une qualification en huitièmes de finale, impossible de quitter son siège molletonné pour le moment. Didier Deschamps, en bon metteur en scène qu’il est, s’apprête à taper trois nouveaux coups secs sur le plancher pour lancer sa nouvelle pièce. Il y sera question d’Argentine et de victoire à accrocher absolument, sous peine de fouler le tarmac d’un aéroport parisien dès dimanche. Avec une telle bande-annonce, les fans des Bleus peuvent même s’attendre à un match avec un peu de relief. C’est dire.

Car même si l’équipe de France peut se débarrasser de l’Argentine sans offrir de spectacle – elle peut même être championne du monde en suivant ce cahier des charges –, elle n’obtiendra rien sans faire preuve de caractère et de combativité. Des composantes qu’elle n’a pour l’instant affichées que contre le Pérou. Et encore, par bribes. « On n’a pas eu à retrousser les manches et à chercher une qualification dans les dernières minutes » , posait Steve Mandanda après avoir joué face au Danemark. Avant d’ajouter cette certitude : « Mais si on avait été dans cette situation, je pense qu’on aurait été capables de le faire. » Un bon résumé du message des Bleus depuis deux semaines : nous n’avons rien montré d’impressionnant depuis le début, mais quand la route commencera à s’élever, vous pouvez compter sur nous pour sortir le gros braquet.

Coupe de militaire

Dans le rôle du vieux qui a roulé sa bosse et à qui il en faut plus pour être impressionné, Didier Deschamps est impeccable. Général de guerre jamais affolé, grand gourou qui croit dur comme fer au message qu’il délivre, le sélectionneur n’est pas près de trembler. Et jusqu’à maintenant, ses joueurs ont parfaitement joué aux petits soldats prêts à mener tous les combats, même les plus rudes. Un état d’esprit qui passe par la multiplication des surnoms martiaux, et les conférences de presse lors desquelles tel ou tel joueur confie « lui, c’est mon soldat » , ou encore « lui, c’est un guerrier » sont désormais chose habituelle. En caressant son crâne et ses cheveux non teints et coupés courts, Presnel Kimpembe avait explicité la chose plus qu’aucun autre : « La Coupe du monde, c’est la guerre. Et pour aller à la guerre, il faut une coupe de militaire. » Aux armes, citoyens. Du côté des Bleus, les bataillons sont formés.

Il faudra au moins ça pour faire face à l’Argentine d’un Jorge Sampaoli qui n’a plus grand-chose à perdre et qui a déclaré que son équipe allait jouer « avec le couteau entre les dents » . Sauf que du caractère, les Argentins n’en ont pas non plus étalé des masses en phase de poules. Et Sampaoli tente surtout de capitaliser à fond sur la réputation des équipes sud-américaines, qui repose grosso modo sur un mélange de raccourcis et de préjugés voulant que chaque équipe du continent soit dotée d’une hargne particulière. Des grandes notions abstraites résumées par le terme fourre-tout et éculé de grinta.

Mur protecteur

Loin de ces questions sémantiques, Didier Deschamps navigue habilement pour que la façade soit parfaite. Il barricade son équipe derrière cette confiance affichée qui sert de mur protecteur, en se servant de quelques pirouettes pour éviter qu’on ne le taxe d’arrogance : « Si j’ai des certitudes ? Je n’aime pas ce mot-là. J’ai des convictions, oui. Mais dans le football, les certitudes, elles sont balayées rapidement. » Ses Bleus n’ont pas besoin de certitudes, tant qu’ils savent montrer leur détermination au bon moment. Et si ce n’est pas arrivé lors des trois premiers matchs, ce n’est pas bien grave. « Contre le Pérou, on a vu qu’on avait une équipe de caractère qui se serrait les coudes » , tient à souligner Thomas Lemar en brandissant cette soirée passée à Iekaterinbourg comme performance de référence, vite rejoint par Samuel Umtiti : « Le caractère, moi contre le Pérou, je l’ai vu. Ils nous sont rentrés dedans et on a répondu présent. À la fin du match, c’était compliqué, mais on a vu une équipe solide capable de le faire encore et encore. Cet état d’esprit-là, il faut le garder contre l’Argentine. »

Un match plein d’autorité serait un sérum efficace à plusieurs des maux de l’équipe de France, et prouverait surtout que les Bleus savent jouer des coudes. Une qualité qui peut servir, quand les favoris sont à un stade de la compétition où ils commencent à renifler la ligne d’arrivée et à frotter dans le peloton. Mandanda croise les doigts : « C’est sûr qu’en faisant un grand match samedi, sur le plan de la confiance, ça ferait énormément de bien. » Car gagner la guerre, ce n’est pas seulement livrer bataille. C’est aussi entretenir le moral des troupes.


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Par Alexandre Doskov, à Kazan

Propos recueillis par AD

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