- CAN 2019
- Finale
- Sénégal-Algérie (0-1)
À la CAN, des stars incognito
À l'image de Sadio Mané et Riyad Mahrez, en dedans lors de la finale de la CAN remportée par l'Algérie (1-0), les gros noms du continent n'ont pas forcément porté leur sélection lors de ce mois égyptien.
Il y en avait, du beau monde. Des flèches sur le papier capables de mettre n’importe quelle défense à l’amende, des artistes qui font lever les foules dans les gros championnats européens et des noms qui donnent une dimension suprême à un évènement, à commencer par les têtes d’affiche de Premier League et les figures de la Ligue 1… Avec tout ça, cette Coupe d’Afrique des nations s’annonçait spectaculaire, avec l’espoir que chacune de ces stars allait porter sur ses épaules les attentes d’un pays et assumer sur le pré. Alors, qui aurait cru que le 19 juillet, au terme de la finale, le MVP du tournoi serait un milieu de terrain d’Empoli né en 1997, à la réputation encore toute relative il y a quelques semaines ?
Koulibaly, les absents ont toujours tort
Car oui : à la suite du sacre de l’Algérie ce vendredi au Caire, c’est le succulent Ismaël Bennacer qui a raflé le titre de meilleur joueur de la compétition. Un résultat loin d’être immérité tant le séduisant gaucher – en partance pour le Milan – a bluffé les observateurs au pays des Pharaons, mais qui met également en lumière une chose : très peu des étoiles du continent auront tenu leur rang ou marqué la Coupe de leur empreinte. Riyad Mahrez, homme de la qualification de l’Algérie en finale dimanche dernier, a par exemple signé une prestation toute timide au cœur de la bouillie de football offerte par Fennecs et Lions de la Téranga sur la dernière marche.
Mais le Citizen est peut-être le gros poisson ayant le moins déçu : son homologue Sadio Mané, incapable de renverser le cours du match, a lui bouclé dans la déprime une édition qui l’aura vu manquer deux penaltys, même s’il compte trois buts plantés par ailleurs lors de ces mêmes matchs de poule et pourra se targuer d’avoir emmené les siens en finale. Côté sénégalais, la deuxième idole Kalidou Koulibaly ne pouvait même pas participer à la fête de ce vendredi après avoir pris la biscotte de trop en quarts : une jolie lose, puisque c’est son remplaçant Salif Sané qui a malgré lui plombé l’équipe en déviant la tentative de Baghdad Bounedjah.
Quand Klopp ronchonne
Et c’est le même refrain dans les autres sélections : sortant d’une saison époustouflante et historique, Hakim Ziyech a traversé l’épreuve comme un fantôme avec le Maroc ; au top de la hype et alors que des clubs huppés lui font la cour, Nicolas Pépé a connu un gros moment de doute lors des deux semaines et demie de parcours des Éléphants. Et que dire de Mohamed Salah, qu’on a pu voir époustouflant lors du premier tour avant de disparaître des radars en huitième lors d’une élimination face à l’Afrique du Sud qui a placé le pays hôte dans une grosse tourmente.
Pour une première CAN depuis le passage à l’organisation estivale, dans des conditions atroces et avec un format plus costaud, il n’est pas forcément étonnant de voir ces garçons, parfois auteurs d’une saison marathon entamée juste après la Coupe du monde, baisser en intensité au mois de juillet : Jürgen Klopp ne disait d’ailleurs pas autre chose quand il s’agaçait, avant la finale, de la « saison à 13 mois » de son poulain Mané. Car, évidemment, à peine les hostilités internationales terminées que les championnats nationaux vont re-pointer le bout de leur nez : quand ce scénario se répète tous les ans, ça commence à devenir problématique. En attendant, profitons d’Ismaël Bennacer avant que la pression d’une nation et les saisons à 13 mois lui tombent dessus.
Par Jérémie Baron
Propos de Klopp via L'Équipe