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A history of violence

Par Alexandre Doskov
A history of violence

Si Nantes n'a jamais réussi à battre Sochaux en coupe, les Canaris ont parfois eu du mal face aux Lionceaux aussi en championnat. Exemple le plus illustre, cette avant-dernière journée de Ligue 1 en 2005 terminée dans le sang, à un moment où le FCN était au fond du trou.

Comment le FC Nantes avait pu en arriver là ? En ce printemps 2005, quatre ans après le titre de 2001, et dix petites années après le succès magique de 1995, les Nantais courent tout droit vers la Ligue 2. Les emblématiques Armand, Vahirua, Yepes ou Berson ont été vendus l’été précédent, et le limogeage du coach Loïc Amisse à la trêve a fait éclater au grand jour la crise profonde que traversaient les Canaris. Alors forcément, cette avant-dernière journée à Sochaux alors que le FCN est à deux doigts de la relégation fait figure de match de la dernière chance. Un ancien responsable de la Brigade Loire – groupe des ultras de Nantes – présent au stade Bonal ce 21 mai 2005 se souvient de cette poudrière : « C’est une combinaison de pas mal de choses. Pendant plusieurs semaines, ce match a été présenté comme ayant un enjeu important. Ce jour-là, le FCN avait affrété un TGV entier pour emmener plusieurs centaines de supporters à Sochaux. On était 500 ou 600. Le TGV était plein et gratuit, donc n’importe qui pouvait venir. » 90 minutes et un 1-0 pour Sochaux plus tard, certains supporters nantais explosent. Des sièges sont arrachés et jetés vers les stadiers, et un envahissement de terrain s’ensuit. Résultat des courses, une pagaille monstre et des affrontements brutaux dont se souvient Pierre Schlatter, un ancien CRS et commandant de police qui était devenu chef de la sécurité à Bonal : « Même en tant que policier, je n’avais jamais vu ça. Avoir dans un laps de temps aussi court des événements aussi graves, avec des gens autour de moi qui saignaient de partout, dont une stadière qui a failli perdre l’œil… C’est au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. »

Des inconnus dans les bataillons

Rachel Copin, la stadière en question, n’était pourtant pas une novice. Âgée de 23 ans à l’époque, elle travaillait au stade Auguste-Bonal depuis ses 17 ans, et est avant tout une passionnée du FC Sochaux : « Travailler au stade, c’est le pied. Vous bossez pour l’équipe que vous soutenez, vous voyez les joueurs, vous voyez tout. Dans les stades, il y a une ambiance qu’il n’y a pas ailleurs. » Ce soir-là, elle assiste à la montée de l’énervement des supporters nantais lors des dernières minutes du match. Et l’une des erreurs commises a été d’afficher sur l’écran du stade les résultats des autres matchs de la soirée, « tous en notre défaveur » , précise le membre de la Brigade Loire. Quelques semaines plus tôt, les Jaune & Vert s’étaient déjà fait sortir en Coupe de France par une équipe de CFA. Alors dire adieu à la Ligue 1 sans aller gueuler un coup contre le président Gripond, honni par la Brigade Loire, pas question. Le responsable de la BL est de ceux qui sont descendus sur la pelouse : « Plusieurs personnes ont été sur le terrain, ça a paru très facile.(…)Pour ceux qui sont descendus, et moi y compris, l’objectif était d’aller demander des comptes aux dirigeants nantais plus que de foutre le bordel. On voulait manifester notre mécontentement, pas venir en découdre. » Problème, avec le TGV venu bondé de Nantes ont débarqué des personnes inconnues dans les tribunes nantaises, « des parasites qui se sont greffés, pas des supporters impliqués pendant toute la saison » , déplore l’ultra. C’est l’un de ces inconnus, un jeune dont personne n’avait jamais entendu parler à la Beaujoire, qui a mis un coup au visage à Rachel Copin avec un poteau de corner : « Je me suis retrouvée blessée assez vite. Je ne pense pas qu’il voulait me viser personnellement, mais il a vu quelqu’un en orange qui faisait partie de la sécu, et voilà. »

« Il s’en foutait »

Sur le terrain, les débordements continuent. Plusieurs stadiers sont blessés, et certains devront être réparés à grand renfort de points de suture. La police arrive aussi vite qu’elle peut, mais est retardée bêtement : « Un passage qui aurait dû être ouvert était fermé. La grille d’un tunnel qui menait au terrain » , indique Pierre Schlatter, chef de la sécu du stade, avant d’ajouter : « Les supporters sochaliens ont compliqué la situation. Nous étions pris entre deux feux, les Nantais qui ont envahi le terrain, et les Sochaliens qui voulaient s’en prendre aux Nantais et aux forces de police. » La suite se jouera au tribunal de Montbéliard. Seule une dizaine de Nantais comparaît, pas les bons d’après le chef de la tribune : « En tant que responsable, j’avais été convoqué. J’ai admis que j’étais sur le terrain, et les vidéos montraient que je n’avais pas commis de violence. Mais il fallait des coupables, tous les responsables à peu d’exceptions près ont été jugés et ont pris pour ceux qui avaient cassé et attaqué les stadiers. » Ils seront condamnés à de longues interdictions de stade, et Rachel Copin reste très déçue par le traitement réservé à son agresseur, jugé comme un mineur qu’il était au moment des faits : « Il n’a rien eu ! Une petite interdiction de stade histoire de dire qu’il était passé entre les mains du juge, mais pour moi, ce n’était rien du tout. » L’attitude du jeune accusé la choque également : « Il s’en foutait. »

Toujours à la sécu, toujours à la Brigade, et toujours sochalienne

Onze ans plus tard, Pierre Schlatter gère toujours la sécurité à Bonal, et n’appréhende pas le match de ce soir : « On a rien eu à se reprocher. Avec le directeur de Nantes, qui est toujours le même, on n’en parle pas particulièrement. Ça ne réveillera pas de souvenirs. » Le Nantais, toujours encarté à la Brigade Loire – il l’est depuis l’année de création en 1999 -, se souvient que l’ultime épisode de cette saison 2005 leur avait enfin souri : « Une semaine après être passé par tous les états, on se sauve à la dernière journée dans une ambiance encore plus phénoménale. » Il jure également que la cote de popularité de la Brigade Loire a peu été impactée par ces incidents, les supporters nantais sachant pertinemment que rien de tout cela ne fait partie des habitudes du groupe. Rachel Copin, de son côté, avait été touchée par les gestes de certains membres du FCN après son accident : « Il ne faut pas mettre tous les supporters nantais dans le même sac. Les dirigeants nantais m’ont envoyé des fleurs, certains supporters m’ont envoyé une carte. » Également soutenue par le président sochalien de l’époque, Jean-Claude Plessis, qu’elle dit regretter, elle a continué à travailler au stade Auguste-Bonal jusqu’en 2009. Malgré tout, elle garde aujourd’hui des séquelles de sa blessure à l’œil, des dommages irréversibles. Pas de quoi l’empêcher de continuer à vibrer pour les Lionceaux, et en famille s’il vous plaît : « On soutient Sochaux depuis de très nombreuses années, et j’espère que mon fils sera supporter de Sochaux. Il n’a que 19 mois, mais il a déjà des T-shirts, il est habillé en Sochaux ! » Le Simba du Doubs.

Dans cet article :
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