Votre projet a-t-il été dur à vendre ?
Tanguy : Au départ, on avait fait un truc par des footeux, pour des footeux, un peu à la Canal. Mais pour France 3, il a fallu ouvrir ce documentaire à un public plus large. L’idée leur a vite plu. Le but n’était pas de faire simplement un reportage sur un club de foot. Il y a tout un aspect sociologique important quand on traite de Guingamp. Il fallait essayer de comprendre comment un petit club comme celui-là en était arrivé là.
Pas trop dur de passer après un certain Éric Cantona et ses reportages Looking for… (13 Productions est à l’origine des reportages du King, ndlr) ?
Quentin : Non, au contraire. C’est plus simple de s’adresser à des boîtes qui ont déjà bossé sur des sujets spécialisés comme le football.
Vous supportez quels clubs dans la vie de tous les jours ?
Tanguy : On a toujours suivi les clubs bretons, de par nos origines. Le foot, c’est une affaire de famille en Bretagne. Avec très vite cette petite sympathie particulière pour Guingamp. À côté de ça, on supporte le PSG. On a toujours habité Paris, on allait au Parc très jeunes. Depuis le plan Leproux, on a décroché.
Vous y êtes retournés depuis ?
Tanguy : Oui, ça fait mal. D’ailleurs, c’est un peu en voyant l’évolution du PSG qu’on a eu envie de montrer que le foot, ce n’est pas que ça, qu’il y a encore ce côté populaire, simple, proche des gens. À Guingamp, il y a une vraie relation de confiance entre la présidence et les supporters. C’est à peine croyable.Quentin : On voulait retrouver ce côté vraie ferveur. Ça a été une claque. On a beaucoup joué au foot en club, au niveau amateur, et t’as vraiment l’impression de retrouver ça à Guingamp. C’est génial. Tanguy : Après, ça reste un club pro, bien sûr. Mais dans les rapports humains, t’as l’impression que tu pourrais être en CFA, ça serait la même chose. Comme ils le disent dans le reportage, c’est un club amateur implanté dans le monde professionnel.
Ça n’a pas été trop dur d’être fan de foot quand on est en école de ciné (Tanguy et Quentin se sont rencontrés à l’ESRA, ndlr)? Ou quand le cliché du beauf rencontre le 7e art….
Tanguy : La chance qu’on a eue, c’est que notre génération était très foot. Il y avait une équipe à l’ESRA. Donc on s’est vite regroupés tous ensemble. Quentin : Il y avait quand même des étudiants qui nous regardaient bizarrement. Quand ils débattaient à propos de mise en scène, de matos, nous on parlait plus facilement du match de la veille… Tanguy : Ou du déplacement à venir, du tifo qu’on allait faire. C’est une autre culture !
Vous avez dû faire face à des imprévus durant le tournage ?
Quentin : Oui, et un beau en plus ! C’est la Coupe de France, qui n’était pas prévue au programme (Guingamp a battu Rennes au Stade de France le 3 mai 2014, ndlr). Tu les vois avancer, quart de finale, demi-finale…
Tanguy : On avait terminé le montage, c’était plié. Et dans ces cas-là, impossible de dépasser les 52 minutes. On se dit merde, qu’est-ce qu’on fait ? Ben, ils vont en finale quand même, on ne peut pas zapper ça.
Quel a été l’accueil des joueurs ?
Tanguy: Très bon. On a bien accroché avec Douniama, il y a eu un bon feeling. Un soir après un match, on rentrait à l’hôtel à pied, et là on entend Douniama qui nous gueule : « Hé oh les mecs ! » et qui commence à nous taper la discute. Tu te dis : « Mais c’est quoi cette ville de fou ? » !
Ça n’a pas été trop dur de se fondre dans la vie du groupe ?
Quentin : Gourvennec protège vachement son groupe. Même pour filmer les entraînements, il y avait des limites. On devait se poster à 50m d’eux pour ne pas les déranger. C’est très carré et c’est normal. Tu peux pénétrer leur intimité, on est allés dans les vestiaires, mais une fois que les causeries étaient terminées. On a été super bien accueillis par Gourvennec et son staff. Ce sont de vrais mecs bien.
Comment ça s’est passé avec le Kop Rouge ?
Quentin : Ça a été parfait. Une vraie belle découverte.
Tanguy : Quand je suis parti à Gueugnon pour le match de la montée, c’est là que j’ai rencontré Julien Bonny et que j’ai été lui faire part de l’idée. Au premier contact, il avait l’air un peu méfiant. Il m’a même fait un quiz sur le club pour voir si je connaissais mon sujet ! C’était un peu à la bretonne : je ne te connais pas trop, je me méfie. Dur sur l’homme. Mais une fois qu’on avait lâché
le teaser, ils ont compris qu’on était venu avec un projet sérieux.
Quentin : Humainement, on a vécu un super truc avec eux. Dès qu’on arrivait, c’était chouette, on avait vraiment du plaisir à passer du temps ensemble. Ils sont généreux, ce sont des passionnés. Un peu comme ceux qu’on retrouvait au Parc il y a quelques années. Plus on y retournait et plus on était contents d’aller les voir. Et puis, quand tu cravaches en salle de montage, tu sais pourquoi tu le fais. Ça en devient presque la motivation première.
Vous aimeriez retravailler autour du football dans vos projets futurs ?
Quentin : On va faire un biopic sur Coco Michel (rires) !
Tanguy : On a pas mal d’idées à ce sujet. C’était notre premier doc sur le foot, ça ne sera sûrement pas le dernier. Donc si So Foot veut produire des trucs, on est là !
Top 100 : Footballeurs fictifs (de 70 à 61)