- Serie A
- J12
- Cagliari-Fiorentina (5-2)
À Cagliari, c’est encore l’été
Quatrième de Serie A après douze journées, Cagliari est la belle surprise de ce début de saison de l'autre côté des Alpes. L’éclatante victoire face à la Fiorentina ce dimanche (5-2) confirme que le club sarde peut légitimement espérer vivre une saison moins galère que les précédentes alors que son centenaire se profile.
65e minute de jeu à la Sardegna Arena, ce dimanche. Cagliari mène 4-0 face à une Fiorentina dépassée, et s’apprête à enfoncer encore un peu plus son hôte toscan. Nainggolan, seul à vingt-cinq mètres, expédie une praline dans la lunette de Dragowski et fait exploser pour la cinquième fois l’arène de Sardaigne. Auteur d’un but et de trois passes décisives face aux coéquipiers de Ribéry, le Belge, prêté par l’Inter, marche sur l’eau depuis plusieurs semaines. Et il n’est pas le seul.
Avant la victoire, plus tard dans l’après-midi, de la Lazio face à Lecce, son équipe s’était même provisoirement installée sur la troisième marche du podium de Serie A. Pas suffisant néanmoins pour faire perdre pied à un Ninja conscient que le championnat n’en est qu’à son premier tiers : « Moi, le super-héros de Cagliari ? Non, je crois plutôt que nous faisons un championnat incroyable jusque-là et, surtout, que nous jouons bien au football. On a produit du jeu à Bergame, et aujourd’hui, on les a tués d’entrée. On s’améliore de semaine en semaine, et on tire notre force de la volonté qu’il y a dans ce groupe. » Un discours plein de sagesse pour celui qui s’était révélé ici-même entre 2010 et 2014 et qui est revenu en Sardaigne cet été après un an décevant à l’Inter. Pour se relancer sportivement tout en offrant à sa femme un cadre de vie idéal alors qu’elle lutte contre le cancer. Et pour aussi, pourquoi pas, permettre à Cagliari de redorer son blason.
Un mercato pas loin de la perfection
Le retour de Nainggolan en terre promise, considéré même avant le début de la saison comme l’un des coups de force majeurs du mercato estival en Serie A, est le fruit direct du travail entrepris par la direction sportive depuis la reprise du club en 2014. Nainggolan a certes été « une opportunité » , comme le confirmait le président Tommaso Giulini lors de la présentation du milieu international belge, encore fallait-il que le quinzième du dernier exercice puisse se montrer suffisamment séduisant et solide financièrement pour la réaliser. Depuis qu’il est à la tête de Cagliari, Giulini n’a pas connu que des saisons faciles et la relégation en Serie B dès la première année de son mandat peut en témoigner. Mais la remontée avec un titre de champion de Serie B l’année suivante en 2015-2016, couplée à une bonne gestion financière, lui a permis de pérenniser Cagliari en Serie A ainsi que de le placer parmi les clubs les plus sains à ce niveau en Italie.
Alors, quand l’Inter est venue cet été toquer à la porte avec un chèque de 45 millions d’euros (plus bonus) pour sa pépite Nicolò Barella, la vitesse supérieure pour améliorer l’effectif a pu être enclenchée : « Nous avons réinvesti 100% du transfert de Barella à l’Inter pour atteindre le niveau supérieur, déclarait le président sarde à Sky en octobre. Barella, je l’ai vu passer de la Primavera de chez nous à la Nazionale, c’est forcément très valorisant. On a pu le remplacer par Nández et Rog, qui nous ont permis d’avoir une équipe plus compétitive. » À raison, Giulini évoque les arrivées de Marko Rog, international croate du Napoli, et de Nahitan Nández, international uruguayen en provenance de Boca Juniors, mais c’est bien l’ensemble du mercato qui a été une réussite. Pour preuve : après deux défaites d’entrée à domicile face à Brescia et l’Inter, deux coups durs successifs avec les blessures de leur portier international italien Cragno et de leur meilleur buteur l’an passé Pavoletti (16 buts), Cagliari s’est remis la tête à l’endroit et n’a plus perdu depuis le 1er septembre dernier. Plutôt parlant.
Pour que la fête soit belle
Pour expliquer sportivement la réussite des Rossoblù, il faut commencer par le 4-3-1-2 installé définitivement depuis la troisième journée face à Parme par le coach Rolando Maran. Derrière la doublette Simeone-João Pedro, qui culmine déjà à dix réalisations, Nainggolan est la pointe haute d’un milieu à quatre qui évolue régulièrement. Mais dont la vitesse d’exécution, l’agressivité à la perte du ballon, et la volonté d’aller rapidement vers l’avant font déjouer la plupart de leurs adversaires. Et plus seulement à domicile, comme c’était le cas l’an dernier. Car si Cagliari a marqué à toutes ses sorties, hormis lors de la 1re journée, il est aussi la deuxième meilleure défense du championnat à égalité avec l’Inter. Tout va bien dans le meilleur des mondes, et ça, Maran n’a pas manqué de le rappeler après la rouste flanquée ce week-end à l’équipe florentine : « On traverse cette période avec beaucoup de joie. Les garçons travaillent bien, et ont réussi à rester en alerte même après la victoire à Bergame(0-2, le 3 novembre, ndlr). Je veux que mon groupe continue à rester concerné, car nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps et nous avons beaucoup de points où nous pouvons nous améliorer. »
En attendant que le collectif se peaufine, le président Giulini peut savourer. Son club s’apprête à fêter ses 100 ans en 2020, ainsi que les 50 ans de son titre de 1970 où Riva trônait sur la Botte, la perspective de ne pas se battre pour le maintien ravit : « Mon but, quand j’ai commencé cette nouvelle aventure, était d’arriver au Centenaire avec la possibilité d’obtenir quelque chose de plus que ce que nous avions. Nous verrons lors de la phase retour si nous pouvons le faire, bien sûr, mais l’objectif est de ne plus jouer pour éviter la relégation. » Une bonne vitrine, aussi, pour un club qui a davantage fait parler pour les débordements racistes de certains de ses supporters ces dernières saisons (voir SO FOOT #170) que pour ses performances sportives, et qui attend un stade flambant neuf pour le début d’année 2023. Viser l’Europe ? Il faudra encore attendre un peu. Mais peut-être que le moment de (re)basculer du bon côté est effectivement arrivé.
Par Andrea Chazy