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Bleus : premiers pas après le Grizou
En voyage à Budapest, ce jeudi, pour défier une équipe d’Israël qu’ils n’ont plus croisée depuis 2005, les Bleus ouvrent la seconde fenêtre internationale de leur saison, sans Kylian Mbappé et sans Antoine Griezmann. Étrange, forcément.
C’est donc là-bas, à Budapest, en terrain neutre et dans un contexte qui ne peut l’être, que va commencer « l’après ». Après plus de dix ans de vie à observer attentivement l’apparition, l’évolution et la prise de pouvoir d’un ovni du football français, il faut désormais apprendre à courir et à sourire sans lui. Antoine Griezmann, quatrième joueur le plus capé, quatrième meilleur buteur et meilleur passeur de l’histoire de la nation, a rendu son tablier il y a maintenant plus d’une semaine, affirmant au passage que tout était en ordre pour la suite – « L’avenir est prometteur, et j’ai hâte de voir la prochaine génération briller » –, et il est ainsi l’heure de se plonger dans le futur. Tout va partir de ce jeudi soir, d’un Israël-France, premier du nom depuis 2005, époque où Fabien Barthez avait affirmé « avoir peur de jouer dans un endroit pareil » avant le voyage à Tel Aviv, où La Marseillaise avait été largement sifflée et où David Trezeguet avait utilisé sa tête pour deux choses – ouvrir le score et envoyer Ben Haim au sol après un tacle de boucher.
On ne peut, aujourd’hui, plus jouer au foot à Tel Aviv, mais il y a bien un match de foot à jouer, en ouverture de ce qui va être la deuxième fenêtre internationale d’une saison où les calendriers des joueurs de premier plan dégueulent de partout. Le sujet revient dans les discussions toutes les semaines, Lukaku et De Bruyne ont, par exemple, demandé à Domenico Tedesco d’être exemptés de rassemblement pour octobre. Dans ce contexte, Didier Deschamps a clairement dit les choses dans un entretien donné à la FFF en affirmant que « l’employeur, c’est le club, pas la fédération », ce qui placerait désormais, de fait, l’équipe de France à un second plan.
Faire tourner la boutique sans DJ, ni gâchette
L’heure est cependant clé pour le sélectionneur qui doit apprendre à faire tourner la boutique sans son meilleur DJ, sans sa meilleure gâchette, Kylian Mbappé, titulaire au Real, mais qui a déclaré forfait avec les Bleus, avec un nouveau capitaine (Aurélien Tchouaméni) et, bien sûr, avec toute une armature à repenser après avoir perdu quatre angles majeurs et plus de 500 sélections (Lloris, Varane, Giroud, Griezmann) depuis le Mondial 2022. Surtout, il doit le faire après un mois de septembre flou dans le jeu, qui a vu l’équipe de France être baladée au Parc des Princes par l’Italie à cause d’un pressing mal ficelé, de changements d’aile mal gérés et d’une forme physique aléatoire. La réaction face à une pâle Belgique, avec un bloc positionné un cran plus bas, mais plus resserré, ce qui a ramené la troupe bleue à ses fondamentaux, aura été positive sur le plan comptable, sans pour autant faire souffler tout le groupe.
Face à Israël, faut-il attendre une révolution ? Non, probablement pas. Ce mercredi, à la veille du match, Aurélien Tchouaméni s’est contenté de lâcher : « Une génération arrête au fil du temps, une génération dorée qui a énormément fait pour les Bleus. Une nouvelle génération émerge et c’est la nôtre. Il faut qu’on gagne des titres, qu’on écrive l’histoire à notre tour. » De son côté, Deschamps, lui, n’a pas renversé la table, affirmant « que chaque match amène des réponses » et taclant, quand même, « un climat qui n’est pas des plus sereins » autour de l’équipe de France, ce qui ne peut être la seule responsabilité des médias. Serein, le tableau ne l’est évidemment pas : l’approche dans le jeu n’emballe pas, la situation de Mbappé questionne, la forme de certains animateurs aussi, l’ensemble est flottant, mais le foot ne s’arrête pas et Deschamps le sait. C’est par lui et avant tout par lui qu’il fera revenir le calme. Du moins, ce sera un bon début.
Par Maxime Brigand