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Aston Villa : tout l’Emery leur revient
Troisième de Premier League après une victoire de prestige mercredi face à Manchester City, Aston Villa s'apprête désormais à recevoir Arsenal ce samedi. Boubacar Kamara et ses coéquipiers ne pensent sûrement pas au titre, ils sont trop occupés à courir aux quatre coins du terrain et à digérer les lourdes séances vidéo concoctées par Unai Emery.
Mains sur la tête et regard dans le vide, Pep Guardiola s’est trituré les méninges pendant deux fois 45 minutes suffocantes mercredi, sans jamais trouver la solution pour inquiéter Aston Villa (1-0). Ça faisait bien longtemps que le Catalan n’avait pas vu sa machine être autant enrayée, ne comptabilisant pas la moindre frappe après la 11e minute. Au cœur du Villa Park, Manchester City a été pris dans une machine à laver infernale dont il est impossible de sortir indemne. À coups de pressing intense, de marquage à la culotte ou de relances courtes osées, les Villans ont remporté les sept rencontres disputées dans leur antre cette saison et s’apprêtent à y recevoir Arsenal, bien décidés à s’offrir le scalp du leader. Les hommes de Mikel Arteta sont justement les derniers à avoir ramené trois points de Birmingham, en février dernier grâce à deux buts dans le temps additionnel au bout d’un match étriqué. Depuis, la série est de 14/14 à domicile.
Et merci Emery
Grâce à son succès en cours de semaine, Aston Villa a doublé Manchester City pour s’installer sur la troisième marche du podium. Même si ça ressemble à une anomalie dans le championnat le plus compétitif du monde, celle-ci fait dire à Pep Guardiola que l’équipe d’Unai Emery fait « définitivement » partie des prétendants au titre. Najim Medini, commentateur de la Premier League pour Canal +, croit, de son côté, à une place dans le top 4 en fin de saison. Un classement inespéré un an plus tôt lorsque le Basque remplaçait Steven Gerrard à la quinzième place de Premier League, avant de remonter jusqu’à la septième, synonyme de qualification en Ligue Europa Conférence. « Unai Emery a tout changé dans ce club, estime le journaliste. Sportivement d’abord, parce que Villa est l’équipe avec le troisième plus haut total de points en 2023 derrière City et Arsenal. » Si Manchester City est sans doute la bête la plus prestigieuse accrochée au tableau de chasse des Villans, d’autres sont tombées avant, à l’image de Tottenham, Chelsea ou encore Brighton, fessé 6-1 au Villa Park.
Celui qui a empilé les Ligues Europa en Espagne fascine désormais outre-Manche. Au point d’avoir les pleins pouvoirs à Aston Villa, avec la possibilité d’emmener la totalité de son staff et de placer Damian Vidagany au poste de directeur du football et Monchi à celui de directeur sportif. Sur le terrain, les succès actuels sont également à mettre à l’actif de l’entraîneur. « Il ne laisse rien au hasard, il travaille de 8 heures à 23 heures Cette saison, il se laisse plus de marge et part du bureau vers 20 heures, mais ça reste de sacrées journées », sourit Najim Medini. Sur son compte Instagram, Unai Emery dévoile les coulisses d’une de ces sessions interminables, dans le bus aux côtés de ses adjoints, yeux rivés sur leurs ordinateurs. C’est surtout en compagnie d’Austin MacPhee, l’entraîneur des coups de pied arrêtés, que le Basque aime travailler. Les deux sont connus pour passer quatre ou cinq heures à peaufiner leurs plans lors des séances vidéo. Grâce à celles-ci, le club s’invite à la table des mastodontes du championnat britannique.
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Intensité maximale
Et cela sans grands bouleversements dans ses rangs, puisque, cet été, Moussa Diaby et Pau Torres ont été les seuls renforts significatifs de l’effectif. Ainsi, les joueurs actuels sont sensiblement les mêmes que ceux qui luttaient pour éviter la zone rouge l’an passé. « Boubacar Kamara est l’exemple parfait de cette progression, il a passé un cap, on ne peut plus le bouger du onze, analyse le commentateur. Il récupère un nombre de ballons incalculable, mais, maintenant, il est aussi bon en phase de possession. » Aux côtés du Français se place Douglas Luiz, « le cerveau de l’équipe », d’après Najim Medini. Ces deux-là forment la base d’un carré dans lequel on retrouve également Youri Tielemans et John McGinn plus haut. Face à Manchester City, orphelin de Rodri, cette supériorité numérique dans l’entrejeu a rendu le pressing asphyxiant. « Je n’ai pas le souvenir d’une équipe de Pep Guardiola être mise autant en difficulté avec le ballon », explique le journaliste. À l’image des récentes belles histoires à Newcastle et Brighton, le jeu d’Aston Villa se caractérise par une intensité maximale de tous les instants. L’une des seules solutions pour mettre des bâtons dans les roues des adversaires bien plus forts sur le papier.
Malgré le désarroi de l’entraîneur de Manchester City sur le banc mercredi, Rúben Dias et ses coéquipiers ont rarement réussi à se défaire de cette pression. La capacité d’adaptation d’Unai Emery n’est plus à prouver au fil de ses longues années à bourlinguer dans le circuit européen. Depuis son arrivée à Birmingham, il prouve une nouvelle fois son aptitude à changer de plan au gré des adversaires : pressing haut sur les défenseurs citizens, bloc médian et marquage individuel pour gêner Brighton au niveau des 30 mètres adverses ou encore contrôle de la possession face aux collectifs moins joueurs. Ne pas avoir laissé les joueurs de Roberto De Zerbi ou de Pep Guardiola dicter le rythme reste un sérieux indicateur du répondant d’Aston Villa cette saison face à deux références en matière de gestion de l’espace-temps. Arsenal en est également une, possède un effectif au complet et arrive sûr de ses forces en étant la meilleure équipe du championnat à l’extérieur. De quoi promettre une bataille au sommet. Unai Emery a dû patiemment la préparer, prêt à couper la tête de son ancien club et causer un mal de crâne à Mikel Arteta.
Par Enzo Leanni
Propos de Najim Medini recueillis par EL.