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« À Amsterdam, j’ai fermé le bar »

Propos recueillis par Ronan Boscher, autour d'une Jupiler
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Bertrand est belge, il bosse dans les transports, et est fan de l'Olympique lyonnais. Mais il souhaite tant que possible rester anonyme. Pas par honte de l'OL. Non. Au contraire. Avec un petit crew, sa spécialité est ailleurs : entrer tant que possible gratos dans les stades, et si possible croquer un peu le buffet. Parce que le supporter a aussi le droit à la belle vie.

On va commencer simplement : pourquoi, en tant que Belge, t’aimes l’OL ?

Parce que j’ai vécu pendant un petit moment en Savoie. Mon club de foot belge, Molenbeek, avait fait faillite à ce moment-là. J’ai dû porter mon amour du football sur un autre club. Et j’ai appris à connaître ce club, les gens, les supporters. Sur la pelouse, c’était de mieux en mieux. L’époque Sonny Anderson etc. Les années 2000, c’était vraiment la bonne période. Et puis il y avait ce grand joueur qu’est Eric Deflandre à l’OL, mon compatriote (rires). Tout ça, ça aidé et c’est devenu une grande passion. J’ai par exemple réussi à organiser un bus de 57 supporters belges pour la finale de la Coupe de la Ligue, contre le PSG. Et on a nos places.

Il paraît que t’as une belle histoire vécue avec ce cher Deflandre…

On était à Prague, après un sale résultat contre Liberec. Joueurs, staff, journalistes, supporters, on se retrouve tous un peu énervés à l’aéroport. Je discute 2 minutes avec Deflandre pour avoir son maillot. Il me dit qu’il me le filera après parce que son bagage est en soute. Et je connais le truc de « la prochaine fois peut-être ? » . Ça me trotte dans la tête et puis je vois les joueurs embarquer. Je suis le mouvement, je passe les contrôles de sécurité, on essaie de me rappeler mais je fais mine de pas comprendre. J’avance et je me retrouve dans les premiers rangs de l’avion privé des joueurs. Je me fais discret. Un journaliste s’installe à côté de moi, se présente et moi, sans réfléchir – j’avais quand même bu pas mal de bières dans la journée -, je dis que je m’occupe du site web de Deflandre. Le commandant au micro s’excuse du retard, en raison « d’un problème de comptage des passagers » . Je suis donc de trop mais on décolle quand même. Je souffle. On peut pas me virer de l’avion une fois en l’air. On atterrit et je rejoins directement Deflandre à l’arrivée des bagages. Je lui tape sur l’épaule, il se retourne : « Qu’est-ce tu fous là ? » « Ben, je t’ai dit que je voulais ton maillot, donc je l’attends. » Lui, il se marre et me le file. On avait même convenu qu’il m’en file un autre en Estonie, parce que j’allais voir un match de la sélection belge là-bas. « Faut que je prenne l’avion avec toi au retour ou tu me fileras ton maillot à la fin du match ? » que je lui dis. Il me fait : « Nan, je te le donne d’office, t’inquiète pas » . Bon, finalement, il s’est blessé avant d’aller en sélection. Je l’ai recroisé quelques années après et il se souvient toujours de cet épisode de l’avion.

T’as tes places pour le match contre la Juve ?

Oui, on a acheté nos tickets, avec le virage nord de l’OL. Pour les matchs de Lyon, généralement, on passe par les canaux officiels. Si on n’avait pas eu de places, on aurait tenté le coup, c’est sûr. Mais Aulas est toujours très clément quand on se déplace. Il participe au paiement du billet.

Combien t’as de matchs au compteur ?

Je crois que je suis à plus de 800 matchs, Lyon et autres équipes.

Combien de places payantes ?

Quand même beaucoup, parce que je suis abonné à Lyon. Mais quand ce n’est pas Lyon, si on voit une opportunité de rentrer à l’œil ou mieux placé que le ticket qu’on a, on ne se prive pas.

On s’était vus en Pologne lors de l’Euro. Tu disais qu’une de tes spécialités, avec deux autres potes belges, c’était d’entrer à l’œil dans les stades, ou être mieux placé que la place achetée ou atteindre les buffets VIP…

Ouais, c’est vrai. Depuis l’Euro, on a réussi à s’incruster au buffet de la finale d’Europa League, à Amsterdam. Le Chelsea-Benfica. On avait un pote avec nous, un peu stressé. Il n’avait pas l’habitude, et il s’est fait attraper. On est passés à deux. C’était sympa. Je me souviens d’un Pays-Bas/Écosse, pour les qualifs de l’Euro. On est passés par un pote qui bossait chez Coca. On a fait un email à en-tête Coca pour la Fédération néerlandaise, en disant : « Voilà, on aimerait amener de très gros clients à ce match, etc. » Et on a reçu 6 tickets pour 4 potes écossais, mon pote et moi. On avait même le droit à une petite réception mais sans boissons alcoolisées. Donc vers la mi-temps, on a vu qu’il y avait un autre buffet. On a enjambé les barrières, et là c’était vins et bières. À la fin du match, la sécurité a vu qu’il y avait trop de monde dans cet espace et on m’a bloqué au contrôle. Mais je m’en suis sorti quand même.

Comment ?

On appelle un responsable de la sécurité, je dis que je fais partie du groupe Coca mais que j’ai perdu mon ticket. Je convainc la personne de m’accompagner afin que je retrouve ma patronne, grande, brune, petite robe comme il faut, long cheveux. Évidemment, après 10 minutes à rechercher une personne imaginaire, la nana laisse tomber, elle n’en pouvait plus et me souhaite une bonne fin de soirée. J’ai finalement fermé le bar d’un autre buffet, celui d’Orange visiblement, dans lequel j’ai réussi à rentrer – alors que tout le monde était en costard – parce que j’avais réussi à piquer une écharpe Orange, le dress-code de tous à ce buffet. Et j’étais monté en gamme. Là, ça servait du whisky.

Tu vas faire des repérages pour la finale de C3, prévue au stade de la Juve ?

Ouais, un peu. Mais bon, c’est un nouveau stade, donc ça va être très très compliqué. Ils sont bien étudiés maintenant les nouveaux stades, niveau sécurité. Mais on se dit toujours, que normalement, il y a toujours un moyen. Après, ce n’est pas le but ultime. C’est l’opportunité qui fait le coup.

Le coup des parkas de l’Euro 2000, tu peux raconter ?

On avait récupéré les mêmes parkas que ceux qui faisaient rentrer les gens au stade. Du coup, on s’est fait passer pour ces mecs et on a pu faire quelques matchs, avec quelques potes, dans le stade, sans ticket.

Il y a un pays ou un événement particulier où c’est impossible ?

J’ai pas l’impression. Ça arrivera sans doute un jour, surtout avec les nouveaux stades, mais c’est surtout une question d’opportunité, de bons moments. Quand on s’était vus à Gdansk, on était allés voir un match de l’Allemagne, avec les billets les moins chers, achetés au black. On a fini en tribune de presse. On est allés taper dans les frigos, un peu mais on était surtout super contents d’être bien placés, avec une table devant nous.

Pour l’instant, vous n’avez pas été repéré ?

Non, on n’est pas encore connus de tous comme les malins qui entrent gratis au stade. Mais ça va arriver un jour. Et on devra s’expliquer. Touchons du bois pour l’instant.

Avec la faible distance, on peut parler de derby entre Lyon et Turin ou pas ?

Non. On n’a pas d’animosité particulière avec les supporters de la Juve. Enfin si, indirectement. On est potes avec quelques supporters du Torino. Et on va voir le match Juve-Lyon avec eux. Ça pourra peut-être un peu changer la donne. Mais on va faire gaffe hein. En Italie, t’es jamais à l’abri d’un coup de couteau.

T’es allé voir un match de Lyon dans cette compétition cette saison ?

Ouais à Odessa. On était 20+1 Belge, moi. La veille, on s’est incrustés à la conférence de presse. Extraordinaire. C’est la première fois que j’assistais à ça, eh ben je peux te dire que je n’y retournerai pas. C’est nul, mais nul ! Je me souviens de questions et réponses lamentables. Un journaliste ukrainien a même posé cette question à Rémi Garde : « Vous qui êtes bélier, allez-vous jouer l’attaque ? » Qu’est-ce tu veux répondre à ça ? À Odessa, je me souviens surtout qu’au-delà du match, on avait pris un train pour Tiraspol. On a été interrogés là-bas. Quand tu réponds « tourisme » , ils hallucinent. T’as des mines un peu partout, c’est très pro-soviétique encore. On a essayé de rentrer dans le stade – il n’y avait même pas de matchs hein – mais on s’est fait jeter par la sécurité, ils étaient pas très commodes. On voulait juste prendre 2-3 photos. Puis, après, on a filé en train vers la Moldavie. Mais malheureusement, il n’y avait pas de match de championnat. Ça m’aurait bien plu de voir une fois dans ma vie un match de championnat moldave.

Tu dépenses combien par an à peu près pour tous ces matchs ?

Je pense que j’en suis à 5 000 euros à peu près, en comptant le déplacement, l’hébergement et le cas échéant, la place. Mais c’est du plaisir de faire tout ça. Donc ça les vaut. Sinon, je ne le ferais pas. Il y a tout un ensemble. On découvre des endroits dans lesquels on n’a pas du tout l’habitude d’aller, surtout avec la C3. On profite aussi pour faire un peu de culturel, sortir avec les potes.

T’as prévu du culturel pour Turin ?

Un peu. J’y vais avec quelques potes et on est accueillis par des mecs du Toro. On va essayer de les emmener à Superga. Ça permettra à mes potes belges d’expliquer un peu le truc. Pour le reste, si on a le temps, j’aimerais bien leur faire visiter le Molé. Il renferme le musée du cinéma. Très impressionnant. T’as une vue magnifique sur Turin. Turin, j’y vais souvent grâce aux mecs du Toro, donc je connais un peu. On dit souvent que c’est une ville industrielle, mais je trouve ça super sympa comme ville. T’as tous les musées, le palais royal, le musée égyptien, le troisième musée d’egyptologie au monde je crois. Donc tu vois…

Mais tu présides une asso de supporters belges de l’OL ou pas ?

Non, c’est informel. En gros, tout le monde sait en Belgique que s’il faut avoir des tickets pour des matchs de Lyon, il faut passer par moi ou un autre pote. Beaucoup de Lyonnais viennent voir des matchs à Bruxelles et inversement depuis quelques années. On appelle ça entre nous « l’axe du mal » . On se connaît très bien. Tu vois, il y a 2 ans, il y avait un Bruxellois de 38-39 ans qui est décédé. Une délégation d’une dizaine de Lyonnais est venue en pleine semaine assister à l’enterrement. Jean-Michel Aulas a envoyé des fleurs aussi. Je crois que les supporters belges de l’OL sont bien considérés. En déplacement, à Bucarest, il y avait plus de supporters belges de l’OL que de Lyonnais.

Un pronostic pour ce match retour ?

En tant que supporter lyonnais, j’ai envie d’y croire encore, mais ça va être très difficile. J’espère le scénario suivant : on tient le 0-0, on met un but en fin de match, on cadenasse en prolong’ et ça se joue aux pénaltys. Je pense que c’est la seule possibilité pour nous. Mais se qualifier là-bas, ce serait un énorme exploit, avec tous les blessés qu’on a.
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