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80 choses à savoir sur Uwe Seeler

Par Ali Farhat et Côme Tessier
11 minutes
80 choses à savoir sur Uwe Seeler

Aujourd'hui, le 5 novembre 2016, Uwe Seeler fête ses quatre-vingts ans. Un anniversaire que toute l'Allemagne se réjouit de fêter. Car plus que le buteur en série d'Hambourg, Seeler est peut-être le joueur préféré de tout un pays, devenu le papy que tout le monde aimerait avoir. Alors voici quatre-vingts bonnes choses à savoir sur Uwe Seeler, avant de fêter dignement son grand âge par un match du HSV.

1/ Uwe Seeler est né le 5 novembre 1936 à Hambourg, sa ville de toujours et qu’il ne quittera (presque) jamais.

2/ Il est le fils d’Erwin Seeler, un docker du quartier de Rothenburgsort, joueur dans une équipe de foot de travailleurs. Aux Olympiades ouvrières de 1931, il inscrit sept buts contre la Hongrie (9-0). En 1932, Erwin cède aux sirènes du Victoria Hambourg avec son coéquipier Alwin Springer, ce qui est vécu comme une « trahison prolétarienne » par le Hamburger Echo.

3/ Il est le petit frère de Dieter Seeler, âgé de cinq ans de plus. Dieter se passionne aussi pour le football et joue dans plusieurs équipes d’Hambourg. D’Altona au HSV, il est l’auteur de 78 buts en 304 matchs de championnat.

4/ Uwe n’avait donc pas le choix : il devait être buteur. Et meilleur que ses aînés.

5/ Avant le foot, Seeler a tout de même été apprenti comme vendeur spécialiste en expédition.

6/ Durant la guerre, Uwe Seeler aurait dû être enrôlé par le Deutsches Jungvolk (organisation qui dépendait des Jeunesses hitlériennes). Des soldats nazis sont venus chez lui pour le chercher. Son père s’y est violemment opposé. Ils ne sont jamais revenus.

7/ En 1953, il obtient sa première sélection avec les jeunes de la Nationalmannschaft pour un tournoi en Belgique.

8/ Le 29 août 1954, il inscrit son premier but pour le HSV lors de son premier match. Contre le VfB Oldenburg.

9/ Toujours en 1954, à un autre tournoi international de jeunes espoirs de l’UEFA, il claque treize buts parmi les vingt de l’Allemagne.

10/ Uwe Seeler n’avait pas besoin d’être grand pour être bon de la tête. Avec 1m68, il était parmi les meilleurs joueurs de sa génération dans l’exercice.

11/ Ce qui a fait dire à son ami, bien qu’adversaire, Max Lorenz que « Uwe a sauté comme s’il avait des ressorts dans les chaussures » .

12/ Et encore, il n’avait pas toujours besoin de ressorts.

13/ Toutefois, c’est bien pour la qualité de son pied droit qu’il est resté le plus célèbre.

14/ 3, 5×2, 3×5, 15. La taille, en mètres, de la reproduction en bronze du pied droit de Uwe Seeler. À admirer juste devant le Volksparkstadion.

15/ En qualité de joueur du HSV, le père d’Uwe Seeler avait quelques privilèges. Comme celui de pouvoir ramener une gamelle du club-house pour la famille. C’était peu, mais beaucoup plus que ce que l’on pouvait trouver dans les foyers allemands après la guerre.

16/ Ses amis l’appellent « der Dicke » , le gros.

17/ Quand Sportstudio l’invite pour savoir qui frappe le plus fort entre Eusébio et lui, Uwe Seeler règle la question en cassant la machine.

18/ Le 16 octobre 1954, Uwe Seeler connaît sa première sélection en équipe nationale. Lors d’un amical contre la France à Hanovre (1-3), il entre en jeu à la 22e minute à la place de Bernhard Termath.

19/ Il intègre ainsi la Mannschaft peu après la Coupe du monde remportée à Berne.

20/ Il la quitte définitivement en septembre 1970, quelques semaines après le « match du siècle » en demi-finales contre l’Italie. Uwe Seeler a ainsi parfaitement comblé la période de la victoire en Coupe du monde de 54 à celle de 74.

21/ Avec vingt et un matchs joués en Coupe du monde, Uwe Seeler est le premier joueur à franchir la barre des vingt rencontres. Par la suite, il sera égalé par Wladyslaw Zmuda et Diego Maradona, puis dépassé par Paolo Maldini (23), Miroslav Klose (24) et Lothar Matthäus (25).

22/ Lors d’un match contre le Danemark, le 20 septembre 1961, il porte pour la première fois le brassard de capitaine. L’Allemagne s’impose 5-1. Du haut de son mètre 68, Uwe Seeler inscrit un triplé de la tête.

23/ L’une des phrases les plus célèbres du football allemand a été prononcée par Sepp Herberger. Très terre-à-terre, le célèbre entraîneur de la Nationalmannschaft aurait dit un jour à Uwe Seeler : « Tu vois le truc rond, là ? Bah faut le mettre dans le truc avec des coins » ( « Das Runde muss ins Eckige » en VO).

24/ Uwe Seeler était prêt à tout pour son sélectionneur. Invité à Wilhelmshaven en 2015 pour la fondation Herberger, il explique qu’à l’époque, il aurait pu « aller à vélo jusqu’à Munich » en cas d’appel de Sepp Herberger.

25/ En dix-neuf saisons au HSV, Uwe Seeler finira meilleur buteur du club à quinze reprises.

26/ Son meilleur total date de la saison 59/60, lors de laquelle il inscrit quarante-neuf buts toutes compétitions confondues.

27/ Avec Hambourg, il a été neuf fois de suite champion du Nord de l’Allemagne (1955-1963).

28/ Il a été une seule fois champion : en 1960. En finale, le HSV bat l’Eintracht Francfort 3-2. Seeler inscrit deux buts.

29/ Il a été deux fois vice-champion : en 1957 et 1958.

30/ Uwe Seeler est probablement le seul type du HSV apprécié par les supporters du FC Sankt-Pauli. Parce qu’Uwe, ce n’est pas le HSV : c’est Hambourg.

31/ Il est d’ailleurs le seul footballeur à être citoyen d’honneur de la ville hanséatique, aux côtés de personnalités comme l’ancien chancelier Helmut Schmidt ou encore Rudolf Augstein, le fondateur de l’hebdomadaire Der Spiegel.

32/ Et tous les quartiers d’Hambourg sont prêts depuis le début de la semaine pour son anniversaire.

33/ Le 18 février 1959, il se marie avec Ilka Buck. Ils auront trois filles et sept petits-enfants.

34/ Levin Öztunali, qui joue actuellement à Mayence, est l’un de ses petits-enfants.

35/ Levin Öztunali a bien entendu commencé sa carrière au HSV, avant de partir en 2013. Un choix qu’Uwe Seeler a accepté.

36/ De 1995 à 1998, il a été président du HSV. Cela ne s’est pas très bien passé, mais son image n’en a pas été affectée.

37/ Depuis, Uwe Seeler se fait régulièrement « du souci » pour son équipe de cœur. Une expression qui fait marrer toute l’Allemagne.

38/ Et qui possède son site internet.

39/ En 1974, il participe à l’inauguration de la Coupe du monde à Francfort. Dans le rond central, il échange avec son ami Pelé l’ancienne Coupe pour présenter le nouveau trophée. Le Brésil conserve l’ancien à la suite de sa 3e victoire quatre ans plus tôt.

40/ Le 14 août 1963, Hambourg bat Dortmund 3-0 en finale de Coupe d’Allemagne. Uwe Seeler marque les trois buts de la victoire. Seuls Roland Wohlfarth (Bayern, 1986) et Robert Lewandowski (Dortmund, 2012) feront aussi bien que lui.

41/ Avec trente buts, Uwe Seeler est le premier meilleur buteur de la Bundesliga telle que nous la connaissons aujourd’hui. Seulement, à l’issue de la saison 63/64, c’est le 1. FC Cologne qui remporte le titre.

42/ En 1961, Uwe Seeler reçoit une offre de l’Inter Milan. Helenio Herrera le voulait absolument dans son équipe. L’Inter proposa un million et demi de Marks sur trois ans, plus un million de Marks de prime (que Herrera avait lui-même apporté en liquide pour négocier avec Seeler), sans oublier la villa, la voiture de fonctions et les soins médicaux pour toute la famille. Seeler refusa, parce qu’il voulait rester à Hambourg. Et aussi un peu parce qu’il a été convaincu par Adolf Dassler (le boss d’Adidas) de rester.

43/ En 1962, il affronte le Santos de Pelé en amical. Le match se termine par un 3-3. Seeler inscrit un but et fait deux passes décisives.

44/ La célèbre rubrique « Tor des Monats » (but du mois) de l’émission Sportschau a été créée en 1971. Soit un an avant la fin de la carrière de Seeler. Néanmoins, l’éternel buteur recevra la fameuse distinction en juillet 1985, après un joli but lors d’un match caritatif entre des gloires anglaises et allemandes, en faveur des victimes du désastre de Valley Parade, le stade de Bradford City.

45/ Sa carrière terminée, Uwe Seeler a d’ailleurs continué de jouer au football pour plusieurs associations caritatives. Il a notamment monté le Uwe Seeler Traditionself ( « le onze de tradition d’Uwe Seeler » ), qui a réuni une soixantaine d’anciens joueurs pros.

46/ Uwe Seeler, lui, a été sept fois meilleur buteur en Oberliga (la plus haute division en Allemagne avant l’instauration de la forme actuelle de la Bundesliga).

47/ Uwe Seeler a inscrit 404 buts en 476 matchs de championnat. 137 en 239 matchs, si l’on ne compte que les matchs à partir de la saison 63/64.

48/ Si l’on compte toutes les compétitions auxquelles il a participé, Uwe Seeler a inscrit la bagatelle de 490 buts en 603 rencontres. Pas mal.

49/ En 1960, il est le premier joueur à être récompensé par le tout nouveau titre de « footballeur de l’année » en Allemagne.

50/ Il le sera trois fois au total, avec le titre en 1964 et 1970. Seuls Sepp Maier et Michael Ballack peuvent en dire autant, tandis que Franz Beckenbauer est seul avec ses quatre distinctions.

51/ Le 31 mai 1968, il annonce sa retraite internationale au sélectionneur Helmut Schön…

52/ … et revient en Nationalmannschaft un peu plus d’un an après, le 21 septembre 1969 lors d’un match nul 1-1 contre l’Autriche.

53/ Uwe Seeler est un modèle de fair-play, connu pour toujours avoir été correct avec l’adversaire. Mais il y a toujours une exception à la règle. Le 1er décembre 1957, lors d’un match contre Bremerhaven, Seeler, qui n’arrive à rien ce jour-là, tacle rudement Horst Wagenbreth. L’arbitre réalise alors l’impensable, et désigne le chemin des vestiaires à l’attaquant.

54/ Le top 5 de ses buts en Bundesliga est une démonstration de sa qualité et de son jeu complet face au but. Lob subtil et maîtrisé, frappe puissante ou tête plongeante dans la neige : Uwe savait tout faire.

55/ Au cours de sa vie, Uwe Seeler n’a pas été avare de bons mots. Par exemple : « Je décide des grandes choses, et ma femme des petites. Mais pour savoir quelles sont les grandes et quelles sont les petites, ça, c’est ma femme qui décide. »

56/ Allez, encore une citation : « Nous ne sommes plus dos au mur, nous sommes dans le mur. »

57/ Une dernière pour la route : « Les valeurs de la vie, ce sont mes parents qui me les ont transmises. Surtout mon père et ma mère. »

58/ Il a eu sa propre marque de vêtements de sport, sobrement nommée Uwe-Seeler-Moden.

59/ Il est resté en même temps représentant de la marque Adidas pendant plus de cinquante ans, jusqu’au 31 décembre 2011. Il avait alors dépassé les soixante-quinze ans.

60/ Pour conserver ce travail, il a même négocié dans son contrat avec le HSV une journée libre de tout entraînement pour aller voir ses clients.

61/ En 1972, il apparaît au cinéma dans la comédie Willi wird das Kind schon schaukeln. Il y joue son propre rôle, évidemment.

62/ Pour Transfermarkt, il a fait son onze de rêve. Dans cette équipe atrocement offensive, il occupe le rôle d’ailier gauche, avec Fritz Walter dans son dos et Helmut Rahn en pointe.

63/ Quand il se blesse en 1965, tous les experts annoncent sa retraite. Son retour est impossible. Le tendon d’Achille est en trop mauvais état.

64/ Six mois plus tard, il rejoue avec le HSV.

65/ Et pour sa première sélection après la blessure, il envoie l’Allemagne à la Coupe du monde 1966 en marquant le but du 2-1 contre la Suède.

66/ Mais là-bas, Seeler a perdu la finale avec ses copains. La faute à la barre transversale de Wembley.

67/ Le cliché qui représente Uwe Seeler abattu après la finale du Mondial 1966 a été élu « photo du siècle » par le bi-hebdomadaire Kicker.

68/ Uwe lui-même a longtemps entretenu le mystère autour de cette photo, en affirmant qu’elle avait été prise à la mi-temps. En 2012, il a admis dans les colonnes du Spiegel que c’était bien la fin du match.

69/ Il se « vengera » quatre ans plus tard, en marquant le but de l’égalisation face à l’Angleterre en quarts de finale du Mundial 70. Les Anglais menaient 2-0 à la 49e et étaient tellement convaincus qu’ils allaient en demies qu’ils ont sorti Bobby Charlton à la 68e.

70/ Comme Pelé, Uwe Seeler a participé à quatre Coupes du monde (1958, 62, 66, 70). Comme Pelé, il a marqué au moins à chacune d’entre elles. Une seule autre légende a fait aussi bien : Miroslav Klose.

71/ Le 1er mai 1972, il joue son jubilé au Volksparkstadion. Parmi les joueurs qui ont répondu à l’invitation, on retrouve Franz Beckenbauer, Gerd Müller, Karl-Heinz Schnellinger, Eusébio, Gordon Banks, Bobby Moore, Bobby Charlton, Gianni Rivera ou encore George Best. Seul Pelé n’a pas pu venir.

72/ Son équipe du HSV perd le match largement, 3-7. Heureusement, ce n’était pas vraiment son dernier match…

73/ Car Uwe Seeler n’a pas joué que pour le HSV. Le temps d’un match, il a également porté le maillot du Cork Celtic, en Irlande. Le 23 avril 1978, Seeler marque les deux buts de son équipe lors de la défaite 5-2 face aux Shamrock Rovers. Ce que Seeler ignorait, c’est qu’il ne s’agissait pas d’un match amical, mais d’une rencontre officielle.

74/ En 2003, il a publié son autobiographie. En homme sympathique, il a tenu à remercier son sport dans le titre. « Merci, le football ! »

75/ Le 9 septembre 1970, Uwe Seeler dispute son 72e et dernier match pour la Nationalmannschaft. Une rencontre qui lui permet de devenir le joueur le plus capé de l’histoire de l’équipe d’Allemagne. Un record qui datait de 1948 et qui était détenu jusque-là par Paul Janes (et qui sera battu trois ans plus tard par Franz Beckenbauer).

76/ Uwe n’est que jeunesse. La preuve : il joue dans le clip de Beginner, le groupe du célèbre Jan Delay (à partir de 1:04).

77/ Il va de soi que Uwe Seeler est l’idole de tout un peuple. Et qu’il a reçu les plus hautes distinctions du pays. Parmi lesquelles la Silbernes Lorbeerblatt (feuille de laurier en argent, plus haute récompense pour un sportif), ainsi que l’Ordre du mérite de la République fédérale d’Allemagne, au rang de commandeur. C’est le premier sportif à recevoir la plus haute distinction du pays.

78/ Uwe Seeler est Ehrenspielführer (capitaine d’honneur) de la Nationalmannschaft, au même titre que Fritz Walter, Franz Beckenbauer et Lothar Matthäus, qui eux étaient capitaines quand l’Allemagne est devenue championne du monde. Et Jürgen Klinsmann.

79/ Uwe Seeler n’a jamais connu le HSV en 2. Bundesliga. Comme nous tous.

80/ « Uns’ Uwe » (notre Uwe) est éternel.

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