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54 choses à savoir sur Fritz Walter

Par Ali Farhat
54 choses à savoir sur Fritz Walter

Si Fritz Walter restera à jamais associé au « Miracle de Berne » ainsi qu'au 1. FC Kaiserslautern, il a toutefois vécu plein de choses dans sa vie : la guerre, la maladie, la joie, la tristesse... Il y en a, des choses à raconter sur celui qui est devenu un mythe.

1. Né en 1920 à Kaiserslautern, Friedrich « Fritz » Walter était l’aîné d’une fratrie de cinq enfants. Ses sœurs s’appelaient Gisela et Sonja, ses frères Ludwig et Ottmar.

2. Tout comme Fritz, Ludwig et Ottmar ont joué pour le 1. FC Kaiserslautern. Si Ludwig n’a jamais vraiment percé, Ottmar, lui, a réalisé une très jolie carrière : 295 buts en 275 matchs pour le 1.FCK, deux titres de champion d’Allemagne (1951 et 1953) et surtout, tout comme son frère, il était sur le terrain à Berne ce fameux 4 juillet 1954…

3. Le père de Fritz a tenu l’auberge du 1.FCK (qui s’appelait autrefois FV Kaiserslautern) pendant 40 ans. L’auberge existe toujours, sous le nom « Stammhaus Walter Elf » .

4. La mère de Fritz était originaire de Berlin. Comme elle parlait bien le haut-allemand, elle était respectée. C’est ainsi qu’elle a pu obtenir des chaussures de foot pour son petit de la part du FV Kaiserslautern, ce que n’a pu faire le VfR, l’autre club de la ville, alors plus fort. La destinée du petit Fritz était alors toute tracée.

5. Petit, Fritz Walter jouait arrière droit. Mais très vite, on s’est rendu compte des talents du bonhomme, et on l’a mis un peu plus devant, et jouera la plupart du temps « inter gauche » .

6. À 16 ans, Fritz Walter était tellement talentueux que le 1. FC Kaiserslautern voulait le faire jouer en équipe première. Seulement, un médecin l’en a défendu, prétextant que Fritz était trop maigre. Fort heureusement, la famille Speyerer, qui tenait une boucherie dans le coin, est venue à la rescousse du petit, et lui a fait manger de la viande tous les jours pendant un an.

7. À côté de ça, Fritz se rendait à vélo à l’entraînement du matin, puis rentrait chez lui se doucher, allait au travail (il bossait à la caisse d’épargne locale), et retournait ensuite à l’entraînement. Résultat : il joue son premier match avec les grands en 1938.

8. Lors de son premier match avec Lautern, face au SV Niederauenbach, Fritz Walter a inscrit quatre buts.

9. Avec Lautern, Fritz Walter a très souvent porté le numéro 8. En équipe nationale, il avait le 16.

10. Non loin du domicile des Walter, un homme tenait un kiosque à journaux. Bien qu’à l’époque, le chocolat était cher, l’homme avait proposé une tablette de chocolat à Fritz à chaque fois que celui-ci marquerait un but. Un jour, Fritz a marqué à sept reprises. L’homme lui a filé les sept tablettes qui lui devait, et a décidé de mettre un terme au pari.

11. Le 14 juillet 1940, Fritz Walter honore sa première sélection. À Francfort, les Allemands battent la Roumanie 9-3. Walter signe un triplé.

12. Le 15 mars 1942, le 1. FC Kaiserslautern déglingue le FK Pirmasens lors d’un match de Gauliga. Score final : 26-0. Fritz Walter marquera 13 buts.

13. Appelé par la Wehrmacht le 5 décembre 1940, Fritz Walter stationnera dans un premier temps à Kaiserslautern, avant d’être envoyé en Lorraine. Entre avril et juin 1943, il jouera d’ailleurs pour le TSG Diedenhofen (aujourd’hui FC Thionville). Un club par lequel passeront quelques décennies plus tard les non moins célèbres Stéphane Borbiconi et Cyrille Pouget.

14. Fritz Walter n’avait que faire de la politique. Hitler, le nazisme, tout ça ne l’intéressait pas vraiment.

15. Durant la guerre, Fritz Walter jouera essentiellement pour les « Rote Jäger » (chasseurs rouges), une formation créée par l’Oberst Hermann Graf, de la Luftwaffe. Avec le temps, cette formation (entraînée par le Reichstrainer Sepp Herberger) est devenue un moyen de protéger les internationaux allemands de l’époque.

16. Composée de joueurs internationaux comme Fritz Walter, Hermann Eppenhoff, Josef Stroh ou encore Alfons Moog, l’équipe des Rote Jäger était injouable. Elle a remportée la grande majorité de ses matchs, et n’a connu que deux défaites cinglantes : contre la Lutwaffe SV-Hamburg (5-1, 19/03/1944) et contre l’équipe de Hongrie (5-2, 07/05/1944).

17. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Fritz Walter se fait choper avec ses camarades et est envoyé dans un camp de prisonniers en Roumanie, à Sighetu Marmatiei. Pour s’occuper, les gardes jouent au foot, non loin des prisonniers. Un jour, une balle parvient à Fritz Walter, qui dans un premier temps la remet proprement. Le cuir finit par revenir, Fritz Walter se jette dessus, rentre sur le terrain avec et, malgré ses bottes de prisonnier, balance une belle frappe qui finit entre les bonnets formant le but. Epatés, les gardes lui demandent s’il joue au foot. Walter répond que oui, et qu’il a aussi joué en équipe nationale. C’est alors qu’un Hongrois le reconnaît (il l’a vu lors de la victoire 5-3 face à la Hongrie en 1942) et décide de l’emmener devant le Maréchal Joukov. Celui-ci, passionné de football, lui épargne le goulag. Fritz Walter et son frère Ludwig (lui aussi prisonnier) rentreront chez eux le 28 octobre 1945.

18. Après la guerre, le 1. FC Kaiserslautern opte pour une tenue tout en rouge, en hommage à Fritz Walter et aux « Rote Jäger » .

19. La femme de Fritz Walter s’appelait Italia Bortoluzzi. Pas besoin de dire de quel pays elle est originaire.

20. Traductrice-interprète pour les Alliés, Italia Bortoluzzi se retrouvera à Kaiserslautern après la guerre. Elle rencontrera Fritz Walter en 1948, et se marieront juste après.

21. Sepp Herberger n’aimait pas Italia. Il aurait d’ailleurs dit un jour : « Elle ne sait pas faire la cuisine, elle ne sait pas coudre, elle va nous ruiner notre Fritz ! » Sepp Herberger sera néanmoins le témoin de mariage de Fritz Walter.

22. Néanmoins, c’est un peu grâce à elle si Fritz Walter a refusé plusieurs offres venant de l’étranger, notamment de Nancy ou encore de l’Atlético de Madrid (qui lui proposait, outre moults avantages, 500 000 Marks sur deux ans). Aujourd’hui encore, Italia Walter est considérée comme la première « femme de joueur » en Allemagne.

23. Avec le 1. FC Kaiserslautern, Fritz Walter finira deux fois champion d’Allemagne : en 1951 et 1953.

24. Le 1. FC Kaiserslautern était intraitable dans sa zone, l’Oberliga Südwest : outre 1952, les Rote Teufel (Diables rouges) ont remporté tous les championnats de 1947 à 1957.

25. Forte de ses succès, l’équipe du 1. FC Kaiserslautern sera surnommée « die roten Teufel » (les Diables rouges) ou encore « Walter-Elf » (le onze de Walter).

26. Durant la guerre, Fritz Walter a chopé la malaria. Par la suite, il aura beaucoup de mal à supporter la chaleur. Par chance, la finale de la Coupe du monde 1954 s’est déroulée sous la pluie. La légende voudrait que Sepp Herberger soit allé voir Fritz Walter et lui ait dit : « Fritz, c’est un temps [idéal] pour vous » . Ce à quoi Walter a répondu : « Chef, je n’ai absolument rien contre » . Depuis, on parle de « Fritz Walter sein Wetter » (le temps de Fritz Walter).

27. Nerveux, Fritz Walter passait beaucoup de temps aux toilettes avant les matchs. Il n’en sortait que quelques instants avant le coup d’envoi.

28. Outre Fritz Walter, ils sont quatre issus du 1. FC Kaiserslautern à avoir disputé la finale de 1954 : Werner Kohlmeyer, Werner Liebrich, Horst Eckel et Ottmar Walter.

29. À la suite de la victoire de 1954, Fritz Walter a été considéré comme l’un des « pères fondateurs de la République Fédérale d’Allemagne » , au même titre que le chancelier Konrad Adenauer.

30. « Fritz Walter a rendu l’image des Allemands un peu plus sympathique dans le monde » (Johannes Rau, ancien président de la République Fédérale d’Allemagne).

31. Le 6 octobre 1956, devant 120 000 personnes, Fritz Walter inscrit un but venu d’ailleurs lors d’un match amical à Leipzig face au SC Wismut Karl-Marx-Stadt (aujourd’hui Erzgebirge Aue). Un coup du scorpion sur un centre de son frère Ottmar qui sera considéré comme le « but du siècle » et dont il n’existe malheureusement qu’un cliché.

(Crédits: Peter Beyer)

32. Le dernier match international de Fritz Walter sera la demi-finale de la Coupe du monde 1958 face à la Suède. À la 75e minute, alors que le score est de 1-1, Walter se fera salement découper par Sigge Parling. Blessé à la cheville, il ne reviendra pas sur le terrain. La Suède marquera deux fois dans les dix dernières minutes du match. Au total, Fritz Walter aura joué 61 fois pour l’équipe d’Allemagne (dont 30 fois en tant que capitaine) et aura marqué à 33 reprises, ce qui fait de lui le 10e meilleur buteur de tous les temps en sélection.

33. Fritz Walter jouera son dernier match avec le 1. FC Kaiserslautern le 20 juin 1959. Une rencontre de gala contre le Racing Club de Paris remportée 4-2 par Lautern. Il aura joué 384 rencontres pour son club de cœur, inscrivant 327 buts.

34. Juste après sa carrière, Fritz Walter s’est retrouvé comme directeur du service après-vente d’une usine de meubles rembourrés, non loin de la ville d’Ulm.

35. Une autre figure connue travaillait dans cette entreprise : Jupp Posipal, lui aussi un des « héros de Berne » .

36. Durant cette virée dans le sud, Fritz Walter a pris en charge le club du VfL Neustadt/Coburg. Seulement, l’aventure a tourné court : le VfL, qui jouait en 2e division (zone sud) a failli être relégué. Du coup, les dirigeants se sont séparés de leur entraîneur.

37. En vrai, Fritz Walter n’a jamais voulu entraîner. Trop de pression. Sepp Herberger a tenté de le convaincre de reprendre la sélection après lui, en vain.

38. Après sa carrière, Fritz Walter a notamment représenté Adidas et écrit des bouquins.

39. Il possédait également une salle de cinéma, l’Universum, ainsi qu’une laverie.

40. Par respect et amour pour son ancien sélectionneur (qui était plus qu’un père pour lui, selon sa femme Italia), Fritz Walter a également représenté la fondation Sepp Herberger, qui s’occupe (entre autres) de resocialiser les détenus une fois sortis de prison. Pour ce faire, Fritz Walter a visité plus de 200 établissements pénitentiaires.

41. Fritz Walter avait peur de l’avion. C’est pourquoi il s’est rendu aux USA en bateau.

42. Néanmoins, en 1962, il a dû s’envoler pour le Chili pour accompagner les gagnants d’un jeu-concours en marge de la Coupe du monde. Alors que Walter n’arrêtait pas de demander quand est-ce que l’on arriverait en Amérique du Sud, le journaliste Rudi Michel, assis à côté de lui, avait trouvé une méthode pour le faire patienter : il retirait à chaque fois deux heures sur la durée du trajet.

43. En hommage à celui qui fut leur plus grand joueur, les dirigeants du 1. FC Kaiserslautern décidèrent en 1985 de changer le nom du stade, le Betzenberg, en « Fritz-Walter-Stadion » . 44. En Allemagne, le Fritz-Walter-Stadion est d’ailleurs le seul stade de plus de 30 000 places (il y en a 29) à porter le nom d’un ancien joueur.

45. Depuis 2005, la Fritz-Walter Medaille est décernée par la DFB aux meilleurs jeunes dans les catégories U17, U18 et U19, ainsi que chez les meilleurs juniors filles. Parmi les lauréats qui ont fait carrière, on trouve Lars Bender (2006, U17), Kevin-Prince Boateng (2006, U19), Benedikt Höwedes (2007, U19) Toni Kroos (2008, U18), Mario Götze (2009, U17 et 2010, U18) ou encore Marc-André ter Stegen (2011, U19). Chez les filles, on peut citer Anja Mittag (2005) ou encore Babett Peter (2007).

46. Parmi les joueurs qui se sont perdus, on citera notamment Sergej Evljuskin (2005, U17 et 2006, U18) ou encore Marko Marin (2007, U18).

47. À Stuttgart, il y a eu non pas un, mais deux Fritz Walter. L’un a été président du VfB de 1944 à 1968, l’autre a été attaquant du club de 1987 à 1994, inscrivant au passage 102 buts en 216 rencontres de championnat pour le club souabe, et finissant même meilleur buteur de la Bundesliga 91/92 avec 22 buts, devant Stéphane Chapuisat et Roland Wolfarth.

48. Comme il n’y a pas de hasard dans la vie, Fritz Walter (le jeune) a été découvert par… Fritz Walter.

49. Fritz Walter s’est souvent rendu au stade pour aller voir jouer « son » 1. FC Kaiserslautern. Néanmoins, c’était trop dur pour lui sur la fin. Trop de pression. Trop d’émotion.

50. De même, il ne pouvait plus regarder les matchs de l’équipe d’Allemagne. Il allait dans sa chambre, sa femme regardait les matchs et les commentait pour lui.

51. Italia Walter est morte le 14 décembre 2001 à l’âge de 80 ans.

52. Fritz Walter est mort le 17 juin 2002 à l’âge de 81 ans. Des milliers de fans du joueur comme de l’homme se rendront à son enterrement.

53. Un musée Fritz Walter a ouvert à Enkelbach-Alsenborn (à l’est de Kaiserslautern), là où les Walter avaient élu domicile.

54. S’il ne fallait garder qu’une citation de Fritz Walter, celle qui décrit le mieux le personnage, ce serait celle-ci : « Nous avons vécu la plus belle période qu’ait connu le football, une époque où régnait un esprit familial et de franche camaraderie » .

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