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- 40 ans de Ronaldo
40 bougies pour Ronaldo – Partie 1
À l'occasion des quarante ans de Ronaldo, quarante personnalités du foot (joueurs, entraîneurs, commentateurs) nous ont parlé de leur souvenirs du Fenomeno. De son ancien coéquipier à l'Inter Iván Zamorano à Sonny Anderson, en passant par Mark Iuliano, Sébastien Frey, Adrien Regattin, Bernard Genghini ou encore Marco Ballotta. Première partie, les vingt premiers.
1. Felipe Saad
Footballeur brésilien (RC Strasbourg)
« Ronaldo, c’est vraiment le joueur de mon enfance, comme pour beaucoup de Brésiliens de ma génération. Pour nous, c’est une idole absolue. D’ailleurs, je pense qu’au Brésil, tous ceux qui ont moins de trente-cinq ans, ou dans ces eaux-là, le considèrent comme le plus grand joueur.
Et puis il faut avoir conscience que c’est un joueur qu’on a eu énormément de mal à remplacer, car après lui, la Seleção a peiné à trouver un attaquant de son calibre, il a fallu attendre l’émergence de Neymar, finalement. Personnellement, je trouve que c’est le joueur le plus intemporel qui existe, tu as l’impression qu’il aurait pu s’adapter à n’importe quelle époque, n’importe quel football, il faut savoir qu’il a été très avant-gardiste dans sa façon de jouer, en alliant vitesse et technique comme ça, je trouve qu’on ne voyait pas trop ça avant lui. Au Brésil, on a toujours suivi sa carrière à la manière d’une novela, les fameux feuilletons brésiliens, entre ses blessures, ses retours, ses buts, ses trophées, ses histoires extra sportives, on a toujours suivi tout ce qui lui arrivait. L’image qui me revient de lui, c’est quand il sort sur blessure en tentant son passement de jambes, c’était vraiment triste à regarder, même si je garde aussi l’image de son doublé en 2002, un souvenir beaucoup plus joyeux. L’un de mes plus gros regrets reste d’ailleurs de ne l’avoir jamais affronté. Pour un footballeur modeste comme moi, ça aurait été un tel honneur. Je ne l’ai jamais rencontré non plus, mais bon, peut-être que ça arrivera un jour, sait-on jamais. »
2. Grégoire Margotton
Commentateur sur TF1
« C’est le meilleur attaquant de l’histoire du foot, tout simplement. J’ai vu un paquet de joueurs dans ma carrière, mais jamais deux comme lui.
Je me souviens l’avoir vu au tournoi de France, dans les années 1990, quand il devait avoir dix-huit ans, je revois encore sa tête de gamin avec ses dents écartées, toujours le sourire, et évidemment il était déjà la star de l’équipe. Un statut qu’il aura toujours assumé. Je pense que tous les dix ans, il y a un sportif qui change son sport, à la manière d’’Usain Bolt par exemple, et Ronaldo est de ceux-là. Ça a été l’un des premiers à combiner avec autant d’excellence la puissance, la vitesse et la technique. Il a réinventé le poste d’attaquant, en quelque sorte. Il y a quelque chose d’assez révélateur, c’est que tu demandes à tous les grands joueurs qui l’ont côtoyé, ils te diront que c’est lui le meilleur. Tous.
Et puis il ne faut pas oublier que tout ce qu’il a réussi à faire, il l’a fait malgré deux graves blessures au genou, sans doute que sans ça, sa carrière aurait pu être encore plus grande, mais bon il n’avait sûrement pas l’hygiène de vie nécessaire (rires). L’image que je garde ? C’est évidemment ce but où il part de quarante mètres, résiste au retour de deux défenseurs qui le prennent en étau et s’en va marquer. Tout simplement incroyable. »
3. Iván Zamorano
Ancien coéquipier de Ronaldo à l’Inter
« Pour moi, et je l’ai toujours dit, le meilleur joueur avec qui j’ai joué, c’est Ronaldo. J’ai joué avec Michel, Butragueño, Laudrup, Salas, Baggio, Djorkaeff, Raúl, Suker, Vieri.
J’ai joué avec les plus grands du monde. Mais lui, c’était le meilleur, indiscutable. Quand il est arrivé à Milan, c’était magique, « Il fenomeno« . « Il fenomeno c’e l’abbiamo noi, sono cazzi vuoi. » C’était le chant de l’Inter ! Extraordinaire, Ronaldo, c’est un enfant qui joue au foot, un enfant qui s’amuse. La première année, quand Ronaldo arrive du Barça, je continue à porter le numéro 9. Lui jouait avec le 10. Après le Mondial 98, il se sentait très mal, il a fini à terre, un peu déprimé. Alors on s’est réuni avec Moratti et Sandro Mazzola, et on a décidé de lui donner le 9. D’ailleurs, c’est là qu’on a inventé le 1+8. Toute ma vie, j’avais joué avec le numéro 9, c’était une superstition si tu veux, mais je ne pouvais pas y renoncer. On s’est demandé comment on pouvait faire pour solutionner ce problème, et là j’ai proposé cette solution du 1+8. Massimo Moratti a demandé la permission à la Ligue, il a fait un courrier officiel et on a eu l’autorisation. Ronaldo a beaucoup influencé le foot mondial. Avec Marcelo Salas, on nous appelait Sa-Za. Cela est né car à l’époque, au Brésil, il y avait Romário et Ronaldo qu’on appelait Ro-Ro, et donc, en comparaison, la presse chilienne, pour répondre avec humour, nous a appelé Sa-Za. »
4. Édouard Cissé
Ancien footballeur
« C’est le seul footballeur que j’avais en poster au-dessus de mon lit quand j’étais adolescent et que je jouais à Pau. Pourtant, je n’ai jamais été dans l’idolâtrie avec qui que ce soit, mais lui, c’était différent, c’était tellement un tueur.
En plus le mec n’a que deux ans de plus que moi, mais bon, tu te rends vite compte que tu ne fais pas le même métier (rires). Quand j’arrive au PSG en 1997, à l’issue de la saison, il y a la finale de la Coupe de l’UEFA au Parc entre l’Inter et la Lazio. Et bah, dis-toi que j’ai fait le déplacement de Saint-Germain-en-Laye juste pour venir assister à son entraînement la veille du match, c’était interdit au public, mais en tant que joueur du PSG, on était arrivés à se démerder. Et je peux te dire qu’à l’entraînement, le mec, c’était un branleur fini, il était là à ne rien faire, juste à se marrer. En revanche, à la fin quand ils ont fait une opposition, là tu fais : « ah ouais, putain ! » Le mec était juste trop fort. Et puis le lendemain, il a quand même fait l’amour à la défense de la Lazio. J’ai eu l’occasion de l’affronter avec Monaco et c’est pareil, sur le terrain il ne branlait rien, toujours à traîner derrière Squillaci et Rodríguez, mais en revanche dès qu’il accélérait, pfff… peu importent les blessures et les cinq kilos en trop… Vampeta était super pote avec lui, et quand on jouait ensemble au PSG on s’est déjà fait un barbeuc chez lui avec Ronaldo. Le mec était là, tranquille, il tournait à la bière. Et franchement, le type, en tant que personne, c’est une bombe atomique. Adorable, toujours la banane. Tu as déjà entendu quelqu’un dire du mal de Ronaldo ? Bah non. »
5. Hervé Mathoux
Présentateur du Canal Football Club
« Je me souviens d’avoir fait sa première interview à la télévision française lorsqu’il jouait au PSV, ça devait être en 1994, il me semble.
On avait une rubrique sur les jeunes espoirs français, mais après être tombé sur une vidéo où il marquait des buts hallucinants, j’avais demandé à la chaîne de faire une entorse à la règle pour aller rencontrer Ronaldo au Pays-Bas. Et on avait donc fait une interview avec lui à la sortie de l’entraînement, il était d’ailleurs vachement surpris qu’une chaîne française s’intéresse à lui à cette époque. L’image que je garde de lui, c’est évidemment ce but contre Compostela, alors certes ce n’est pas très original, mais je me souviens m’être fait la réflexion qu’on avait vraiment découvert un extraterrestre, un mec capable de jouer tout seul et de faire gagner son équipe. Certes Platini, Cruyff ou Maradona portaient leurs équipes respectives, mais je trouve, et c’est peut-être faux, qu’ils s’inscrivaient plus dans un collectif.
Là, pour la première fois tu découvrais un joueur qui n’avait besoin de personne. Un peu comme quand tu joues dans la cour de récré avec ce gamin largement plus fort que les autres qui s’amuse à dribbler tout le monde. Sauf que lui, il faisait ça en Liga, putain. À vitesse réelle, tu ne pouvais parfois pas voir le dribble qu’il venait de faire, c’était impressionnant. Et pour couronner le tout, le gars a toujours eu cette image de mec sympa, agréable. »
6. Sébastien Pérez
Ancien footballeur
« »Il Fenomeno ! » Il portait tellement bien son surnom, en plus. J’ai eu la chance de jouer deux fois contre lui avec l’OM en Coupe d’Europe, et en vrai il était encore plus impressionnant.
Ce qui frappait le plus quand tu jouais contre lui, c’était son changement de rythme, car évidemment, ce n’est pas le mec qui courait 60km dans une rencontre, mais dès qu’il sentait qu’il allait être servi, surtout dans cette équipe des Galactiques, il accélérait et là, c’était terminé, tu ne le revoyais plus. J’ai encore eu la chance de jouer contre lui récemment lors d’un match de charité organisé par l’ONU à Geoffroy-Guichard, et ce qui est fou, c’est que malgré son surpoids, il a encore un coup de rein incroyable. Et quand tu vois la masse qu’il a à déplacer, mais tu hallucines qu’il puisse faire ça. Je ne lui ai pas parlé, car, honnêtement, je le voyais avec mes yeux de gamin tellement je suis fan du mec. Je trouve vraiment que c’est l’un des plus beaux exemples à suivre dans le football, car malgré son talent hors normes, le mec est toujours resté simple, humble. Il a toujours été irréprochable, même sur le terrain quand tu vois le nombre de coups qu’il a pris, il n’a jamais pété un câble ou eu de gestes déplacés, jamais. »
7. Robert Nouzaret
Ancien entraîneur
« C’est évidemment un grand joueur et incontestablement l’un des plus grands attaquants de l’histoire, je ne sais même pas combien il a marqué de buts. Je me souviens de lui à travers ses matchs, ses buts et surtout à travers son intelligence dans la surface de réparation. Et puis je trouve que quand on parlait de Ronaldo, on parlait essentiellement de football et non pas des problèmes extra-sportifs comme ça a pu être le cas pour un tas d’autres joueurs. »
8. Bernard Genghini
Ancien international français et actuel membre du comité directeur du FC Mulhouse
« Ce qui m’a le plus marqué, ça reste sa saison à Barcelone, quand il arrive en provenance du PSV. Cette année-là, il était vraiment en pleine possession de ses moyens et ça se voyait à chaque match, il inventait constamment des dribbles, des feintes. Et puis, bien sûr, il y a le fameux match où il part de quarante mètres pour aller inscrire ce but mémorable. À Barcelone, il était vraiment au sommet de son art. Derrière malheureusement, il a été pas mal handicapé par les blessures, mais malgré tout, il s’est battu pour revenir
et il est d’ailleurs parvenu à retrouver un bon niveau, mais jamais celui qui fut le sien au Barça. Pour moi, il n’est pas au niveau de Cruyff, Pelé, Maradona, Platini ou même Messi, mais après c’est sûrement dû au fait que les blessures l’ont éloigné longtemps des terrains, sa carrière a connu de sacrés creux, mais ce qui est beau, c’est qu’il n’a jamais abandonné là où certains auraient peut-être abdiqué. »
9. Christian Lopez
Ancien international français
« Bon bah, c’est bien sûr un très bon joueur qui fait évidemment partie des meilleurs au monde. Ah mais attends, tu me parles de Ronaldo le Brésilien, là ?
Ah ouais, je me disais aussi : « Il a déjà quarante ans Cristiano ? » (Rires) C’est vrai que maintenant quand tu me dis Ronaldo, je vais plus penser à Cristiano, mais bon c’est surtout dû au fait que le Brésilien a arrêté sa carrière depuis quelques années déjà. Si les deux sont comparables ? Non, ce n’est pas le même jeu, il y en a un qui est un vrai avant-centre à l’état pur et l’autre qui joue plus sur le côté, même si les deux ont des caractéristiques communes comme la vitesse et l’explosivité. Mais sinon, oui, bien entendu que Ronaldo était un grand joueur. Un des meilleurs attaquants au monde, très adroit devant le but, complet. Un joueur agréable à voir jouer, clairement. »
10. Pablo Contreras
Ancien international chilien
« Ronaldo est l’adversaire le plus fort que j’ai affronté. La première fois, c’était lors de la Copa América 99 au Paraguay et ça avait été très dur, puis il y a eu la défaite 5-0 en 2005 avec le Chili. C’est quasiment impossible de trouver un joueur qui allie une telle qualité technique, au niveau du dribble notamment, à une telle puissance. C’est très difficile de deviner ce qu’il va faire, et le plus frustrant, c’est que je crois qu’après quelques matchs contre lui, j’arrivais à lire son jeu, mais même en sachant ce qu’il allait faire, il le faisait quand même et j’étais impuissant la plupart du temps. »
11. Adrien Regattin
Footballeur
« Le phénomène ! Le vrai. C’est bien simple, Ronaldo, c’est le joueur qui m’a fait le plus kiffer dans mon enfance, avec Ronaldinho aussi.
Je peux te dire que dès que j’allais jouer au city stade de mon quartier, je voulais être l’un ou l’autre, direct. C’est le premier joueur brésilien que j’ai connu et j’étais fasciné par tous les gestes techniques qu’il faisait, dès qu’on le voyait faire avec mes potes, on prenait un ballon et on allait essayer de reproduire ses gestes. Mais on essayait seulement, hein (rires). Tu te rappelles en 2002, quand il gagne la Coupe du monde, la coupe de cheveux qu’il avait ? Eh bah, je vais pas te mentir, je me l’étais faite (rires),
et dans mon quartier, on devait bien être dix à l’avoir tentée. Quand tu la vois maintenant, c’est vrai qu’elle fait mal, mais bon, on avait onze ans, on ne calculait pas, on s’en foutait. J’ai eu son maillot aussi, bon c’était le faux, hein, mais c’était quand même le maillot de Ronaldo. Son plus beau geste, je crois que c’est la virgule qu’il met contre la Lazio (sur Guerino Gottardi, et non pas sur Nesta, comme on a tendance à le penser, ndlr) en finale de la Coupe de l’UEFA 98. Celle-là, pfff… »
12. Christian Jeanpierre
Présentateur Téléfoot
« En un mot : classe. La très grande classe, même. Celle que l’on n’achète pas au coin de la rue ! Celle que l’on n’achète pas du tout, d’ailleurs.
Là, spontanément, j’ai l’image d’un triplé, qu’il avait inscrit avec le PSV Eindhoven, que nous avions passé à Téléfoot. C’était un peu la naissance du phénomène… Et puis, bien sûr, il y a ce but de Terminator face à Compostelle : une course de cinquante mètres, des joueurs qui ressemblent à des Playmobil ; bref, l’impression de voir un extraterrestre. Et puis, par ailleurs, ce mec a toujours été un grand seigneur, sur comme en dehors du terrain. Jamais aucune embrouille avec les arbitres, rien. Je garde un immense regret par rapport à sa blessure au genou. Clairement, il y aura eu deux périodes, un avant et un après. Quel dommage qu’il n’ait pas été épargné par les blessures, car très peu d’attaquants ont un sens du but aussi prononcé… Franchement, j’ai vraiment adoré ce joueur. »
13. Sébastien Frey
Ancien coéquipier de Ronaldo à l’Inter
« J’ai eu la chance de côtoyer beaucoup de grands joueurs, que ce soit en tant que coéquipiers ou adversaires, et Ronaldo restera le meilleur. Mais vraiment le meilleur. Tous joueurs confondus.
Quand on faisait les petits jeux de fin d’entraînement à l’Inter, en 1998 – et là, je te parle de l’Inter de Roberto Baggio, Zamorano, Djorkaeff ; bref, la grande Inter –, généralement, tu composes les équipes en commençant par les gardiens, et bah là non, à chaque fois le premier mec prenait Ronaldo. Moi, j’ai vu des joueurs littéralement s’arrêter pour regarder ce qu’il faisait avec le ballon. Il était vraiment unique, surtout que 1998, c’est avant sa blessure, et là il était vraiment au top. Pour défendre sur lui, tu étais obligé de faire faute, sinon c’était impossible. Suffit de regarder des compilations de lui, c’est une folie, les mecs finissent sur les fesses, hein. D’ailleurs, malgré toutes les stars qu’on avait dans l’équipe, tu sais que les supporters venaient avant tout pour voir jouer Ronaldo, car c’était le spectacle assuré, et en plus un spectacle productif puisqu’il marquait beaucoup. Franchement, c’est le joueur le plus complet que j’ai vu : puissance, rapidité, technique, intelligence. À l’époque, c’était ultra rare de voir un joueur qui avait toutes ses caractéristiques là.
D’ailleurs, si je faisais partie d’un centre de formation, je passerais en boucle des vidéos de Ronaldo pour montrer ce qu’est un joueur complet. Il faut aussi avoir conscience que le mec est l’un des premiers à avoir fait exploser le merchandising autour des joueurs, les gros spots publicitaires, les chaussures personnalisées, le modèle de chaussures unique, ça été un pionnier dans ces choses-là. Et malgré tout ça, il était d’une modestie et d’une gentillesse incroyables. Tiens, je me souviens qu’en 1998, quelques jours avant Noël, il a fait venir un gros camion Nike au centre d’entraînement où il y avait des cadeaux pour tous les joueurs, que ce soit les stars de l’équipe ou les minots comme moi, et même les membres du staff, les soigneurs et tout, tout le monde, quoi. On avait eu chacun le droit à plusieurs cadeaux, comme une paire de chaussures, une montre, un survêtement et d’autres produits dans le genre. Et ça, il l’a fait tout seul, de sa propre initiative, ça te montre un peu le genre de mec qu’il était. Une fois, quand il jouait à Madrid, je sais que pour son anniversaire, il avait loué un jet privé et avait emmené tous les joueurs de l’équipe dîner à Paris. Alors ok, financièrement il est large, mais rien ne l’oblige à faire de tels gestes.
De toute façon, c’est impossible d’entendre quelqu’un parler de lui en mal. Déjà le joueur, j’ai du mal à comprendre qu’on puisse ne pas l’aimer, mais alors l’homme, c’est strictement impossible. Tous les gens qui l’ont côtoyé le diront. S’il faisait beaucoup la fête ? Honnêtement, je n’ai pas le souvenir d’un mec qui sortait tant que ça. En revanche, il aimait bien organiser des repas chez lui, où on bouffait, on se marrait, c’était une super ambiance. Et puis de toute façon, même s’il se fait un repas de plus que les autres ou qu’il boit une bière de plus, le week-end venu tu vas lui dire quoi ? C’était toujours l’homme du match, le mec qui répondait présent, tu ne pouvais rien lui reprocher. »
14. Robert Pirès
Ancien international français et consultant beIN Sports
« C’était le plus fort ! Il était en avance sur tout le monde, que ce soit au niveau de la vitesse ou des dribbles. Pour moi, il a révolutionné le football, en quelque sorte.
En 1998, quand on apprend qu’il est malade juste avant la finale, nous on était contents, hein, on ne va pas se mentir. On ne pouvait pas l’arrêter, ce type-là. Il y a une scène dans Les Yeux dans les Bleus où Marcel (Desailly) et Tutu (Lilian Thuram) expliquent à Frank (Lebœuf) que quand il commence à faire des passements de jambes, au bout d’un moment, tu ne vois plus le ballon, et puis juste derrière, tu ne le vois plus lui non plus. Si on avait un joueur du même niveau en équipe de France à ce moment-là ? Non. Clairement, non. Il était dans une autre dimension. Comme on aime bien dire dans le football : il a cassé un paquet de reins. Il doit d’ailleurs en avoir une bonne collection chez lui (rires). Je l’ai rencontré sur des matchs de charité, et le mec est fidèle à lui-même, toujours souriant, de bonne humeur. Tous les mecs que je connais qui l’ont côtoyé ne m’en ont dit que du bien. »
15. Nicolas Puydebois
Ancien footballeur
« Quand tu me dis Ronaldo, tout de suite, je pense à un passement de jambes. Il maîtrisait tellement bien ce geste, d’ailleurs il a mis un paquet de défenseurs sur le cul avec ça.
Quand t’es défenseur et que tu tombes sur les fesses à la suite d’un dribble, ça doit être très dur à vivre (rires). Et puis le truc, c’est que contrairement à certains joueurs qui maîtrisent le geste, mais qui partent toujours du même côté, lui il s’en foutait il pouvait aller d’un côté comme de l’autre sans souci. Quand tu vois la vitesse à laquelle il enchaînait les cinq-six passements de jambes, c’était incroyable, ça allait tellement vite que tu n’avais pas le temps de déceler le moindre indice.
Et quelle adresse devant le but ! Si je devais mettre un bémol sur Ronaldo ce serait uniquement sa coupe de cheveux de 2002 (rires), même si bon, elle est plus simple à assumer quand tu claques un doublé en finale de Coupe du monde. T’es clairement sur le type de joueur qui te fait aimer le football, c’est vraiment grâce à des mecs comme ça qu’on aime ce sport. »
16. Marco Ballotta
Ancien adversaire et coéquipier de Ronaldo
« J’ai vécu sa blessure en finale de Coupe d’Italie 2000, c’était vraiment tragique. Sur le terrain, on a bien entendu le bruit du tendon qui se pétait, on a compris tout de suite que c’était quelque chose de grave. Il était sur le carreau depuis un moment et il venait justement de faire son retour à la compétition. Même si c’était un adversaire, tu ne pouvais être que désolé pour lui. Je l’ai d’ailleurs retrouvé comme coéquipier la saison suivante, il n’a pas joué de la saison et était en rééducation, mais c’était beau d’avoir un mec aussi charismatique dans le groupe, il transmettait énormément de choses. »
17. Mark Iuliano
Ancien footballeur
« C’était à la fois le pire cauchemar pour les défenseurs, mais aussi le plus beau rêve, car se mesurer à la technique et la rapidité d’un tel attaquant vous motivait au plus haut point et vous obligeait à vous améliorer. Et même après ses blessures. Quand j’ai joué à Majorque, il était au Real, tout le stade l’appelait « gordo » et lui la mettait au fond à chaque ballon touché. Un joueur extraordinaire, un des meilleurs attaquants de tous les temps, mais aussi un garçon qui, selon ses proches, est un vrai ami sur lequel on peut compter. Auguri Ronaldo ! »
18. Alexandre Ruiz
Présentateur beIN Sports
« Ronaldo, pour moi, c’est un sourire. C’est d’ailleurs pour ça que je garde un souvenir douloureux de cette terrible blessure où les larmes lui ont enlevé ce jour-là son éternel sourire.
Tu sentais un mec profondément heureux. D’ailleurs, au Real, il était super proche d’Ivan de la Pena qui disait que Ronaldo n’arrêtait pas de faire le con, qu’il était vraiment tout le temps en train de se marrer. C’est un mec qui profite de la vie, tout simplement. Je pense qu’il est très difficile de juger des joueurs qui n’ont pas joué à la même époque, mais pour moi, de ce que j’ai eu la chance de voir sur ces trente dernières années, c’est l’un des plus grands, sans aucun conteste. Tout le monde parle de son but formidable face à Compostelle, mais moi ce qui m’a le plus marqué, c’est un dribble qu’il met à Geli qui jouait alors avec l’Atlético de Madrid. C’est bien simple, je n’avais jamais vu un tel dribble. C’était tellement foudroyant, réalisé avec une telle fulgurance. Incroyable. »
19. Omar da Fonseca
Ancien footballeur argentin et consultant beIN Sports
« Ronaldo, ça a été un précurseur en Amérique du Sud, car à l’époque, les joueurs ne partaient pas si jeunes que ça en Europe, et encore moins les Brésiliens.
Le Brésil n’a vraiment ouvert le robinet qu’à la fin des années 90, avant les joueurs partaient plus vieux, vers vingt-cinq, vingt-six ans, lui est parti à dix-huit ans et il a réussi à s’imposer. Ça a été clairement un fer de lance. Ça a également été l’un des premiers à incorporer l’aspect athlétique au Joga Bonito. Il savait tout faire avec le ballon. Tout. Il avait une telle habileté balle aux pieds, il pouvait dribbler dans un tout petit périmètre, à l’image de Messi, sauf que Messi a un centre de gravité bas, lui y arrivait malgré sa taille, c’est comme s’il avait un aimant dans les chaussures. On n’avait jamais vu un mec qui marquait des buts comme ça, chaque fois qu’il prenait le ballon, tu avais l’impression qu’il disait : « Laisse-moi faire petit, je vais m’en occuper. »
Et quand il accélérait, c’était un véritable turbo, il ne manquait plus que la fumée derrière lui. Il passait la cinquième et c’était terminé pour le défenseur. Pourvu que le foot reproduise des joueurs comme ça. Ah ouais, que la nature nous renvoie des joueurs comme lui le plus vite possible ! Chez nous, en Argentine, certains mecs, qui vivent encore dans les années 30, disent qu’on ne peut pas défendre un Brésilien, moi je m’en bats les bonbons qu’il soit brésilien, chinois ou je ne sais quoi, je veux juste en profiter ! »
20. Sonny Anderson
Ancien coéquipier de Ronaldo en Seleção et consultant beIN Sports
« J’ai eu la chance de jouer avec lui en sélection, et je peux te dire que c’est un vrai phénomène. Il n’a pas volé son surnom. De toute ma carrière, je n’ai jamais joué avec un joueur de ce niveau-là. Jamais.
C’est le plus grand, en tant que joueur, mais aussi en tant qu’homme. Quand je suis arrivé à Barcelone, c’était pour le remplacer et on n’avait pas encore eu l’occasion de se rencontrer, et bah je me souviens qu’un jour, il est venu à Barcelone exprès pour qu’on aille manger ensemble, qu’on apprenne à se connaître. Et quand je suis appelé pour la première fois avec l’équipe nationale, c’était lors d’une tournée en Asie, comme il savait que c’était ma première sélection, il s’était un peu occupé de moi, on restait beaucoup ensemble, notamment pour aller visiter la ville. Derrière, on est restés en contact, car c’est quelqu’un qui est très fidèle en amitié. En ce qui concerne le joueur, il y a évidemment ses passements de jambes dont tout le monde parle, mais, quand même, la vitesse à laquelle il les enchaînait, tu ne vois ça nulle part ailleurs.
Il avait vraiment des appuis phénoménaux. À l’entraînement, on est plus décontracté, et c’est vrai que tu le voyais faire des choses impressionnantes, dans ses contrôles de balle, ses dribbles, ses tirs, il n’y avait aucun déchet. La fête ? Oui, c’est vrai qu’il aimait bien ça, mais comme tout le monde, sauf que quand vous êtes Ronaldo tout de suite ça fait plus parler. De toute façon, il a toujours assumé ce côté-là, et puis ça ne l’empêchait pas d’être performant sur le terrain. Il a tout de même réussi à faire ce que beaucoup de footballeurs rêveraient de faire. Il a marqué l’histoire du football. Et, encore aujourd’hui, quand on parle de Ronaldo, on rajoute toujours « le vrai« . »
La suite dans quelques heures sur Sofoot.com
Par Gaspard Manet, Arthur Jeanne et Valentin Pauluzzi
Tous propos recueillis par Gaspard Manet, sauf ceux de Zamorano et Contreras par Arthur Jeanne, et ceux de Ballotta et Iuliano par Valentin Pauluzzi