- Angleterre – Premier League – 40 ans de Ryan Giggs
40 ans, toujours joueurs
Titulaire mercredi soir en Ligue des champions avec son club de toujours Manchester United, Ryan Giggs fête aujourd'hui ses 40 ans. Passer ce cap est chose exceptionnelle pour un footballeur professionnel, mais ce n'est pas une première. La preuve par 10, en ne retenant que des joueurs de champ.
Stanley Matthews, le récompensé
La légende raconte que pour fêter le seul et unique titre collectif qu’il a remporté au cours de sa très longue carrière, il s’est autorisé une coupe de champagne… C’était la FA Cup, gagnée avec Blackpool en 1953. Stanley Matthews avait déjà 38 ans. Il jouera jusqu’en 1965 et un dernier match face à Fulham, à 50 ans et 5 jours. Stanley avait trois amours : Stoke City, le club de sa ville de naissance, Blackpool, où il passe ses meilleures années de footballeur, et l’équipe nationale, dont il a été membre avant et après la Seconde Guerre mondiale. Gentleman à l’hygiène de vie draconienne (pas d’alcool donc, pas de tabac, pas de viande), Matthews a reçu le premier Ballon d’or de l’histoire, en 1956.
Billy Meredith, le magicien
Aujourd’hui, on s’offusque quand un joueur pro s’en grille une petite lorsqu’il est en repos. Billy Meredith, lui, chiquait du tabac en plein match ! C’était une autre époque, il y a un siècle de ça et le Gallois avait fini par devenir l’une des premières stars du football outre-Manche. Mineur jusque l’âge de 20 ans, repéré par Manchester City, il étirera sa carrière entre City et United jusqu’à ses 49 ans, troquant sa chique pour un cure-dent durant les dernières années, histoire d’économiser un peu de souffle sur le terrain. Il range définitivement les crampons en 1924, face à Newcastle, avant de se lancer dans une éphémère carrière d’acteur de cinéma muet, jouant un premier rôle d’entraîneur dans le dénommé The ball of fortune. Il faut dire qu’il avait plus l’âge pour être sur un banc que sur la pelouse…
Kazuyoshi Miura, l’aventurier
L’histoire de « King Kazu » a un côté Olive et Tom. À 15 ans, il part de son Japon natal pour le Brésil, où il décroche un contrat pro avec le prestigieux club de Santos. De retour chez lui, il décroche à 26 ans le premier titre de champion de la J.League avec Verdy Kawashi lors de la saison inaugurale du championnat pro. À 27 ans, il est le premier Japonais à jouer en Italie, sous les couleurs du Genoa. Et aujourd’hui à bientôt 47 ans, il n’a toujours pas pris sa retraite, participant à la D2 locale sous les couleurs du Yokohama FC. Son grand regret : n’avoir jamais pu participer à une Coupe du monde. Il échoue de peu à participer au Mondial américain et n’est pas retenu pour aller en France quatre ans plus tard…
Roger Milla, l’acharné
En 1989, le bon Roger pensait en avoir fini avec le football de haut niveau. Alors âgé de 37 ans, il avait honoré son contrat avec Montpellier, venait de fêter son jubilé et avait pris une licence amateur sur l’Ile de la Réunion. Mais alors que le Cameroun s’est qualifié pour la Coupe du monde en Italie, le président Paul Biya l’appelle et réussit à le convaincre de revenir en sélection pour encadrer cette jeune et ambitieuse sélection. La suite est connue : les Lions indomptables se hissent jusqu’en quart de finale et Milla inscrit 4 buts, tous fêtés d’un pas de Makossa au poteau de corner. L’époque est à la Lambada… Quatre ans plus tard aux États-Unis, Milla est encore là, à 42 ans, et il réussit l’exploit de s’arracher pour marquer l’unique but camerounais lors de la déroute face à la Russie (1-6). Il reste le plus vieux joueur de champ et le plus vieux buteur en Coupe du monde.
Angel Labruna, l’éternel
Co-détenteur du nombre de buts marqué pour River Plate avec Arsenio Erico, 293 buts chacun, Angel Labruna est une légende et un membre essentiel de « La Maquina » , l’équipe qui a trusté les titres en Argentine dans les années 40 et 50 (9 pour Labruna entre 1941 et 1957). En sélection, il a eu moins de réussite, la faute à la Seconde Guerre mondiale d’abord, puis à la non-participation de l’Argentine aux Coupes du monde de 50 et 54. À près de 40 ans, il participe tout de même au Mondial suédois en 58, avant de prendre sa retraite trois ans plus tard, à 43 ans.
Kalusha Bwalya, le miraculé
Le meilleur joueur zambien n’aurait jamais dû jouer au-delà de 40 ans. Il n’aurait même jamais dû vivre au-delà de 40 ans. 27 avril 1993 : l’avion qui transporte la sélection nationale pour disputer un match au Sénégal s’écrase au large du Gabon. Aucun survivant. Kalusha, 29 ans à l’époque, est la star de cette équipe. Il n’avait prévu de rejoindre ses compatriotes qu’au dernier moment et par ses propres moyens, ayant un match important à disputer avec son club d’alors, le PSV Eindhoven. Décimée, la Zambie parvient pourtant à se hisser jusqu’en finale de la CAN l’année suivante, avec un capitaine miraculé. L’étonnante histoire entre Kalusha Bwalya et sa sélection nationale ne s’arrête pas là, puisque le 5 septembre 2004, à 41 ans, il joue et marque d’un coup franc direct lors d’un match de qualification pour le Mondial 2006 face au Libéria. La Fédération l’avait nommé entraîneur-joueur, alors que Bwalya avait déjà arrêté sa carrière en club quatre ans auparavant.
Billy Bonds, le loyal
Avec son look Mod et ses crampons affutés, « Bonzo » symbolise parfaitement le football anglais des années 70 et 80. Arrivé en 1967 à West Ham, il disputera 793 matchs au total sous les couleurs des Hammers, prenant sa retraite lors d’une rencontre face à Southampton en 1988, à 41 ans et 225 jours très exactement. Défenseur puis milieu récupérateur, Bonds a remporté deux finales de Cup en 1975 et 1980, toutes deux comme capitaine de West Ham.
Hossam Hassan, le pharaon
Un boss, un vrai : 176 sélections avec l’Égypte, 68 buts, une retraite à près de 41 ans et un palmarès de taré comprenant notamment 14 titres de champion national, 2 Ligues des champions africaines, 3 CAN et une participation à la Coupe du monde 1990. Hassan était un gros teigneux sur le terrain, avec un énorme mental qui lui a permis de compenser une technique quelconque balle au pied. Depuis qu’il a raccroché les crampons en 2007, il a tout de même perdu un peu de crédit au pays, d’abord en ayant moins de réussite comme entraîneur (il est actuellement sélectionneur de la Jordanie), ensuite en apportant publiquement son soutien à Moubarak lors de la Révolution de 2011.
Rivaldo, le stakhanoviste
Une dépêche AFP est tombée il y a quelques jours : Rivaldo vient de résilier avec le club de D2 brésilienne São Caetano, la faute à un genou droit blessé qu’il va falloir opérer. À 41 ans, est-ce enfin l’heure de la retraite ? Pas sûr… Depuis une décennie, le Ballon d’or 1999 allonge sa carrière au gré de curieux voyages, un coup en Ouzbékistan, un autre en Angola… Imprévisible sur un terrain, Rivaldo l’est aussi dans la vie. Les souvenirs de ses années barcelonaises et de la victoire du Brésil à la Coupe du monde 2002 commencent à sérieusement dater, mais le « vieux » n’a toujours pas décidé de raccrocher… Drôle de personnage.
Paolo Maldini, le capitaine
Que dire qui n’a déjà été dit du « capitano » du Milan AC ? Rappeler quelques chiffres : 24 années en pro, plus de 900 matchs, 8 finales de C1 pour 5 victoires, 56 derbys face à l’Inter. Des tifosi nerazzurri qui, chose unique, ont tenu à lui rendre hommage lors du dernier derby qu’il a disputé avec cette banderole : « Maldini, pendant 20 ans notre rival, pendant 20 ans toujours loyal » . Il a disputé son dernier match pro le 31 mai 2009 face à la Fiorentina, à près de 41 ans.
Bonus : Grégory Malicki
On avait promis de ne parler que des joueurs de champ, mais ce top 10 est l’occasion idéale de souhaiter un joyeux anniversaire à Grégory Malicki, le portier du SCO d’Angers, qui a fêté ses 40 ans vendredi dernier sur la pelouse de Jean-Bouin face à Clermont (0-2). Il a affirmé à cette occasion sa volonté de poursuivre sa carrière autant que possible, malgré le franchissement de cette barre des 40. Ce qui lui fait un point commun avec quelques illustres prédécesseurs : Dino Zoff, Peter Shilton, Pat Jennings, Edwin van der Sar…
Mais aussi : Alessandro Costacurta, Javier Zanetti, Teddy Sheringham, Jari Litmanen, David Weir…
Par Régis Delanoë