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3 Zéros
PSG-Nantes au Parc des Princes en Coupe de France, c'est tout sauf une première. Entre les deux clubs, il y a de nombreux précédents. De la finale 1983 avec le but stratosphérique de José Touré au penalty de Ronaldinho arrêté par Landreau, les deux clubs ont souvent livré des matchs épiques sur la pelouse du Parc. En 1993, cette affiche était même une finale. À l'arrivée, ce fut une boucherie.
Le score, tout le monde le connaît : 3-0 pour le PSG. Une démonstration. Pourtant, sur la pelouse, il y avait du beau monde : Ginola, Weah, Ricardo, Guérin, Bravo, Ouédec, Makelele, Pedros, Loko, Karembeu ou encore Vulić. Deux écoles du football différentes. D’un côté, le PSG façon Canal Plus avec ses stars, sa puissance physique et son envie de gagner des titres. De l’autre, le FC Nantes de Jean-Claude Suaudeau, sa formation à la nantaise et une certaine idée du jeu. La donne était simple : Nantes régnait sur la terre ferme quand Paris faisait la pluie et le beau temps dans les cieux. À cette époque, le FCNA était une symphonie : maîtrise, enchaînement, accélération, mobilité et disponibilité. Six mois plus tôt, les Parisiens s’étaient fait danser dessus à la Beaujoire en championnat (1-0). Mais au Parc, Nantes a joué sans son chef d’orchestre Japhet N’Doram, suspendu. La partition est donc très vite partie en sucette.
Rémi Harel fait son match
Comme souvent dans ce genre de cas, les jeunes Nantais ont joué le match trop tôt. Soit dans les médias, soit tout simplement dans leurs tronches. On reprochait aux Canaris de ne pas savoir mettre le pied ou d’aller au mastic. Avant le match, Jean-Michel Ferri tente pourtant de dédramatiser l’enjeu : « Le football sueur, on sait aussi faire maintenant quand l’enjeu est d’importance » . Sauf qu’en face, le PSG jouait à domicile. Une raison de plus pour ne pas se rater, car Paris devait gagner. Parce que l’OM venait d’être sacré champion de France et d’Europe, et qu’en deux ans, Canal avait injecté de l’argent, mais n’avait remporté aucun trophée depuis 1991. Et deux ans, quand on met l’argent sur la table, c’est long… Mais cette finale va être à sens unique. Et l’arbitre inexpérimenté Rémi Harel va en être le meilleur joueur. Sur le pré, le PSG impose son jeu, sa force et son expérience. Sans des ratés incroyables, la finale aurait dû être bouclée à la pause, tant les hommes d’Artur Jorge domine les débats. On se dit que les Nantais ont un coup à jouer, finalement. « À la mi-temps, dans les vestiaires, mes joueurs étaient bien » , avouera Suaudeau à la fin du match.
En dix minutes, l’affaire est pliée
Puis vient le premier tournant du match. Début de seconde période, Christian Karembeu récupère un ballon dans les pieds de George Weah avant de le perdre dans la foulée, subtilisé par Laurent Fournier qui s’enfonce dans la surface. Le Kanak allonge finalement la jambe, touche un peu Fournier qui s’effondre, penalty. Fournier la joue à l’expérience. Tout ce qu’il manque à Karembeu, qui disjoncte immédiatement et pète un plomb face à Rémi Harrel. Drôle quand on sait que la veille, Coco disait de son joueur que « l’événement n’a pas de prise sur lui » . Rouge direct et penalty transformé par Kombouaré, ancien Nantais. La suite ? Un cauchemar. Paris remet le couvert six minutes plus tard par Ginola, sur coup franc. 180 secondes passent, et sur un corner parisien tiré par Guérin, Roche enfonce le clou. En dix minutes et trois coups de pied arrêtés, le PSG a broyé Nantes. Mais les Canaris ont répondu dans un autre domaine : celui de l’expulsion. Après Karembeu, c’est Vulić, puis Lima – pour un attentat sur Colleter, un comble – qui filent à la douche avant la 90e minute.
« Oh Suaudeau, ferme ta gueule »
La finale est tellement électrique que sur un contact Vulić-Colleter, le Parisien s’en prend à l’entraîneur nantais de manière audible et compréhensible sous les yeux du corps arbitral : « Oh Suaudeau, ferme ta gueule » . Pourtant, c’est Nantes qui termine à huit. « On était impuissants. Je plains les gens qui ont regardé ça… » , déclare Reynald Pédros à la fin du match. « Dans ce métier, il faut du vice. Il y a des choses qu’on ne sait pas faire. À de petites agressions multiples, on répond par des brutalités complètement stupides. Des réactions épidermiques que l’on paie cher. Le PSG avait dit après la Juve qu’il allait apprendre. On peut dire que les Parisiens ont appris vite » , conclut Jean-Claude Suaudeau, à la fois admiratif et désabusé. Après tout, son équipe vient de perdre une finale où elle n’aura jamais tenté le moindre tir. En face, les Parisiens auront marqué sur trois phases arrêtées. Le football est pragmatique. En ce début de saison 1992-1993, le PSG voulait se rapprocher de l’OM et franchir deux tours en UEFA. Moralité, les Parisiens ont titillé les Marseillais, échoués en demi-finale face à la Juventus Turin et braqué une Coupe de France. Pari réussi. Comme celui que s’apprêtait à faire la jeunesse nantaise. Malheureux dans cette finale de Coupe, les Canaris seront sacrés champions de France deux ans plus tard. En jouant.
Par Mathieu Faure