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25 ans, le nouveau Neymar
Revigoré par des vacances hivernales prolongées, Neymar souffle ce dimanche ses vingt-cinq bougies. Un quart de siècle qu’il célèbre par une mutation de son jeu : moins buteur, mais plus défenseur, il n’en oublie pas d’être un dribbleur endiablé pour le plus grand bonheur de Luis Enrique.
Alors que la troupe de Luis Enrique tire sa révérence à l’an 2016 par un large succès face à Hercules (7-0), une star blaugrana brille par son absence. Loin de la pelouse, du Camp Nou, de Barcelone et même du Vieux Continent, Neymar profite de ses vacances anticipées pour se ressourcer au pays. « Passe-droit » pour les uns, « repos bien mérité » pour les autres, cette semaine additionnelle accordée au Brésilien lui offre surtout quelques jours d’accalmie nécessaire pour un corps fatigué par les efforts.
Pour sûr, avec sa participation décisive aux Jeux olympiques de Rio, il retrouve le chemin de la compétition avec le Barça tout juste douze jours après le sacre de la Seleção. Une préparation insuffisante, donc, pour tenir le rythme frénétique du calendrier des Catalans et pour soutenir la comparaison avec ses acolytes Messi et Suárez. « Je suis enchanté de son rendement » , défend Luis Enrique, pourtant bien au fait de la baisse de régime de son poulain. Les vacances terminées, l’Asturien peut même retrouver le sourire au retour des vacances de Neymar : sa mutation se poursuit.
« Il devient de plus en plus un joueur européen »
Les amoureux d’arithmétique n’en démordent pas, l’exercice de Neymar est le pire depuis son arrivée en Catalogne. Pour sûr, avec ses maigres neuf banderilles inscrites depuis le coup d’envoi de la saison, il se retrouve à des années-lumière de ses registres passés. Un coup de pompe offensif, soit, qui ne perturbe pourtant pas ses acolytes et les amateurs du Camp Nou. Ce qui est le cas de Toninho Cerezo, ancien international avec la Canarinha : « Avant tout, c’est un joueur qui transmet beaucoup de joie sur le pré. Cela lui importe sûrement de marquer des buts, mais ce n’est pas qu’un buteur, et son jeu à Barcelone est toujours au service de l’équipe. » De fait, son manque de voracité ou de réussite face aux cages adverses est remplacé par son sens de la passe et du collectif. Car le Neymar estampillé 2016/17 se retrouve être le meilleur passeur du Barça, avec ses 13 caviars distribués, un total qui correspond déjà aux marques de ses campagnes précédentes. « Je veux aider avec des buts ou des passes, avec ce que je peux, mais parfois on ne peut pas tout à voir » , philosophe l’intéressé.
À défaut d’afficher un bilan comptable à la hauteur de ceux de Luis Suárez et Lionel Messi, Neymar apporte un abattage défensif auquel ne peuvent prétendre l’Argentin et l’Uruguayen. Ce que remarque Djalminha, ancien milieu tout terrain brésilien du Super Depor : « Peu à peu, il a réussi à changer de mentalité pour mieux s’adapter à la philosophie barcelonaise et aux demandes de Luis Enrique. Désormais, dès qu’il perd le cuir, il se préoccupe de la récupération et se replace dans sa partie de terrain pour aider Digne ou Alba. À chaque sortie, il apporte de nouveaux aspects à son jeu et devient de plus en plus un joueur européen. Cependant, il arrive à ne pas perdre l’essence du footballeur brésilien. » Ce changement drastique se retrouve ainsi dans ses statistiques. Par exemple, il n’a jamais récupéré autant de ballons qu’en cette saison – 4 par match, contre les 3,5 de 2015/16 et les 3 de 2014/15 – et n’a jamais autant couru – 108 mètres par minute depuis septembre, contre 99 lors de ses deux exercices antérieurs. Dribbleur dans l’âme, Neymar compte désormais le travail défensif dans son manuel de footballeur.
Neymar, de fauché à faucheuse
Car à ne pas s’y tromper, le natif de Mogi das Cruzes conserve toute sa qualité de dribbles et de percussion. Mieux, depuis son retour de vacances hivernales prolongées, il semble même franchir un nouveau cap. Comme le prophétise Luis Enrique – « Le trident est revenu plus en forme que jamais » –, le passage à la nouvelle année offre une version beta de Neymar. Plus en jambes, il devient le joueur le plus fauché d’Europe. Ainsi, avec ses 4,11 fautes reçues par rencontre, il est, de loin, l’homme le plus inarrêtable du Vieux Continent. Provocateur balle au pied, il permet au FCB de récolter des coups francs pour Messi et oblige les équipes adverses à se retrouver, bien souvent, en infériorité numérique – cf. sa partition à San Mamés, où ses dribbles provoquent deux expulsions. À l’inverse, l’Auriverde a également gagné en agressivité, puisqu’il enchaîne les cartons comme des perles et se verra ainsi privé de demi-finale retour de Copa face à l’Atlético. Mais qu’importe, puisque à désormais vingt-cinq ans, il poursuit sa mutation en un joueur de plus en plus complet, « un joueur déterminant et plus vital que jamais pour nous » , dixit Lucho.
Par Robin Delorme