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2014 : La chute de la Roja en 10 dates
Depuis 1991, la sélection espagnole n'avait perdu autant de matchs en une année. Avec ses cinq revers, un changement de génération douloureux et des polémiques stériles, elle retrouve son costume de loser d'avant 2008. Retour, en dix dates, sur la descente aux enfers de la Roja.
Trois gardiens et une défaite
19 novembre 2013
Guinée équatoriale, puis Afrique su Sud. À l’inverse des autres sélections de son calibre, la Roja dispute sa tournée de novembre sur le sol africain. Un périple qui passe mal pour les clubs représentés : contre un bon magot, la RFEF a préféré le fric à la santé des joueurs. Car, sur des terrains champs de patates, les blessés ont garni les rangs de l’infirmerie. Ainsi, lors du duel face à l’Afrique du Sud, dans le stade du sacre mondial, les Espagnols ont dû jouer avec trois gardiens… Le dernier changement, de Víctor Valdés par Pepe Reina, a même fait annuler la rencontre auprès de la FIFA, Vicente del Bosque ayant effectué six remplacements. Hasard ou conséquence, l’Espagne s’est d’ailleurs inclinée 1-0.
Diego Costa entre dans la danse
28 février 2014
Depuis 2013, l’idée trottait dans la tête du sélectionneur moustachu. Le 28 février, il franchit le pas et convoque le jusqu’alors international brésilien Diego Costa. Face à l’Italie, et malgré quelques réticences de l’opinion publique, la pointe de l’Atlético Madrid est titularisée. Elle sera d’ailleurs du voyage dans son pays natal quelques mois plus tard. Le hic, c’est que jamais Diego Costaud ne trouvera sa place parmi l’orchestre du milieu de terrain de la Roja. Mal servi, jamais décisif, le pari de Del Bosque tourne rapidement au flop. Ou comment se créer un problème.
Une préparation américaine qui fait jaser
7 juin 2014
Histoire de ne pas déroger à ses mauvaises habitudes, la Fédération espagnole décide d’offrir à ses poulains une préparation sur fond de billets verts. Pour son dernier match avant son entrée en lice au Mondial, la Roja défie le modeste El Salvador sur le pré du FedEx Field de Washington. Sous un soleil de plomb, en pleine après-midi – prime time télévisuel en Espagne oblige – les Espagnols suent plus que de raison et s’offrent un dernier test inutile. Encore une fois, la presse souligne la prépondérance de l’aspect économique sur le sportif, d’autant plus que le lieu de résidence de la sélection au Brésil est Curitiba, peu connu pour ses températures estivales.
Une manita et a casa
13 juin 2014
Une claque, un uppercut, un KO… Difficile de trouver le qualificatif propice à la manita reçue par l’Espagne dès son entrée en lice. Pour le remake de la finale du Mondial 2010, les Pays-Bas offrent en mondovision un récital offensif et pointent du doigt les failles béantes du jeu espagnol. Sans idée, sans motivation, la Roja est ramenée sur terre par un 5-1 historique, alors qu’elle avait pourtant ouvert le score. Iker Casillas a beau « demander pardon pour le match » et espérer que « les gens l’oublieront » , il n’en sera rien. L’humiliation reste une plaie toujours pas refermée.
Le triste adieu de Xavi
18 juin 2014
La tête entre les mains, le regard vide, Xavi offre une dernière image douloureuse de son histoire d’amour avec la Roja. Pour le choc décisif face aux cousins du Chili, Vicente del Bosque décide de se passer de son cerveau du milieu de terrain. Sur le banc, le Blaugrana souffre et assiste à l’élimination des siens (défaite 2-0). En coulisses, cette mise à l’écart provoque la décision irrévocable de la retraite internationale de Xavi. Blessé par un soi-disant manque de soutien de Del Bosque, l’homme aux 133 capes quitte tristement une sélection qu’il a hissée au sommet du football mondial. Une triste fin.
Xabi Alonso claque la porte
27 août 2014
Autre pilier de la Roja, Xabi Alonso fait, lui, ses adieux à la sélection par un communiqué laconique : « Le plus difficile est de savoir quand dire au revoir et, après avoir beaucoup réfléchi, je crois que ce moment est venu. » 114 sélections et un simple au revoir en quelques mots. Attendue, cette décision a bien plus à voir avec ses déclarations suite à la défaite face au Chili. En évoquant « un manque d’ambition, de faim » et affirmant que « mentalement, nous n’étions pas prêts et physiquement justes » , il a créé une vague d’indignation chez ses coéquipiers. Des coéquipiers avec lequel il ne rejouera plus, lui qui a opté pour un exode bavarois.
Casillas, une bourde de plus
9 octobre 2014
Casillas, lui, n’a toujours pas pris sa retraite. En Slovaquie, pour le premier match officiel de la Roja depuis le bourbier brésilien, San Iker se mue, de nouveau, en passoire. Sur une frappe puissante mais sur lui, il se troue et offre l’ouverture du score aux locaux. 73 minutes plus tard, l’Espagne affiche une première défaite dans la course à l’Euro 2016 et relance le débat sur le maître des cages. Car ça pousse fort derrière le capitaine de la sélection : De Gea, très bon avec United, grignote peu à peu du temps de jeu avant de… se casser le doigt. Une certaine idée de la scoumoune.
Costa, Fàbregas et le compromiso
11 novembre 2014
Alors que Diego Costa avait déjà décliné l’invitation, Cesc Fàbregas prend le pas de son coéquipier de Chelsea et est absent du rassemblement de l’équipe d’Espagne. Des annonces qui passent mal auprès du public et posent la question de l’engagement – compromiso dans la langue de Cervantès – de certains envers leur sélection. Pour Alfonso Pérez, ancien international, le coupable est tout trouvé : « Tout ce qui se dit autour de Cesc et de Diego Costa a beaucoup à voir avec Mourinho. Depuis l’extérieur, c’est la sensation que j’en ai : il n’a pas trop laissé le choix à ses joueurs. »
Ramos part à la chasse aux sorcières
12 novembre 2014
Au lendemain des forfaits des deux Blues, Sergio Ramos prend ses airs de justicier, part à la chasse aux sorcières et se paie Diego Costa : « La douleur au pubis ? C’est ce que tu peux dire. Ce que tu as, c’est une autre chose. J’aimerais que les joueurs aient le même engagement avec leur équipe nationale qu’avec leur club. Mais ce sont les coachs qui font les règles. » En s’en prenant à ses comparses et à son coach, le central merengue clôt une année de polémiques en beauté. Sous la pression interne, il tente maladroitement de faire machine arrière. Trop tard, le mal est fait. Et il est profond.
La Roja perd la possession
18 novembre 2014
Image de cette sinistrose, la défaite face à l’Allemagne ce mardi à Vigo (0-1) plonge la Roja et son commandant Del Bosque en plein bourbier. Indicateur de ce marasme, la possession teutonne a été de 51 % durant cet amical entre les deux derniers champions du monde. Pour la première fois depuis l’Euro 2008 et sa finale face à la même Mannschaft, l’Espagne a tenu moins longtemps le ballon que son adversaire. Une série de 86 matchs qui prend fin et qui conduit la nébuleuse du football local à s’inquiéter de l’identité de jeu de sa sélection. La Roja, ou comment passer du statut de meilleure équipe de l’histoire à celui de sélection lambda avec son lot de doutes. En un an, tout rond.
Par Robin Delorme, à Madrid