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2003 : quand Ancelotti ne rimait pas encore avec réussite

Par Tristan Pubert, propulsé en 2003

Nous sommes en 2003 et à l'heure des demi-finales de Ligue des champions entre le Milan et l’Inter, un homme attire les projecteurs : Carlo Ancelotti. Depuis son arrivée sur le banc rossonero il y a un an et demi, l’ancien chouchou de Sacchi est parvenu à relancer la machine rouge et noir. Jusqu'où ?

Carlo Ancelotti - 25.02.2000 - Juventus Turin / Chievo Verone - Serie A
Carlo Ancelotti - 25.02.2000 - Juventus Turin / Chievo Verone - Serie A

Rembobinons la cassette et revenons au 5 novembre 2001. Le lendemain de la défaite du Milan (1-0) sur la pelouse du Torino après notamment un penalty manqué de Pippo Inzaghi, Fatih Terim est remercié par Silvio Berlusconi, quatre petits mois seulement après son intronisation dans la cité lombarde. Une décision pour le peu surprenante, deux semaines seulement après le triomphe des Rossoneri dans le derby (4-2)« Le président est fier de nous, de la victoire et surtout de notre prestation », déclarait le tacticien turc après la rencontre. Mais comme souvent, c’est Don Silvio qui fait la pluie et le beau temps, et cette défaite à Turin lui est restée en travers de la gorge.

Le président du Conseil des ministres à ses heures perdues doit donc désormais trouver son nouvel entraîneur. Si certains bruits de couloir annonçaient un possible retour d’Arrigo Sacchi, Berlusconi décide de jeter son dévolu sur l’ancien protégé du Prophète de Fusignano : Carlo Ancelotti. Au chômage depuis son départ de la Juve à l’été 2001 – club où le surnom du « perdant » lui colle encore à la peau en raison des deux Scudetti manqués de peu face à la Lazio, puis à la Roma – l’ancien milieu rossonero n’a pas hésité une seule seconde lorsqu’il a reçu le fax du Cavaliere. Neuf ans après son dernier match avec la tunique rouge et noir, Carlo Ancelotti est de retour à Milanello, cette fois-ci avec le costume d’allenatore (et quelques cheveux blancs en plus, on vous l’accorde).

Travaux en cours

Arrivé en cours de saison, l’homme au genou gauche défectueux n’a qu’un seul objectif : sauver les meubles, en reprenant une équipe talentueuse, mais en manque de confiance. Après une saison 2000-2001 ponctuée par une sixième place, le Milan doit se reprendre et retrouver SA compétition, la Ligue des champions. Et pendant que son président s’attire les foudres des syndicats italiens, Carlo travaille, en silence. Pour cette première saison à la tête de l’écurie milanaise, le mari de Luisa Gibellini assure l’essentiel : une quatrième place synonyme d’un barrage pour une éventuelle place en Ligue des champions, mais non sans difficultés. Dans le sprint final avec la Lazio, Bologne et le Chievo, le Milan parvient à tirer son épingle du jeu, s’imposant lors des deux dernières journées face à deux équipes qui descendront : le Hellas (2-1) et Lecce (3-0). Dans le même temps, le Chievo se fait terrasser sur la pelouse de la Roma (5-0) lors de l’avant-dernière journée, pendant que Bologne crée la surprise en s’imposant 2-0 face justement à la Lazio. Les hommes de Francesco Guidolin ont alors le destin entre leurs pieds, mais se font corriger à Brescia (3-0) avec un immense Luca Toni, révélation biancazzurra de cet exercice 2001-2002. Un concours de circonstances qui profite donc à Carlo & Co.

Été 2002. Pendant que la Nazionale est victime d’un vol en Corée du Sud et que José Bové se rend à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone en tracteur, Ancelotti prépare déjà l’avenir. À l’aube de cette nouvelle saison, le tacticien de 43 balais suggère à ses dirigeants de faire chauffer la carte bleue pour deux profils : Clarence Seedorf et Alessandro Nesta pour un total de 53 millions d’euros, deux profils très appréciés par le double vainqueur de la Ligue des champions. De fil en aiguille, ce Milan s’imprègne de plus en plus de l’ADN Ancelotti, bien décidé à ramener cette équipe sur les sommets. Un groupe composé de joueurs d’expérience (comme ses anciens coéquipiers Costacurta et Maldini, sans oublier Redondo et Helveg), de joueurs en pleine force de l’âge (Rui Costa, Inzaghi, Brocchi, Ambrosini, Shevchenko ou encore Thomasson), tout cela additionné à des jeunes talents comme Marco Borriello, Samuele Dalla Boca, et surtout Andrea Pirlo, un joyau qu’a façonné Ancelotti en le repositionnant devant la défense, comme lors de ses débuts à Brescia. Depuis son arrivée à l’été 2001, le jeune virtuose ne cesse d’impressionner dans ce rôle de regista. « Il représente le présent et surtout l’avenir de ce club, il doit encore travailler physiquement, mais c’est un vrai talent », expliquait même son coéquipier Maldini.

Quand le chef de chantier se transforme en architecte

Depuis le début de la saison, le Milan affiche un contenu nettement plus séduisant que la saison passée. Le tacticien rossonero varie entre différents dispositifs, du 4-4-2 au 4-3-1-2 en passant par le 4-3-2-1, le célèbre « sapin de Noël ». Peu importe le dispositif, cette formation milanaise parvient à développer un football offensif et intense, tout en gardant un équilibre tactique. Finalement, une inspiration très sacchiesque. « Dans le football actuel, le public veut de plus en plus voir du spectacle, il est à la recherche d’émotions. Comment peut-on séduire le public ? En développant un football offensif, inattendu avec comme objectif final de tout simplement marquer » écrivait il y a quelques années seulement l’ancien Mister de Parma dans sa thèse d’entraîneur. Outre une solide charnière centrale Nesta-Maldini et un trident offensif fantastique (Rui Costa en soutien de Shevchenko et Inzaghi), c’est surtout le milieu de terrain qui constitue le véritable point fort de cette équipe. Que ce soit Gattuso, Pirlo, Seedorf, Ambrosini ou encore Brocchi, Carlo Ancelotti dispose de profils complémentaires qui assurent parfaitement l’équilibre tactique. Si Seedorf et Pirlo ont cette capacité de jouer vers l’avant, Gattuso et/ou Ambrosini assurent à la récupération et sur les premières relances. « J’ai toujours voulu dans toutes les équipes dans lesquelles je suis passé avoir un milieu performant. Si ce secteur n’est pas performant, alors c’est très difficile d’avoir de l’ambition », argumentait justement Carletto dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport.

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Un jeu offensif et intense, c’est justement ce qui a fait la différence en quarts de finale face à l’Ajax, une équipe jeune et fougueuse emmenée par le crack suédois Zlatan Ibrahimović et l’élégant Wesley Sneijder. Piéger cette équipe à son propre jeu, voilà ce qu’a voulu faire Ancelotti. Au lieu de faire le dos rond et de la jouer vieux briscard, les Milanais vont développer un football très offensif, pouvant compter sur son duo Inzaghi-Shevchenko encore une fois étincelant. Si cette victoire s’est dessinée dans les ultimes secondes, le Milan dégage beaucoup plus de maîtrise et ne cesse de monter en puissance. Le travail réalisé par Carlo Ancelotti est fabuleux, mais il doit désormais le concrétiser par quelque chose de matériel. Un trophée, par exemple.

Destination Manchester

Ne vous méprenez pas, si l’AC Milan a un projet de voyage à Manchester, ce n’est pas pour le concert de Kylie Minogue, mais bien pour la finale de la Ligue des champions prévue à Old Trafford. Pour cela, la bande de Gattuso devra se défaire de son cousin nerazzurro dans cet Euroderby qui a déjà cristallisé la cité lombarde depuis plusieurs jours. En Serie A, le Milan est parvenu à s’imposer lors des deux confrontations (1-0 à chaque fois). Mais attention à l’excès de confiance. Alors que la Juve avance seule en tête du championnat et devrait glaner son vingt-sixième Scudetto, les Milanais ont donc décidé de jeter leur dévolu sur la coupe aux grandes oreilles. Tout a commencé en août dernier avec ce périlleux barrage face au Slovan Liberec. « Je ne les connais pas vraiment, je sais simplement que c’est une équipe très offensive et qui s’est fait éliminer juste avant nous en Coupe de l’UEFA la saison dernière face au Borussia Dortmund », déclarait Ancelotti avant la rencontre. Largement favoris, les coéquipiers de Roque Júnior ont toutes les peines du monde à remporter cette première manche à la maison. Et sur un centre de la nouvelle recrue Seedorf, Inzaghi – sempre lui – profite de l’erreur de sortie de Hauzr pour inscrire le seul but de la rencontre. Deux semaines plus tard, pour le match retour en République tchèque, le Milan s’incline 2-1 dans un match laborieux, mais arrache tout de même son ticket pour la prochaine Ligue des champions avec ce fameux but à l’extérieur.

Neuf ans après son dernier sacre en Ligue des champions, le Milan nourrit de grandes ambitions dans la compétition. Revenir au sommet, cela passe forcément par un sacre européen. Avant d’éliminer l’Ajax en quarts de finale, les Rossoneri sont parvenus à sortir en tête à deux reprises de leur groupe de qualification. Un parcours quasi sans ratures, excepté ces deux défaites lors des deux derniers matchs de poule face au Borussia Dortmund (1-0) et au Real Madrid (3-1) qui ont fait passer un petit frisson sur la nuque d’Ancelotti. Et face aux Ajacides, les Milanais ont aussi attendu les ultimes secondes pour arracher cette qualification. Mais voilà, neuf ans après, les Milanais sont de retour dans le dernier carré de la Ligue des champions. Match après match, Carlo Ancelotti est parvenu à imposer ses idées et retrouvera les demi-finales, moins de deux ans après son élimination avec la Juve face à Manchester United. Si le Mister rossonero montre de très belles choses depuis son intronisation un sombre soir de novembre 2001, il doit maintenant prouver qu’il a les épaules pour incarner le renouveau de l’AC Milan. « On ne doit pas se cacher, ce derby sera encore plus difficile. Mais l’objectif est clair, nous devons passer », lâchait avant la rencontre Don Carlo. Le message est passé, et il est temps pour lui de décoller cette étiquette de loser.

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