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20 choses à savoir sur Évian Thonon Gaillard
On a entendu beaucoup de choses sur l'ETG cette année. Un club atypique, au nom qui frise le burlesque, des structures incompréhensibles. Bref. Pas facile de s'y retrouver. Tentons d'y voir plus clair, donc. Au travers d'anecdotes, de personnages hauts en couleur, de subtilités importantes. Le club haut-savoyard est en finale de la Coupe de France, il fallait s'y intéresser…
Tout le monde a déjà entendu parler de cette équipe de Haute-Savoie, nichée au cœur des montagnes, avec trois villes pour nom de club. Faux. Trois noms de ville, c’est faux. Si Thonon et Gaillard forment bien la base et l’histoire du club, Évian se réfère… à la marque, et non à la ville. D’où l’importance de ne jamais mettre d’accent sur le « E » d’Évian. La marque, donc, ses bouteilles et son eau. Pour être extrêmement pointilleux, il faudrait même écrire evian-Thonon-Gaillard avec une minuscule. Dont acte.
Histoire, toujours. Du FC Gaillard, le club prendra le nom de Football Croix de Savoie 74 en juin 2003, issu de la fusion entre Gaillard et Ville-la-Grand. Deuxième étape, la fusion entre le FCS 74 et l’Olympique Thonon Chablais. Résultat ? Le 1er août 2007, l’Olympique Croix de Savoie est né. L’ETG prendra forme en juillet 2009. Franck Riboud, PDG de Danone, quant à lui, avait commencé à s’intéresser au projet haut-savoyard dès 2005 avec des réunions où participent tous les maires concernés et… Zinedine Zidane.
Pour autant, les bizarreries en tout genre ont bien leur place au sein du club qui jouera l’an prochain sa troisième saison en Ligue 1. Outre les deux noms de ville + une marque pour dénomination, il faut préciser que l’ETG dispute ses rencontres à Annecy, à 75 km de Thonon, à 45 km de Gaillard. Les joueurs s’entraînaient cette saison à Maxilly (90 km d’Annecy), auparavant à Port-Pinard, encore avant à Saint-Disdille, et dès l’an prochain au Domaine de Blonay. Les journalistes parisiens, qui descendent en voiture ou en avion, n’ont pas fini de s’arracher les cheveux.
Pour le moment, l’ETG n’a pas de centre de formation. L’ascension était tellement rapide et imprévisible que le club a été pris de court. Une situation particulièrement atypique quand on sait qu’une grande majorité des pensionnaires de L1 possède son propre complexe pour accueillir et former des jeunes pousses. Cette anomalie sera rétablie dans quelques mois avec la livraison d’un centre d’entraînement (à Blonay) digne de ce nom, un centre de formation et un centre d’apprentissage avec hébergement. Le siège social du club sera aussi à cet endroit, désormais.
Tout le monde s’en doute, mais l’ETG va disputer sa première finale de Coupe de France. Un exploit pour ce jeune club, qui dispute seulement sa troisième saison dans le championnat professionnel. Un seul joueur de l’effectif actuel a déjà gagné une Coupe de France : il s’agit de Sidney Govou, en 2008, avec l’OL. Il avait même marqué le but de la victoire face au PSG. Mais il est blessé depuis deux mois… Fabrice Ehret, lui, était blessé en 2001, lors de la victoire de son club Strasbourg, face à Amiens. On dénombre donc uniquement des joueurs ayant perdu une finale (Mongongou et Sagbo avec Monaco en 2010).
Si les Hauts-Savoyards fouleront la pelouse du Stade de France ce vendredi, ils le doivent à un homme en particulier. Buteur dans les arrêts de jeu à Amiens, en 32es de finale, Cédric Cambon avait sauvé les siens d’une élimination pitoyable (1-1 ap, 3-5 tab). Un récidiviste puisqu’il avait déjà fait le coup l’an passé face à Metz. Menés deux à zéro, les Roses s’étaient imposés (2-2 ap, 3-5 tab) après l’égalisation de Cambon à la toute dernière seconde du temps réglementaire. En plus de ça, le défenseur central a été élu parmi les joueurs les plus sexy du championnat, selon le magazine Tetu. La belle affaire.
Au club, comment ne pas parler de Johann Durand ? Le deuxième ou troisième gardien de l’ETG est né à Évian-les-Bains. C’est avec Kévin Bérigaud, l’unique joueur du cru à être encore dans l’effectif. Durand est au club, à l’époque appelé FC Gaillard, depuis 2000. Il est le seul à avoir connu toutes les montées et descentes depuis cette période, à avoir connu à la fois le FC Gaillard, les Croix de Savoie et donc l’ETG. Son professionnalisme est loué par tous. À 32 ans, il a disputé ses premières minutes en Ligue face à Troyes il y a quelques semaines…
Pascal Dupraz (1), l’entraîneur de l’ETG, est un personnage. S’il a pris les rênes de l’équipe fanion en début de saison 2012 – après l’éviction de Pablo Correa – son histoire d’amour avec le club ne date pas d’aujourd’hui. Celui qui se revendique fièrement comme Savoyard, est arrivé en juillet 1991. Formé à Marnaz, il ira bourlinguer du côté de Mulhouse, Toulon et Fréjus notamment. C’est grâce à lui si l’ETG en est là actuellement, cela ne fait aucun doute. Au FC Gaillard, il sera d’abord joueur (deux ans), avant d’en être l’entraîneur-joueur (1993-2001), puis entraîneur tout court. Directeur Sportif du National à septembre dernier, Pascal Dupraz a façonné « son » club.
Pascal Dupraz (2) est potache. L’ensemble de son staff se présentera au Stade de France la tête rasée. Conséquence logique d’un défi lancé en début de saison par l’entraîneur de l’ETG : « Si nous nous maintenons en Ligue 1, on se rase tous la tête » . Bon, le coach Dupraz a tendance à être presque chauve en permanence, ce n’est pas du jeu. Il a donc choisi de se laisser pousser le bouc. Seul l’entraîneur des gardiens, Jean-Yves Hours, a décliné le défi, préférant garder ses belles bouclettes. Au passage, l’homme qui s’est chargé de tenir la tondeuse n’est autre que Johann Durand, gardien historique.
Pascal Dupraz (3) est un entraîneur malicieux. Dans le livre de la saison 2011-2012, écrit par deux journalistes du Dauphiné Libéré à Annecy, qui fait la part belle à l’histoire du club, il raconte cette anecdote : « On jouait un match important en CFA 2 pour l’accession en CFA. J’étais passé le matin au siège, j’avais choisi un chaise en bois et j’avais scié les pieds, de façon que l’après-midi lors de la causerie, l’effet recherché se produise » . L’effet recherché ? Galvaniser ses joueurs. Lors du discours, Dupraz, en même temps qu’il s’époumone, attrape une chaise et l’explose contre une table… Facile…
L’avantage à l’ETG, c’est qu’un Dupraz en cache souvent un autre. En plus de Pascal, le club compte également Jo et Julian dans ses rangs. Le premier n’est autre que le père de l’actuel entraîneur et fait partie du conseil d’administration. Le second, un des fils de Pascal, occupe la fonction de responsable de la communication des Roses. Le frère, Pierre-Emmanuel, a même fait un passage aux Croix, époque National et CFA, en tant que milieu de terrain. (2003-09). Une histoire de famille, on vous dit.
En signant à l’ETG, Pablo Correa a dû laisser de côté le traditionnel survêtement, pour enfiler un costume digne de ce nom. Même si le technicien uruguayen semblait engoncé dans cet accoutrement, il faut signaler la force de persuasion du club. Respect.
Cette année, l’ETG est la seule équipe de Ligue 1 à avoir perdu face aux trois relégués cette saison. Défaite à domicile contre Brest (0-2) et à l’extérieur contre Troyes (1-0) et Nancy (3-1). Du beau boulot.
L’actionnaire majoritaire d’Évian Thonon Gaillard (42%), Esfandiar Bakhtiar est un homme d’affaires libano-suisse, qui a également été administrateur de Saint-Étienne, l’un des autres clubs rhônalpins. Il n’est autre que le neveu de Chapour Bakhtiar, dernier Premier ministre de l’Iran avant la Révolution Islamique de 1979 et assassiné en 1991 dans la région francilienne. Un petite piqûre d’histoire, fût-elle internationale, ne fait jamais de mal.
Pierre Bouby, la star des réseaux sociaux actuellement, a été l’un des acteurs majeurs du club, durant son passage de 2007 à 2011. Ce serait vite oublier qu’il a été également l’artisan de la descente des Croix de Savoie le 26 mai 2006. À Thonon, les Hauts-Savoyards jouent leur survie face à Moulins. L’équipe qui gagne la rencontre peut souffler. Terrible, le score est de 1-1. Le joueur qui égalise pour Moulins et envoie tout le monde en CFA s’appelle Pierre Bouby. L’actuel Nîmois rejoindra la Haute-Savoie la saison suivante. Comme quoi.
Avec un capitaine comme Olivier Sorlin, l’ETG peut partir à la guerre tranquille. Véritable force de la nature, l’ancien rennais a longtemps joué blessé cette saison. En atteste une main bandée pour protéger des doigts cassés. Les kinés disent qu’un homme normalement constitué ne pourrait pas faire le quart de ce qu’il réalise encore au plus haut niveau. Et bien qu’il fasse -20 pendant l’hiver, il s’entraîne toujours en short. Un des joueurs les plus appréciés du club pour son professionnalisme, sa simplicité, et cette âme de battant.
Avec Johann Durand, c’est l’autre gars du cru. Lui, c’est Kévin Bérigaud, attaquant à la trajectoire atypique et dont Pascal Dupraz pense qu’il a le potentiel pour figurer parmi les cinq meilleurs attaquants français du championnat. Celui qu’on surnomme « Bérish » ou « Fatal » est un excellent technicien, en atteste son but face à Nice, avec un contrôle orienté pied droit-frappé enchaînée dans la surface à faire pâlir Jean-Mimi Larqué ou une sublime reprise de volée face à Rennes. Bérigaud, né à Thonon, veut ramener la Coupe chez lui.
Superstitieux les Hauts-Savoyards et leur entraîneur, Pascal Dupraz ? En tout cas, ce dernier, en compagnie de son staff et des kinés, était allé se fendre d’une petite visite à la Basilique de la Visitation, à Annecy avant la victoire aux tirs au but face au PSG, en quarts de finale. Il avait fait de même en 32es, lors de la qualification face à Amiens, en se rendant à la Cathédrale de la ville. A priori, Pascal Dupraz est peut-être, en ce moment même, sur le parvis de Notre Dame de Paris…
En cas de victoire en Coupe de France, l’ETG a déjà préparé – éventuellement – quelques festivités. Et pour faire plaisir à tout le monde, puisque l’ETG a des attaches de partout (voir ci-dessus), les joueurs pourraient défiler devant quatre mairies (Évian-les-Bains, Publier, Thonon et Gaillard), en pus d’un passage en soirée du côté d’Annecy. Le programme est ici.
« On attend les invitations… » , lâchait dans la semaine le président de l’AC Amiens, Rachid Hamdane. Terrible, les Amiénois n’iront pas au Stade de France malgré la promesse implicite de Dupraz après la qualification dans un trou de souris de l’ETG en janvier… En revanche, le club du président Patrick Trotignon a décidé d’inviter tous ses salariés pour la finale parisienne. Beau geste.
Par Anthony Davière et Thomas Perotto