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1985 : Le tremblement de terre de México et le football

Par Thomas Goubin et Marcelo Assaf, au Mexique

1985 : Le tremblement de terre de México et le football



Le 19 septembre 1985, México connaît le tremblement de terre le plus destructeur de son histoire. Un séisme qui touchera aussi le football, au point de provoquer la fuite d'un joueur de l'América. De lourds doutes pèseront aussi sur la tenue de la Coupe du monde 1986.

À México, une demi-finale du championnat national devait se jouer. Elle opposait deux clubs de la ville : Atlante et l’América. Mais ce jour-là, il n’y aura que décombres, désolation, et sirènes hurlantes, dans la mégalopole mexicaine. À 7h17, la terre commence à trembler. Milieu de terrain argentin de l’América, Daniel « el Ruso » Brailovsky se souvient : « Il y a eu une première secousse qui m’a surpris dans mon sommeil, déclare-t-il à El Grafico, nous étions à l’hôtel où l’équipe était concentrée avant le match. Je ne me suis rendu compte de rien, mais ma femme qui était enceinte de huit mois m’a appelé, terrorisée. » Mexico commence alors à compter ses victimes ensevelies sous de monstrueux amas de pierres. Le chiffre officiel parle de 3 692 morts. La Croix Rouge en compte au moins 15 000. La ville, où n’existe pas encore de culture sismique, vit un chaos généralisé.

Le lendemain de la première secousse de 8,1 sur l’échelle de Richter, la terre tremble à nouveau. « J’étais avec ma femme, dans notre appartement, poursuit Brailovsky, nous vivions au dixième étage et l’immeuble a commencé à trembler (…), les vitres à exploser, tous nos objets roulaient sur le sol comme des boules, le mur de notre chambre a commencé à se fissurer, je demandais à ma famille de garder son calme, mais j’étais terrifié, on s’est mis sous l’encadrement de la porte d’entrée, car c’est ce qu’on nous avait conseillé, mais des immeubles entiers s’effondraient, ma femme implorait « Qu’il ne s’effondre pas, qu’il ne s’effondre pas », on a alors fini par descendre par l’ascenseur, ce qu’il ne faut pas faire, et dehors nous attendait un spectacle terrifiant, on aurait dit que les bâtiments étaient de papier. »

« La ville pourra s’effondrer, mais les stades du Mondial seront bien debout »



Le 19 septembre 1985, la sélection mexicaine se trouve, elle aussi, à Mexico. Réunie dans un hôtel, elle doit prendre un avion le matin même, direction la Californie. Malgré les terribles dégâts occasionnés par le tremblement de terre, El Tri parvient à accéder à l’aéroport Benito Juarez. Auteur d’un des plus beaux buts du Mondial 1986, Manuel Negrete se souvient : « On devait aller jouer le lendemain à Los Angeles contre le Pérou, et on s’est tout de même rendus à l’aéroport dans l’heure qui a suivi le drame. La piste n’avait pas été endommagée et on s’est simplement rendu compte de l’importance du tremblement de terre une fois à Los Angeles. C’est malheureux, car nous n’avons pas pu aider nos compatriotes. »

Dans la catastrophe, le défenseur Fernando Quirarte perd son oncle. Il est le seul international directement touché par le séisme. « Avec ce drame, notre responsabilité prenait davantage d’ampleur, poursuit Negrete, on devait tenter de faire oublier aux gens ce traumatisme, leur donner de la joie. » Mais après le tremblement de terre, de lourds doutes pèsent sur la capacité du Mexique à organiser le Mondial 86. L’épreuve, qui devait originellement se dérouler en Colombie, avant qu’un retard des travaux conduise à opter, en 1984, pour le pays d’Hugo Sánchez, devra-t-elle se trouver un nouveau siège, ou être repoussée d’une année comme l’envisage Harry Cavan, vice-président de la FIFA ? « La ville pourra s’effondrer, mais les stades du Mondial seront bien debout » répondra brusquement Guillermo Cañedo, le président du comité organisateur de la Coupe du monde.

Risques d’épidémies



Le 31 mai 1986, Italie et Bulgarie ouvrent bien la Coupe du monde, au stade Azteca de Mexico. La mégalopole a réappris doucement à vivre, mais elle n’oublie pas : critiqué pour sa gestion de la catastrophe, le président Miguel de la Madrid se fait copieusement siffler lors de la cérémonie d’inauguration. Daniel Brailovsky aurait pu prendre part au Mondial 86 : Bora Milutinović, le sélectionneur du Mexique, souhaitait naturaliser l’Argentin pour l’intégrer au Tri. Mais l’ex-joueur ne veut plus entendre parler du Mexique. Dans la panique, le 20 septembre 1985, ce juif de confession prend un avion pour Israël, pays où il a vécu une partie de son enfance. « Ma femme m’a dit qu’elle voulait partir de suite, qu’elle préférait être dans l’avion, malgré ses huit mois de grossesse, plutôt que de rester un jour de plus à Mexico, conte l’ex-milieu de terrain à El Grafico, les hôpitaux étaient saturés, il y avait des risques d’épidémies, le gynécologue nous a dit « Je ne sais pas ce qu’il y a de plus risqué, rester ou prendre l’avion, mais je vous autorise à partir. » »

Pour ne pas avoir respecté son contrat, Brailovsky sera suspendu deux ans, une sanction finalement ramenée à douze mois. L’Argentin ne mettra plus les pieds au Mexique avant 2002. Aujourd’hui, il est un consultant établi pour Fox Sports, dans un pays qui a acquis une solide culture sismique. Vendredi, des exercices de simulacre d’évacuation étaient organisés, de Monterrey à Oaxaca. Quant à l’América, il a finalement disputé sa demi-finale aller une semaine après le tremblement de terre, avant d’être sacré champion, le 6 octobre 1985, devant 80 000 personnes, à Mexico.



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