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1970, le premier Juventus-Barça

Par Éric Maggiori
4 minutes
1970, le premier Juventus-Barça

Aussi étonnant soit-il, la Juventus et le Barça se sont très peu affrontés en Coupe d'Europe. Neuf fois seulement, pour un bilan de quatre victoires turinoises, trois succès catalans et deux nuls. Leur premier affrontement remonte à octobre 1970, en Coupe des villes de foires.

Les années 70 vont marquer une sacrée révolution pour la Juventus et le Barça. Au cours des années 60, Bianconeri et Blaugrana sont respectivement dans l’ombre de l’Inter de Herrera et du Real Madrid, ce dernier remportant huit titres de champion entre 1961 et 1970 (les deux autres sont remportés par l’Atlético). Un Scudetto par-ci pour la Juve (1967), quelques Copa del Rey par-là pour le Barça (1963, 1968)… On est loin, bien loin, de ce que les deux équipes s’apprêtent à vivre lors de la décennie suivante, avec les arrivées de Trapattoni d’une part, et du duo Cruyff-Michels de l’autre. À la fin de la saison 1969-70, la Juve termine troisième de Serie A, tandis que le Barça accroche la cinquième place en Liga. Suffisant pour envoyer les deux équipes en Coupe des Villes de Foires, l’ancêtre de la Coupe UEFA.

Bloc défensif et frappes de loin

Au cours de l’été 1970, la Juventus recrute en vue de construire une équipe victorieuse pour l’avenir. La Vieille Dame signe Fabio Capello et Luciano Spinosi, et fait revenir de prêt Roberto Bettega et Franco Causio. Sur le banc, les Bianconeri engagent le jeune Armando Picchi (35 ans), en provenance de Livourne. La Serie A débute sur des bases plutôt solides, la Juve n’encaissant pas le moindre but lors des trois premières journées. En Coupe des Foires, l’aventure commence par une double démonstration face aux Luxembourgeois de Dudelange, 7-0 et 4-0. C’est dans ce contexte que la Juventus se déplace à Barcelone pour son seizième de finale européen. Un Barça qui, de son côté, a débuté en trombe son championnat. Quatre victoires, deux nuls, et une deuxième place à une longueur de l’Atlético. Ce sont donc deux équipes invaincues qui s’affrontent ce mardi 20 octobre 1970 au Camp Nou.

Vic Buckingham, qui va disputer là sa deuxième et déjà dernière saison sur le banc catalan, aligne une équipe type avec Marcial, Marti Filosia et Pujol devant. La Juve répond avec Anastasi, Bettega, Capello et l’Allemand Haller. Bien en place défensivement, la Vecchia Signora oblige les Blaugrana à frapper de loin, mais Roberto Tancredi, le portier turinois, contrôle sans problème. Et dès leur première offensive, les Bianconeri ouvrent le score, par un plat du pied de Haller. La Gazzetta dello Sport de l’époque parle d’une « partie totalement maîtrisée par les joueurs de Picchi, avec des attaquants barcelonais incapables de faire bouger le bloc turinois » . Une affirmation avérée jusqu’au deuxième but de Bettega peu avant l’heure de jeu. Après quoi, le Barça hausse le rythme, et il faut deux parades folles de Tancredi pour les empêcher de réduire la marque. C’est finalement Marcial (aucun lien de parenté avec Anthony), d’une frappe lointaine, qui trouve la lucarne et permet aux Catalans d’entretenir l’espoir en vue du retour.

Le lob de Capello

Le match retour au Stadio Comunale a lieu deux semaines plus tard. Entre-temps, les Bianconeri ont concédé leur première défaite de la saison à domicile, face à l’AC Milan. Le Barça, de son côté, a d’abord fait le plein de confiance en allant s’imposer 1-0 à Madrid lors du Clásico, mais a perdu ensuite pour la première fois en championnat, à domicile, contre Valence. Peu de changements par rapport au match aller, Novellini remplace Anastasi, et Alfonseda prend la place de Marti Filosia. Le Barça doit s’imposer par deux buts d’écart pour espérer voir les huitièmes. Mission compliquée d’autant que la Juve ouvre le score dès la 4e minute par Bettega, d’un coup de tête puissant. Un but qui ne change pas grand-chose, puisque le Barça doit toujours marquer par deux fois. Sauf que les Catalans sont inexistants dans cette première période et Capello double la mise, en lobant délicieusement Sadurni. Le portier catalan est d’ailleurs le seul à tenir la baraque avec des parades sur Bettega et Haller.

Avec deux buts d’avance à la pause, la Juventus aborde la deuxième période sereinement. Les joueurs de Buckingham essaient tant bien que mal de se relancer mais les rares fois où ils se rendent dangereux, Tancredi sort la parade qu’il faut. Main droite, main gauche, le gardien est partout. Il ne s’inclinera qu’à la 85e minute sur une jolie reprise du gauche de Pujol (aucun lien de parenté avec Grégory). Même scénario qu’à l’aller. 2-1, 2-1. La Juve s’envole en huitièmes et le Barça, vainqueur de la compétition en 1966, s’arrête là. Les Bianconeri iront jusqu’en finale où ils s’inclineront face à Leeds (1-1, 2-2). Plus dramatique : leur coach, Armando Picchi, sera frappé par un mal incurable qui l’obligera à quitter ses fonctions en février. Il sera remplacé par le Tchèque Vycpalek qui remportera deux titres de Champion en 1972 et 1973. Quant au Barça, il se consolera avec une nouvelle Copa del Rey, mais terminera deuxième de Liga derrière Valence… à la différence de buts. Patience, Johann Cruyff arrivera en 1973…

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