- Rétrospective
- Euro 1960
1960 : Alors Euro ?
Snobé par bon nombre de nations majeures, le premier championnat d'Europe a été marqué par la domination des pays du Bloc de l'Est, et par l'exclusion de l'Espagne. Malgré un départ poussif, la compétition continentale deviendra rapidement incontournable.
Ne manquaient que Just Fontaine et Raymond Kopa. Le Parc des Princes comme cadre, Albert Batteux sur le banc, Robert Jonquet le brassard autour du biceps, les Bleus reçoivent la Yougoslavie en demi-finales de l’Euro 1960, premier du genre. La rencontre est encore, à ce jour, la plus prolifique de l’histoire de la compétition (4-5). Devant 27 000 spectateurs, la France régale. A l’heure de jeu, les Gaulois mènent 4-2. La finale leur tend les bras. Moment choisi par les Yougoslaves pour lancer une attaque blitzkrieg : trois buts en cinq minutes (de la 75e à la 79e) et la victoire au bout. Comme le veut le cliché, les Français ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, mais les absences de Raymond Kopa et Just Fontaine, forfaits, n’ont clairement pas favorisé les Bleus.
Le Rideau de Fer en force
Pour cette première édition du Championnat d’Europe des Nations, dix-sept équipes sont engagées. Un tour préliminaire opposant la Tchécoslovaquie à la République d’Irlande se déroule le 5 avril 1959, et permet de réduire les participants à un nombre pair. L’idée d’organiser un championnat entre nations du Vieux Continent remonte à l’entre-deux-guerres. Elle a été portée par Henri Delaunay, l’un des artisans de la création de la Coupe du Monde. En 1958, le projet se concrétise. Pierre Delaunay, fils de, et président de l’UEFA, ne parvient toutefois pas à convaincre la RFA, l’Italie, l’Angleterre, les Pays-Bas et la Belgique, qui restent eurosceptiques. Ces absences profiteront aux pays du Bloc de l’Est.
Le tournoi prend la forme d’éliminatoires en aller-retour, avant qu’une phase finale ne regroupe les quatre dernières équipes sur le sol d’un pays hôte, en l’occurrence la France. Trois pays abrités derrière le Rideau de Fer accompagnent les Bleus au sein du dernier carré : Yougoslavie, Tchécoslovaquie et URSS. Les Soviétiques ont vu leur parcours allégé par l’anticommunisme du général Franco. En quarts de finale, Espagne et maillots CCCP devaient jouer une sorte de finale avant l’heure. Solidement armée aux avant-postes, où cohabitaient Luis Suarez (Ballon d’Or 1960), le naturalisé Alfredo Di Stefano et Francisco Gento, la Roja s’avance conquérante. Le général Franco s’oppose cependant à ce qu’un symbole national aille se souiller les pieds chez les ex-alliés des Républicains espagnols. L’UEFA décide d’expulser la Roja du tournoi. L’Espagne obtiendra sa revanche quatre ans plus tard …
La France au pied du podium
Pour sa première édition, l’Euro ne passionne pas les foules. Le Parc des Princes n’accueille que 18 000 personnes pour la finale entre l’URSS et la Yougoslavie. Facile vainqueur de la Tchécoslovaquie (3-0) en demies, le géant soviétique va s’en remettre à Lev Yachine, pour résister aux protégés du maréchal Tito. Plus habiles et plus mobiles que les athlètes siglés CCCP, les Yougoslaves trouvent la faille en fin de première période, mais se font rapidement rejoindre. Dominateurs, ils sont toutefois poussés en prolongation, où la tête de l’avant-centre Viktor Ponedelnik offre la victoire à l’URSS. Battue dans le match pour la troisième place par la Tchécoslovaquie (2-0), la France attendra, elle, près d’un quart de siècle avant de soulever un trophée qui gagnera en prestige au fil des années.
Un Euro en noir et blanc
Par Thomas Goubin