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- J6
- Venlo-Ajax (0-13)
13-0 : L’Ajax Pétanque Club met une fanny à Venlo
13-0 : l'Ajax a réussi une partie de pétanque parfaite en poussant ses adversaires du VVV-Venlo à embrasser Fanny sur leur propre terrain, samedi après-midi. Une déculottée qui ne doit rien au hasard en cette terre bouliste des Pays-Bas : quand Venlo donnait la boule pour se faire battre, l'Ajax enchaînait les tirs en plein dans le cochonnet. Analyse tactique d'une partie mémorable.
L’Ajax 2018-2019 de Frenkie de Jong, Matthijs de Ligt ou Donny van de Beek aurait pu coller une dizaine de pions à VVV-Venlo au football. Celui de 2020-2021 n’aurait jamais été capable d’une telle prouesse. Pas avec un dinosaure comme Daley Blind, avec un inconnu au bataillon comme Sean Klaiber, ou avec des jeunes oiseaux qui apprennent à peine à battre de leurs propres ailes comme Lassina Traoré, Jurgen Ekkelenkamp ou Perr Schuurs. Qu’on ne s’y trompe pas, l’Ajax avait bien envoyé son équipe de pétanque défier les spécialistes de Venlo ce samedi. Et en plein cœur de ce berceau bouliste, les locaux sont rentrés chez eux avec les fesses toutes rouges. De honte, mais aussi de fureur, tant leurs adversaires, reconnus pour leur arrogance, ont usé de méthodes déloyales propres à faire sortir n’importe quel puriste de ses gonds.
Absence de mouvement et de combinaisons
C’est bien connu : la pétanque est un totem du Sud-Est. Une fierté de la Provence quand on est français, du Limbourg quand on est néerlandais. Par sa situation géographique, Venlo ne peut donc échapper à son destin de terre bouliste. D’autant que parmi ses rangs trône un vrai gars du cru : Zinédine Machach, né à Marseille s’il vous plaît. Et le VVV a décidé d’assumer son étiquette jusqu’au bout des ongles par la couleur de son maillot. Jaune, comme le « petit jaune » que s’enfile tout bouliste digne de ce nom avant, pendant et après avoir tâté de l’acier. Alors quand on reçoit des fiers-à-bras de la capitale, on leur montre ce que c’est que de respecter la tradition. Dommage que les gars de Hans de Koning aient poussé le bouchon un peu trop loin. En matière de boisson, mais pas seulement.
Revenir aux racines de ce sport, voilà comment en boucher un coin à ces parvenus de la capitale. Étymologiquement, la pétanque est une contraction de pè ( « pied » ) et tanca ( « attache » ), c’est-à-dire « pieds joints » en occitan. Une allusion à la position fixe que doivent adopter les joueurs pour lancer les boules, au contraire de celle du jeu provençal. Aussi statiques que des pylônes, les plots de Venlo se sont démenés pendant toute la partie à ne pas bouger d’un cil. En face, les arrivistes d’Amsterdam ont d’abord tenté de jouer le jeu. Leur technique, aux antipodes de la pétanque des « vrais » ? Plomber à tire-larigot pour contourner les plots adverses et rapprocher au maximum leurs meilleurs atouts du « but » (ou « cochonnet » pour les ringards).
Pétanque champagne
Mais devant l’absence totale de réaction de l’équipe locale, les Lanciers ont alors fait semblant de ne rien connaître aux subtilités boulistes. Logique pour un peuple qui réduit ce noble sport à la vulgaire appellation de « jeu de boules » (prononcez « cheudeboul« ). Ainsi traînée plus bas que terre, la pétanque se retrouve abaissée au même rang qu’une triviale partie de Möllky ou de balle au prisonnier. Avec tous les excès que cela comporte. Le cercle dont ne doivent pas sortir les joueurs ? Pour quoi faire ? Pour tirer au but, rien de tel que de se rapprocher à quelques mètres de la cible. Avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, les Ajacides se sont alors mis à canarder à tout-va. À tirer à la raspaille, une pratique qui met le spécialiste Éric Bauthéac hors de lui. La noblesse et l’esthétisme de pointer ? Connaît pas.
Avec 45 tirs, dont une moitié seulement de cadrés (23), c’est un moindre mal que l’Ajax s’en soit tiré avec 13 points. D’ailleurs, les Lanciers deviennent les premiers dans ce pays plat comme un terrain de boules à compter 13 points à la fin d’une partie d’Eredivisie, battant leur propre record remontait à mai 1972 et un 12-1 contre Vitesse. Historique. Côté Venlo, en refusant de rechercher toute autre chose que la beauté du jeu et la quête du point parfait au moyen d’une succession de fins tirs d’appoint (ou pointages pour les amateurs), pas aidés par l’expulsion de l’un des leurs à la 52e minute, les locaux se sont heurtés à la brutalité des bourrins adverses. Qui avaient pris soin de se munir d’un sacré calibre : 75 mm de diamètre. Comme le pourcentage de leur possession de boule de l’après-midi. Comme le pourcentage d’alcool que devront ingurgiter les malheureux braves de Venlo après avoir embrassé le postérieur de l’entraîneur adverse (Erik ten Hag en l’occurrence), comme le veut la tradition quand on finit Fanny. Et heureusement que Rod Fanni ne passait pas dans le coin.
Par Douglas de Graaf