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10 choses à savoir sur l’AS Cannes
Évoluant actuellement en CFA, l'AS Cannes retrouve la lumière grâce à son inattendu parcours en Coupe de France. Après Sainté et Montpellier notamment, l'équipe de Jean-Marc Pilorget aimerait accrocher une 3e formation de L1 à son tableau de chasse ce soir, Guingamp, pour s'ouvrir la porte des demies. Portrait d'un club aussi atypique qu'attachant.
Elle fut l’un des meilleurs clubs formateurs de France
C’est bien connu, l’AS Cannes est le club qui a achevé la formation de Zinedine Zidane et l’a vu débuter chez les pros (en vidéo, son premier – superbe – but en D1 contre Nantes le 10 février 1991). S’il est la figure la plus marquante issue du centre de formation cannois, ce n’est pas la seule. D’autres internationaux français ont aussi appris à se perfectionner à la pratique du football sur la Côte d’Azur, dont Patrick Vieira, Gaël Clichy, Johan Micoud, Jonathan Zebina, Julien Escudé, Sébastien Frey ou, dans la génération précédente, Bernard Casoni. Dans les années 90, le centre de formation de l’AS Cannes était considéré comme l’un des meilleurs de France avec ceux de Nantes et d’Auxerre, avant de subir les soucis sportifs et financiers de la section pro (voir ci-dessous) et de devoir fermer ses portes en 2006.
Jean et Luis Fernandez (aucun lien)
Si l’AS Cannes a toujours aimé voir de jeunes talents fouler la pelouse du stade Pierre-de-Coubertin de La Bocca, il a aussi tendance à aimer parier sur des entraîneurs inexpérimentés, qui ont souvent eu là l’occasion de poser pour la première fois leur séant sur le banc d’une équipe pro. Ce fut le cas avec Jean-Marc Guillou de 83 à 85, puis Jean Fernandez de 85 à 90. C’est dur à croire aujourd’hui, alors qu’il vient d’enchaîner deux vilains échecs à Nancy puis Montpellier, mais le Jeannot jouissait à l’époque d’une sacrée belle cote. Et non usurpée ! Idem avec Luis Fernandez de 92 à 94, époque pré-sucette et danse du ventre à la tête du PSG. Guy Lacombe aussi a débuté sur un banc à Cannes en 95, après avoir été à la tête du centre de formation (et donc d’avoir eu sous sa responsabilité Zidane, Vieira and co). Plus récemment, Patrice Carteron s’est vu confier pour la première fois les clés d’une équipe pro en 2008. Une vraie spécialité, on vous dit.
Une Coupe de France en vitrine
Et c’est d’ailleurs sa seule ligne au palmarès. L’affaire remonte à 1932, avec l’équipe de Roubaix battue 1-0 le 24 avril en finale à Colombes. La saison suivante, Cannes est vice-champion de France, le premier dans sa version professionnelle, derrière l’Olympique lillois. Les Dragons cannois forment l’une des meilleures équipes en France jusqu’à l’après-Guerre et une première relégation en 1949.
Elle a disputé la Coupe d’Europe
Deux fois même, les deux en Coupe UEFA. D’abord lors de la saison 1991-1992, avec un premier tour remporté contre les Portugais de Salgueiros (0-1, 1-0, 4-2 tab, avec un tir au but vainqueur signé du gardien Michel Dussuyer) et une élimination ensuite face au Dynamo Moscou (0-1, 1-1). En 1994 ensuite, avec un premier tour passé brillamment face aux Turcs de Fenerbahçe (4-0, 5-1) et un 16e de finale manqué contre les Autrichiens du FC Admira Wacker Mödling (1-1, 2-4).
Elle a vu passer des joueurs mythiques
Jean-Luc Sassus, Franck Durix, Ruud Krol, Bruno Bellone, Alen Bokšić, Amara Simba, Franck Priou, Michaël Madar, François Lemasson, Yannick Stopyra, le merveilleux Aljoša Asanović, Philippe Raschke, Ardian Kozniku… Des joueurs qui sentent bon les albums Panini, les maillots mal coupés, les coupes de cheveux improbables et les reportages de Téléfoot avec Marianne Mako et Vincent Hardy. Bien plus récemment, le géant tchèque Jan Koller y a achevé sa carrière.
Elle s’est vautrée dans les grandes largeurs depuis la fin du XXe
Reléguée en deuxième div’ à l’issue de la saison 1997-1998, l’AS Cannes se voit en légitime candidate à la remontée immédiate la suivante, mais se plante, terminant à une décevante 12e place. Encore 12e un an plus tard, l’équipe azuréenne termine 19e au printemps 2001 et est condamnée au troisième échelon national pour la première fois de son histoire. Un affront dont le club ne s’est toujours pas remis : le club perd son statut pro en 2004 et son centre de formation – autrement dit son poumon – deux ans après. Relégué administrativement en CFA en 2011, il a été menacé de disparition pure et simple l’été dernier, la DNCG lui reprochant sa gestion financière toujours aussi borderline.
Un club en deuil
Le 20 février dernier, le propriétaire de l’AS Cannes Saïd Fakhri a succombé à un arrêt cardiaque, alors qu’il était âgé de 77 ans. Ancien président de la Fédération sénégalaise de football, il avait racheté le club azuréen en janvier 2009, dépensant au total plus de 15 millions d’euros pour tenter de le maintenir à flot, sans rien obtenir en retour, sinon ennuis et déceptions. Sauf cette saison donc, avec ce remarquable et inattendu parcours en Coupe de France, qui a vu l’équipe éliminer notamment l’AS Saint-Étienne et Montpellier. Son fils Ziad Fakhri est l’actuel président du club.
Elle manque au paysage foot du Sud-Est
Grand rival de l’OGC Nice, l’AS Cannes s’inscrit historiquement en plein cœur du paysage footballistique de la région PACA, avec également une proximité géographique avec l’AS Monaco et une rivalité historique – remontant à l’avant-Guerre – avec l’Olympique de Marseille. La dernière présence de l’AS Cannes en D1 correspond également à une forme d’âge d’or du football du Sud-Est de la France, avec les présences de Toulon, puis de Martigues. Les affrontements entre chacune de ces équipes pouvaient donner lieu à de chauds moments, sur la pelouse comme en tribunes…
Elle joue toujours la montée en National
Mais ça sera difficile. Actuelle 5e de son groupe C de CFA, l’AS Cannes est 4 points derrière le leader Grenoble et a disputé un match de plus. Rappelons qu’en CFA, la victoire vaut 4 points, le nul 2 et la défaite 1. L’équipe reste sur trois matchs sans victoire (deux nuls, une défaite) et se déplacera samedi sur la pelouse de Martigues.
Elle a déjà joué l’EAG, son adversaire du soir, en Coupe
Et ça s’était mal passé. C’était en janvier 1994 pour le compte des 32es de finale de la Coupe de France. Alors en D1, Cannes entrait en lice au Roudourou contre Guingamp, qui survolait à l’époque la troisième div’ (et allait effectuer une montée historique en D1 un an et demi plus tard). Les Bretons l’emportaient 3-2 en prolongation, avec un but décisif inscrit de manière litigieuse par Stéphane Guivarc’h, qui s’était emmené le ballon de la main avant de marquer dans le but vide. Pour l’anecdote, c’est à l’occasion de ce 32e de finale de coupe que le principal groupe de supporters de l’EAG qui existe encore aujourd’hui, le Kop Rouge, a animé le stade du Roudourou pour la première fois.
Par Régis Delanoë