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10 bonnes questions après les 8e de finale
La France qui galère, l'Espagne et l'Angleterre qui trépassent, la Belgique qui cartonne : les 8es de finale ont livré leur verdict, mais n'ont pas écarté toutes les interrogations. Session de rattrapage.
L’Angleterre peut-elle organiser un référendum pour rejouer son huitième de finale ?
Une défaite 2 buts à 1 face à un petit poucet élevé à l’ombre des volcans et à la viande de requin faisandée, ça laisse des traces. Première victime : le sélectionneur Roy Hodgson, qui a annoncé sa démission à l’issue de la rencontre face à l’Islande. Deuxième lame : la plèbe anglaise, qui, au lendemain du huitième de finale, monte une pétition qu’accepte d’héberger le site du Parlement, lui aussi indigné. L’intitulé : « Pour organiser un match retour Angleterre-Islande, avec les vrais Wayne Rooney et Harry Kane ? » Six millions de Britanniques signent le texte, que le Parlement s’empresse d’organiser. La mesure passe de justesse avec 53,7% des voix et est transmise à l’UEFA, accompagnée d’un mot précisant que la perpétuelle irruption du vent sur les coups francs anglais est clairement signe d’une quelconque magouille volcanique. David Cameron prend la tête du mouvement des « pour » et en profite pour se refaire la cerise dans les sondages, alors que le match retour est organisé le jeudi 30 juin à Nice, déserté par les supporters. L’Islande s’impose finalement 1-0 sur une cagade de Hart à la 84e minute. On ne refait pas l’histoire.
Et si les Belges n’étaient finalement que des grands enfants ?
L’image a fait le tour des médias belges : Vital Borkelmans, adjoint de la sélection belge, avec une tétine dans la bouche lors du huitième de finale face à la Hongrie. Tout un symbole. Tranquillement qualifiés 4-0 face à une jolie team qui aura fait honneur à leurs aînés, les Diables rouges adoptent finalement la posture du gamin en développement. Patrick Estrade, psychothérapeute : « L’enfant a besoin d’éprouver la solidité du parent, de sentir des limites. Aussi va-t-il les tester pour savoir jusqu’où il peut aller. » D’où 80 minutes à jouer avec sa proie avant de salir la couche et d’inscrire 4 buts au cœur d’une défense aux abois. Eden Hazard qui joue les éclopés, Marc Wilmots qui continue de faire confiance à Romelu Lukaku, Marouane Fellaini qui se teint en blond… tout cela pour tester la patience des supporters. Et ça marche ! Reste à savoir si l’insouciance peut sortir vainqueur du combat des générations. Accessoirement, la tétine était peut-être là pour fêter la naissance de la petite-fille de Vital. Félicitation papy.
Vital Borkelmans, onze assistent-bondscoach, dames en heren… #HUNBEL #Panenka #Vitalgate pic.twitter.com/NZoUqbK1L0
— Pippo Inzaghi (@PippoInzaghi2) 27 juin 2016
Et si au fond, le Portugal était invincible ?
À l’orée des quarts de finale, le bilan portugais laisse pantois : 4 matchs, 3 nuls, une victoire. Et quelle victoire… Un succès acquis à la 117e d’un match qui a repoussé les limites de l’ennui. Dégueulasse diront certains, pragmatique diront d’autres. Reste qu’en regardant le verre à moitié plein, le Portugal a des chances d’aller au bout. Sans défaite au compteur, avec un Ronaldo retrouvé et un Pepe impérial derrière, placé dans la partie de tableau où seule la Belgique apparaît comme le seul ogre, le Portugal pourrait bien conjurer le sort pour se farcir une victoire façon « Grèce 2004 » . Et puis, assumer autant de réussite, c’est presque un signe du destin.
Pourquoi le ciseau de Shaqiri n’a déchiré aucun maillot suisse ?
Les maillots suisses déchirés pendant le France-Suisse avaient été un gigantesque gag. Comment Puma, grand équipementier, avait pu fournir des tenues en papier crépon à une équipe participant à la phase finale d’un Euro ? Dès le lendemain, la marque au félin annonçait avoir résolu le mystère : un défaut de fabrication et des fils endommagés lors de la production, associé à une mauvaise gestion de la température de conservation des maillots. Soit. En outre, Puma jurait croix de bois, croix de fer, que le problème serait résolu, et que les maillots suisses ne craqueraient désormais plus. Ce qui explique sans doute pourquoi le ciseau incroyable de Shaqiri contre la Pologne a laissé tous les tricots tranquilles, et n’a abîmé que le petit filet de Łukasz Fabiański. Et pourtant, c’est bien la virgule du Nike des Polonais qui aura le droit de voir la suite de la compétition…
Youtube va-t-il périr sans les bonnes actions irlandaises ?
272 000 pour une compilation. 152 000 pour la simple drague de Carla, la jeune Bordelaise. 1 million pour les billets placés dans la voiture abîmée. 2 millions pour cette berceuse chantée dans les transports en commun. On ne compte plus les visionnages des exploits irlandais au cours de l’Euro. Sympathiques, fair-play et drôles, les fans verts ont ambiancé la compétition, mais ont dû la quitter face à une stratosphérique équipe de France. Un deuil pour la plateforme de partage de vidéos ? Sans doute, mais surtout pour les comptes qui ont partagé ces moments particuliers, et désormais abandonnés sur l’autel de la monétisation. Mais également pour les observateurs avides de belles histoires, qui devront se rabattre sur une mauvaise compilation animale. Ou pire, des vidéos de Norman.
Marc Wilmots est-il le meilleur punchliner de l’Euro ?
À une heure où le discours aseptisé nous offre des « Prenons match après match » , « Ils ont été meilleurs que nous » ou encore « Ce n’est pas la réussite d’un homme, mais bien de l’équipe » , Marc Wilmots dénote et offre bien plus. En guerre contre certains médias nationaux, jamais avare d’une explication savoureuse à propos de ses choix, et honnête quant au niveau de ses joueurs, l’entraîneur belge règne sur cet Euro comme personne. Entre autres exemples savoureux : « On ne sait même pas encore qui on aura dans notre partie de tableau. Avec cette histoire des troisièmes places, c’est le bordel ! » , (à propos de Király) « Putain, il vit toujours celui-là, il est encore là ? Eh oui, il est toujours là, c’est bien cette longévité » ou encore « Je pense que tu n’as pas regardé l’Euro. Regarde la Hongrie, regarde où en est le pays de Galles… J’aurais préféré jouer l’Espagne ou l’Angleterre. » Certes, il y a quelques conneries dans le lot. Mais brider Marc serait un crime.
Graziano Pellè est-il le mec le plus égoïste du monde ?
Il a refait le coup. Il a encore attendu que l’Italie affronte un adversaire digne de ce nom pour refaire le coup. Contre la Belgique déjà, alors que les Italiens menaient 1-0 depuis belle lurette, c’est lui qui était venu clore le spectacle à la dernière seconde pour donner encore un peu plus de crédit à la victoire des siens. Graziano Pellè avait éclaté la cage d’une belle reprise de volée. Et en huitièmes de finale, contre l’Espagne, bis repetita. 91e minute, la reprise de volée, le 2-0, l’explosion de joie, les caméras qui se braquent sur lui. Histoire de récolter toutes les félicitations de ses coéquipiers, et de devenir le symbole de cette Italie qui gagne contre les gros. Il n’en a pas marre de tirer la couverture vers lui ?
Avec leur maillot, peut-on dire que les Croates ont connu l’échec ou qu’ils ont été mis sur le carreau ?
Que les Croates étaient beaux, quand ils foulaient nos pelouses dans leurs maillots à damier. L’élégance de Luka Modrić, la longue chevelure d’Ivan Rakitić, le frisson Darijo Srna… Avec autant de classe, les Croates portaient leurs tuniques au design étonnant sans aucun souci, là où n’importe qui d’autre aurait sans doute eu l’air un peu couillon. Dommage, la course de la Croatie, pourtant annoncée comme puissamment armée pour faire des dégâts à l’Euro, s’est terminée contre les récifs portugais. Face contre terre avec leurs maillots à cases rouges et blanches, les Croates nous obligeaient à nous poser les bonnes questions. Étaient-ils sur le carreau ? Si oui, lequel, vu qu’ils en sont couverts ? Des joueurs portant un plateau de jeu sur le corps sont-ils plus susceptibles de connaître l’échec ? Autant d’interrogations essentielles, apparues depuis que les Croates se sont fait mettre la tête au carré.
La France peut-elle éternellement passer à travers les gouttes ?
Roumanie, Albanie, Suisse, Irlande, Islande… L’Euro a débuté depuis bientôt trois semaines, et la sensation est étrange : la France est en quarts de finale sans avoir disputé un match contre un adversaire de renom. Passées les difficultés sur le terrain, il est évident que le parcours des Bleus jusqu’alors est d’un prestige limité. Il faut dire que la chance et le système ont été faits pour qu’il en soit ainsi. Un tirage de premier tour aux boules chaudes, un 8e de finale contre un meilleur troisième, et la France pouvait s’attendre à ne pas souffrir de l’adversité. Reste que pour beaucoup, l’opposition face à l’Angleterre était acquise, et s’annonçait comme le premier test de la bande à Deschamps. Pas de bol, ce sera l’Islande. Ce qui ne constitue pas moins un gros morceau à la vue des performances des insulaires. Mais sur le papier, la France peut s’arroger une demi-finale sans avoir donné grand-chose. Ne suffira plus qu’à sortir deux gros matchs pour aller jusqu’au bout…
Le pays de Galles a-t-il surpassé ses voisins ?
Ils étaient quatre à représenter l’outre-Manche en 8es. Il n’en reste plus qu’un. Les flambeaux de l’Irlande, de l’Irlande du Nord et de l’Angleterre éteints par le premier tour à élimination directe, le pays de Galles s’est donné le droit d’être le porte-étendard de la région. Et au fond, cela est-il illogique ? À regarder les sélections et leurs effectifs, il ne fait pas de doutes que celui des Dragons regorge du plus de talents bruts. Bale, Ramsey, Allen, Williams, Davies, Ledley… L’armada est belle, et n’a pas à rougir face à ses voisins. Les vieux hargneux irlandais et la jeunesse inexpérimentée des Anglais, c’est bien beau, mais rien ne vaut un collectif emmené par des têtes de gondole à leur niveau. Rien de plus logique finalement.
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