- Mondial 2022
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- Argentine-Arabie saoudite (1-2)
Argentine-Arabie saoudite : Al-Dawsari, le sorcier de Salem
Joueur majeur de la sélection saoudienne depuis maintes années, Salem Al-Dawsari a déjà inscrit l'un des buts du Mondial, et s'est assis avec allégresse sur la tête de la nation argentine.
Après la liquéfaction du Qatar et les jambes tremblantes de l’Iran face à la moissonneuse-batteuse anglaise, les nations de la zone Asie semblaient bien parties pour composter leur ticket d’or vers un chemin de croix à la face du monde, sur « leurs » terres. C’était compter sans l’Arabie saoudite, elle-même présentée en victime expiatoire face à l’Argentine, ultrafavorite à la victoire finale avec le voisin brésilien. Habités et morts de faim dans un stade de Lusail acquis à leur cause, les Faucons verts d’Hervé Renard ont pourtant renversé l’Albiceleste, signant ainsi leur première victoire d’ampleur dans un Mondial depuis… 1994 et un succès face à la Belgique de Michel Preud’homme. Date de leur dernier match à élimination directe, aussi. Si le très casse-cou portier Al-Owais, les latéraux hyperactifs Al-Shahrani et Abdulhamid, ou encore le défenseur axial Tambakti, avec son tacle salvateur devant Lionel Messi en pleine surface, étaient au diapason, un homme a bousculé la trame de la rencontre, et plus que jamais répondu présent sur la scène internationale : Salem Al-Dawsari, la star de l’équipe, qui donne aux siens le droit de rêver.
Venu passer le Salem
Alors que les Saoudiens auraient pu être menés de deux ou trois buts à la pause, la faute à un piège du hors-jeu manié parfois jusqu’à l’automutilation, Saleh Al-Shehri parvient à se frayer un chemin devant un Cristian Romero dérouté, avant de croiser son tir au devant de « Dibu » Martínez. Sur la vague, comme transcendés par l’événement, les Faucons laissent ensuite libre cours à la magie. Excentré côté gauche, Al-Dawsari part en dribble derrière sa jambe d’appui, sort sa meilleure feinte de corps et se remet sur son bon pied – le droit -, avant de laisser sa carte de visite à Rodrigo de Paul et Leandro Paredes, le double pivot symbole d’une Albiceleste retombée dans ses travers. Un golazo de sniper, pour faire le tour de la planète, qui explicite la résilience d’une équipe en tout point fidèle à ses principes offensifs et bagarreurs. En bon facteur X, le polyvalent ailier gauche s’était déjà signalé pour crucifier l’Égypte au Mondial 2018 (et lui piquer la troisième place du groupe A), sur une demi-volée dans un angle très fermé, au bout du bout du temps additionnel. Désormais, c’est aussi – et seulement – le troisième joueur saoudien à avoir marqué plus d’un but en Coupe du monde, en compagnie de la légende Sami Al-Jaber et de Fuad Amin.
Cette fois, il a poussé son rôle de porte-drapeau, au nez et à la barbe du rival qatari, au rang d’art. À 31 ans bien tassés, celui qui a juré fidélité au géant d’Al-Hilal (plus de 200 matchs depuis 2011) est parvenu à couronner sa propre continuité, et à provoquer une éruption en Arabie voisine. Une continuité rompue une seule fois, lors d’une « tentative » de prêt à Villarreal, en 2018. Autrefois capable de filer un coup de boule à un arbitre, en championnat face à Al-Nassr, Al-Dawsari y aura rongé son frein, tout en s’habituant aux exigences du football de haut niveau, malgré ses maigres 33 minutes disputées. Ce 19 mai 2018 face au Real Madrid, dans un match qui aura permis au Submarino Amarillode finir dans le top 5, le technicien de Riyad aura tout de même été au départ du premier pion de Roger Martínez, se montrant combatif, accrocheur et volontaire. Au-delà des miettes, comme attiré par la lumière, sans qu’elle ne veuille nécessairement de lui.
Par Alexandre Lazar