Après un début de saison canon, que se passe t-il au SCO Angers ?

Dans la vie comme dans le monde du ballon rond, il n’est pas rare que le flirt estival laisse rapidement sa place au spleen hivernal. Cet été, Angers était une équipe qui torpillait les cadors comme Strasbourg, Lyon et même Rennes qu’elle retrouve ce dimanche au Roazhon Park. Puis au fil des semaines, la formation angevine s’est essoufflée. Aujourd’hui, elle est à l’arrêt. Pas loin de s’effondrer. Depuis le milieu du mois de décembre, les Angevins n’avancent plus. Sur les neuf dernières rencontres de Ligue 1, les hommes de Gérald Baticle n’ont battu que Troyes (2-1, le 23 janvier) et fait match nul à Lorient (0-0, le 16 janvier). Soit quatre petits points engrangés sur 27 possibles et seulement cinq buts inscrits dont deux penaltys contre l’ESTAC. Et tout ça, sans oublier l’élimination en Coupe de France face à Linas-Montlhéry (2-0), pensionnaire de N3, mi-décembre.

Cho froid

Mais le pire, c’est que les Bianconeri du Maine-et-Loire sont encore dans le creux de la vague et restent sur cinq revers consécutifs. C’est seulement la deuxième fois que les Angevins vivent une telle série noire depuis leur retour dans l’élite en 2015 (cinq défaites consécutives en 2017). Contre Rennes, un record pourrait être battu. Qu’est-ce qui ne fonctionne plus à Angers ? Sans doute l’effet de surprise. Formidable joueuse de ballon en août, cette équipe a cessé de surprendre ses adversaires, conscients des nouveaux dangers, et ses individualités ne répondent plus ou presque. Exemple devant : Sofiane Boufal n’a plus planté depuis début décembre en Ligue 1 et la principale menace du mois d’août, qui répond au nom de Mohamed-Ali Cho, marque lui aussi le pas. « À partir du moment où il y a eu toutes ces attentions autour de lui, c’est devenu beaucoup plus compliqué. Il n’a pas lâché, il a travaillé, mais il a eu un mois de janvier très compliqué, dans tous les domaines », analysait son entraîneur en conférence de presse. Son exclusion à Lens (2-1) le week-end dernier l’illustre parfaitement.

De l’autre côté du terrain, ça ne va pas mieux non plus : Danijel Petković, le nouveau numéro 1 depuis le départ de Paul Bernardoni, est lui aussi dans le dur. Fautif lors des défaites face à Marseille (5-2) et Nice (1-0), le portier a remis ça contre les Sang et Or. Même si l’excuse du soleil dans les yeux est compréhensible, l’arrivée des beaux jours nécessite une mise à jour urgente et pose une question essentielle : pouvait-il mettre une casquette ? « Pourquoi n’a-t-il pas de lunettes de soleil, aussi ? Ou de lentilles qui s’adaptent au soleil ? Je ne peux pas être à sa place et lui dire de mettre une casquette. Ça peut être un outil, mais aussi une gêne », répondait Olivier Tingry, l’entraîneur des gardiens dans Ouest-France. En attendant l’arrivée du Havrais Yahia Fofana, tout ça n’est guère rassurant.

Angers, c’est le nouvel Auxerre

Enfin, tactiquement Angers est bien moins constant qu’il y a quelques mois. Si le SCO démarrait les matchs avec un schéma bien à lui et un onze type régulier, ce n’est plus d’actualité. Désormais, Baticle tente de s’adapter à l’opposition, et de renforcer sa défense. « Lorsqu’on est dans la difficulté, on cherche le meilleur système, les meilleures animations et le meilleur onze pour être en accord avec les animations », lançait-il. Traduction : je tâtonne. Surtout au milieu du terrain. En première partie de saison, le trio Mendy-Mangani-Fulgini, ce dernier étant en pointe haute, semblait indéboulonnable. Avec l’arrivée de l’expérimenté Nabil Bentaleb cet hiver, Mendy a glissé dans la défense à trois, et la pointe haute s’est transformée en pointe basse. « Notre manque d’efficacité défensive en début de match permet à nos adversaires d’avoir un ascendant tactique sur la suite du scénario », expliquait l’ancien adjoint de l’OL pour justifier ces ajustements.

En même temps, les cas de coachs à la longévité exceptionnelle qui laissent place à des entraîneurs qui réussissent tout de suite ne sont pas légion. L’AJA, Manchester United et Arsenal le savent bien. Les statistiques en la matière doivent être encore plus faméliques quand il s’agit d’un technicien débutant. Gérald Baticle, à part une vingtaine de matchs sur le banc du Stade brestois il y a quatorze ans en Ligue 2, vit sa première vraie expérience de coach. Et si ses ambitions dans le jeu ont été particulièrement remarquables il y a quelques mois, traverser une crise est quelque chose d’inédit pour lui. Ce qui peut expliquer ses difficultés à redresser la barre. Attention quand même à ne pas boire la tasse à Rennes, car le risque de s’enfoncer vers les profondeurs d’un classement plus serré que jamais est bien réel. Même avec sept points d’avance.