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Appie rebirthday day, Nouri ?
L’Europe est paralysée, mais lui continue son combat en silence. Fauché par un malaise cardiaque lors d’un match amical en juillet 2017, l’ancien joyau de l’Ajax Abdelhak Nouri conserve toujours de lourdes séquelles du drame. Reste qu'Appie s’accroche. Ce jeudi, invités sur le plateau de la populaire émission De Wereld Draait Door aux Pays-Bas, son frère et son père ont donné des nouvelles qui se veulent positives. En attendant mieux, peut-être un jour...
Frenkie de Jong ? Obligé de sécher ses yeux pour éviter de pleurer. Donny van de Beek ? Froid comme une tombe. Le présentateur vedette de l’émission Matthijs van Nieuwkerk et le rappeur Ali B ? Incapables de retenir leurs larmes. Ils n’étaient pas les seuls. Ce jeudi soir aux Pays-Bas, nombre du 1,8 million de téléspectateurs ayant assisté à la célèbre émission DWDD consacrée à Abdelhak Nouri sont passés proches des sanglots. Il y a de quoi : deux ans et demi après son grave malaise cardiaque, survenu lors d’un match amical de pré-saison de l’Ajax en Autriche, « Appie » reste dans un état très préoccupant.
Hommages, vidéos de ses exploits sur un terrain, témoignages de ses amis et anciens coéquipiers (De Jong, Van de Beek, Steven Bergwijn), et surtout interventions de son père et de ses deux frères ont refait briller très haut dans le ciel l’étoile d’Abdelhak Nouri l’espace d’un instant. Mais pour beaucoup, la séquence avait aussi un goût amer d’éloge funèbre : Abdelhak Nouri ne sera plus jamais le grand espoir footballistique des Pays-Bas. Abdelhak Nouri ne sera sans doute plus jamais l’adolescent facétieux et débordant d’envie qu’il était. C’est désormais vers le passé qu’il faut se tourner pour rêver. À moins que…
« Il mange, il rote »
Sur le plateau de DWDD, trois visages se distinguaient par l’éclat brillant de leurs yeux. Celui de l’espoir. De l’espoir, le père Mohamed et les deux frères en ont en effet apporté. Interrogé sur l’état de santé d’Appie, l’aîné Abderrahim s’est avant tout voulu rassurant. « Ça va bien. Depuis qu’il est de retour à la maison, ça va mieux que lorsqu’il était dans les hôpitaux et les centres de soin. Je pense que cela a à voir avec le fait qu’il a conscience de l’endroit où il se trouve : il sait qu’il est dans un environnement de confiance, auprès de sa famille. Les gens doivent se demander ce qu’il y a de positif : il n’est plus dans le coma, il est éveillé. Il dort, il éternue, il mange, il rote… Mais il ne peut pas sortir de son lit, et il est très dépendant de nous. Dans ses bons moments, il y a une forme de communication possible. Quand il hausse les sourcils, par exemple. Mais il ne peut pas les maintenir longtemps, c’est du sport de haut niveau pour lui. »
Derrière des paroles qui se veulent optimistes, le bilan apparaîtra un peu maigre aux yeux des suiveurs qui en espéraient sûrement plus. En août 2018, dans une interview à NOS, le même Abderrahim évoquait déjà les sourcils de son jeune frère en signe d’amélioration : « Depuis décembre (2017)/janvier (2018), il s’exécute quand on lui demande certaines choses, comme d’ouvrir la bouche ou d’acquiescer en haussant un sourcil. » Abderrahim a, tout de même, dardé un petit rayon de soleil supplémentaire : « On lui parle comme s’il n’était pas malade, on l’intègre dans nos conversations. On regarde du foot à la télé dans sa chambre, il regarde aussi et on peut remarquer qu’il aime beaucoup ça. Souvent, dans ce cas, il montre des émotions. Parfois, ça l’affecte. Mais souvent, on le voit sourire. Ce sont des sourires qui comptent énormément. »
Le droit d’y croire
Le bilan santé ayant été fait, peut-on alors se permettre de rêver pour Appie ? La famille du garçon en possède l’intime conviction, en se basant sur un élément nouveau capital : le récent retour de Nouri parmi les siens, dans une maison entièrement construite et aménagée pour lui où de très nombreux membres de sa famille se relaient 24h/24 pour ne jamais le laisser seul. « C’est un cas à part dans notre famille. Il veut tout le temps que quelqu’un soit avec lui, et c’était déjà le cas avant, rembobinait le même Abderrahim à Voetbal International, cinq mois après le drame. À la maison, quand il s’endormait, il voulait avoir des gens assis autour de lui, en train de lui parler. Ce sentiment est toujours le même. Les médecins nous l’ont dit : notre présence aide. Quand on est à ses côtés, les médecins voient qu’il est plus calme. »
Bien plus que l’intervention de l’avocat et homme de confiance de la famille Khalid Kasem (qui a rappelé que l’Ajax n’avait toujours pas versé de compensation financière aux Nouri), plus encore que l’anecdote déconcertante de Frenkie de Jong sur le choix de sa destination l’été dernier ( « J’étais assis à côté de lui, sa mère est entrée et elle lui a demandé :« Est-ce que Frenkie doit aller au Barça ? » Appie a immédiatement haussé ses sourcils » ), c’est l’espoir farouchement arrimé aux cordes vocales d’Abderrahim et Mohamed qui a marqué les esprits. L’espoir qu’un jour, Appie puisse lire le superbe et bouleversant livre Abdelhak Nouri : un rêve inachevé, écrit par Khalid Kasem et sorti vendredi dans les librairies néerlandaises. Ce serait déjà beaucoup.
Par Douglas de Graaf