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André, grand cru ou piquette ?
A 20 ans, l'ancien coéquipier de Neymar et Paulo Henrique Ganso à Santos débarque à Bordeaux après avoir passé six mois au frigo en Ukraine.
Il est jeune, il est international brésilien, il a explosé à Santos et il a une crête ridicule sur la tête. Eh non, faut pas rêver, Neymar n’est pas près d’évoluer en L1. Mais que les supporters girondins se rassurent, Bordeaux a peut-être fait la bonne affaire de ce mercato en enrôlant sous forme de prêt avec option d’achat son ancien pote de Santos, André Felipe Ribeiro de Souza.
André, c’est bien plus qu’un sous-Neymar. Déjà, il a deux ans et dix centimètres de plus. 1,84m sous la toise, ça aide pour le jeu de tête. Ajoutez-y une belle vitesse de pointe et un remarquable sens du placement, vous obtenez un attaquant complet, à la fois dévoreur d’espaces et renard des surfaces. Chez les Meninos da Vila, tous les gamins sont des artistes, mais chacun dans son registre. Ganso, patte de velours, éclaire le jeu et distribue les caviars. Neymar, dribbleur invétéré tout en technique pure et en vivacité, prend un malin plaisir à mettre les défenseurs adverses sur le cul. André, en plus de ses qualités de finisseur, était un point d’appui pour ses coéquipiers, bonifiant une quantité de ballons grâce sa présence physique et à son jeu subtil à une touche.
Parce que contrairement à la petite starlette que le monde entier s’arrache, c’est tout sauf une crevette. Attention, hein, c’est pas non plus un gros bourrin à la Julio Baptista ou Luis Fabiano… Formé à l’école du futsal, il est aussi très rapide et fin techniquement, aussi à l’aise dans les grands espaces que dans les petits périmètres. Pas le genre de gars qui aurait trouvé grâce aux yeux de Dunga. Par contre, Mano Menezes, son successeur, qui se veut apôtre du jogo bonito, ne s’y est pas trompé. Il l’a convoqué pour tous les matchs depuis qu’il a pris en main la Seleção. Du coup, même si Bordeaux est éliminé des deux coupes nationales, André devrait fouler sans trop tarder la pelouse du Stade de France, le 9 février contre les Bleus.
Le tueur de Santos ou le fantôme de Kiev ?
Puissance, technique, bagage international… A première vue, ce gamin de vingt ans a tout pour réussir en Europe. Mais c’est sans compter son expérience désastreuse au Dynamo Kiev. Acheté huit millions d’Euros l’été dernier, il affiche un bilan peu flatteur de zéro but en quinze matchs pour le club ukrainien. Loin des vingt-huit pions inscrits lors les six premiers mois de l’année au Brésil. Pire, il a été élu pire transfert de la saison par les internautes du site Football Ukrania.
A sa décharge, le choc thermique a dû être radical pour ce natif de Cabo frio, station balnéaire à 150 de bornes de Rio, juste à côté de Buzios, la Saint-Trop’ locale. Contrairement à Neymar, ce n’est pas un enfant du sérail de Santos. Débarqué au club de Pelé à 18 ans, il a fait ses classes au modeste Cabofriense. A l’époque, il est complètement inconnu et personne ne se doute qu’en moins d’un an, il s’imposera comme titulaire au sein d’une équipe de gamins qui taquinent la chique ensemble depuis qu’ils sont pré-ados. Né dans une famille de footeux (son père et son oncle étaient pros dans des petits clubs locaux au début des années 90), son ascension a surpris tout le monde, y compris ses premiers entraîneurs : « Je me disais qu’il allait rentrer de temps en temps et mettre quelques buts, mais personne ne s’attendait à ce qu’il ne marque autant et en aussi peu de temps » , avouait Anderson Lopes, qui l’a coaché à l’âge de 15 ans en Futsal, sur le site internet de Santos. Comme quoi, il est capable de se fondre rapidement dans un nouvel effectif.
Espérons pour les Bordelais qu’il s’adaptera mieux au climat du Sud-Ouest qu’à celui de l’Ukraine. Sinon, il risque de se forger un destin à la Deivid, autre buteur qui a déçu en Gironde après avoir cartonné au Brésil.
Louis Génot, à Rio de Janeiro
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