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Alors, Balotelli en Suisse, ça donne quoi ?
Christian Constantin, l'emblématique président du FC Sion, a réussi à attirer dans le Valais Mario Balotelli (32 ans). Depuis son arrivée en Suisse, l’attaquant international italien a marqué 3 buts, réussi des gestes dont lui seul est capable, aussi traîné des pieds sur quelques pelouses helvétiques et s’est déjà fait remarquer dans les boîtes de nuit de Lausanne. Bref, du Super Mario comme on l’aime.
Mario Balotelli, depuis son passage en France, à Nice puis à Marseille, d’août 2016 à juin 2019, ne va jamais là où on l’attend. Une escale – discrète – à Brescia en 2019-2020 (5 buts), une autre en Serie B à Monza (2020-2021), le club désormais tombé dans l’escarcelle de Silvio Berlusconi (6 buts), un passage réussi à Adana Demirspor (2021-2022) avec 19 buts inscrits en Süper Lig, et enfin une signature au FC Sion le 31 août dernier, alors qu’il était encore sous contrat avec la formation turque, à 2,7 millions d’euros par an de salaire et primes. « Comment j’ai réussi à le convaincre de venir à Sion pour deux ans ? Je suis allé le rencontrer à Brescia, on a discuté, il a dit oui. Il y a quelques années, avant qu’il ne signe à Nice, j’avais contacté Mino Raíola, son agent, mais ça n’avait pas abouti. J’ai retenté ma chance au mois d’août, Mario est chez nous et j’en suis très heureux », explique Christian Constantin, le président sédunois, tout de suite emballé à l’idée de parler de sa dernière et clinquante recrue. « Tu as vu le but qu’il a inscrit l’autre jour contre Lucerne (2-0, le 15 octobre) ? » Oui, on l’a vu. Un tir surpuissant, son troisième but de la saison après ceux inscrits face à Winterthour (1-3) et aux Grasshopper Zurich (4-4). « Mario est capable de gestes incroyables, il a un talent inégalable », savoure le dirigeant au tutoiement immédiat. « On a eu trois années de merde, avec le Covid, des saisons pas faciles, on a quand même le droit de prendre du plaisir, non ? »
Le transfert le plus coûteux de l’histoire de Sion
L’homme d’affaires, lui-même ancien gardien de but professionnel, notamment à Neuchâtel Xamax, est aujourd’hui l’une des plus grandes fortunes de Suisse. L’opération Super Mario lui a coûté pas mal d’argent – 3 millions d’euros de transfert et 2 millions d’euros de salaire annuel hors primes selon certaines sources –, et Constantin confirme que jamais le FC Sion, sous sa présidence, n’avait autant payé un joueur. « Gattuso, à l’époque, c’était pas mal aussi, mais pas autant que Mario. » Et quand on lui parle de rentabilisation, le Valaisan coupe court. « Mais tu rigoles ? Depuis quand le football est rentable ? Si tu espères rentabiliser l’arrivée d’un joueur, tu te trompes. Bon, on va peut-être vendre 15 ou 20 000 maillots, il y a plus de monde au Tourbillon (le stade du FC Sion), car Balotelli, forcément, ça attire du monde. » Lors de la conférence de presse suivant son arrivée, soixante journalistes étaient présents, dont quelques Italiens venus écouter l’ancien attaquant de Manchester City, Liverpool, de l’Inter Milan et de l’AC Milan. « Pour un club suisse, c’est beaucoup », confirme le journaliste Florian Vaney, qui suit le FC Sion pour l’agence Sport-Center. Et l’intérêt des médias pour la bête de scène italienne est partagé par les amateurs de football. « Quand je traîne autour d’un stade avant un match, les gens parlent beaucoup de Balotelli. C’est une star, et un joueur de ce niveau, en Suisse, c’est un événement. Même quand on discute avec des mecs qui vont jouer contre lui, on sent une certaine excitation », poursuit le rédacteur. « Moi, quand j’ai appris qu’il allait venir à Sion, j’étais vraiment content. Pour le club, la ville, le championnat de Suisse. J’ai la chance de le côtoyer tous les jours, c’est un footballeur de très haut niveau », intervient Nathanaël Saintini, formé à Montpellier et international guadeloupéen. Son arrivée dans le vestiaire sédunois ? « Il s’est vite adapté, on l’a aidé aussi. C’est un super mec, qui aime rire. En plus, il se débrouille en français, il parle très bien anglais. Pour la communication, il n’y a aucun problème. »
Missile haalandesque et Mick Jagger
Un phénomène comme Balotelli est évidemment l’objet de toutes les attentions. Sur le terrain, bien sûr, mais en dehors. « Il est arrivé fin août, il a disputé cinq matchs, marqué trois buts, c’est quand même pas mal, reprend Christian Constantin. Il faut qu’il s’adapte, mais je peux vous dire que nos joueurs, et notamment les plus jeunes, disent qu’ils apprennent beaucoup à ses côtés. » De source interne, l’international italien (36 sélections, 14 buts) fait le job. Il ne zappe pas les entraînements, a un comportement professionnel et le staff technique, emmené par Paolo Tremazzani, un autre transalpin, n’a pas grand-chose à lui reprocher. « Balotelli, on le connaît. Pendant 35-40 minutes, il va être largement au-dessus de tout le monde, faire des choses incroyables, marquer des buts fantastiques. Et s’il n’a plus envie de courir, il ne court plus. Depuis qu’il est à Sion, c’est un peu tout ça à la fois. Le coach joue le jeu, il faut voir ce que ça va donner sur la durée », reprend Florian Vaney. Saintini, qui, en tant que défenseur, se le coltine tous les jours à l’entraînement, a appris à apprécier la puissance de Super Mario. « C’est impressionnant. Il va vite, et physiquement, il est au top. Je pense qu’il inspire pas mal de crainte aux défenses adverses. Quand il se sera totalement adapté au jeu de l’équipe, il va faire mal », reprend Saintini. À Sion en particulier et en Suisse en général, ils sont évidemment nombreux à guetter la cohabitation entre deux très fortes personnalités comme celles de Balotelli et Constantin.
Car Mario ne serait pas Balotelli sans les virées nocturnes qui ont toujours escorté sa carrière. Au mois de septembre, une vidéo promptement diffusée sur les réseaux sociaux avait montré l’attaquant pas très frais à la sortie d’une boîte de nuit à Lausanne, quelques heures après une victoire à Saint-Gall (1-2), et des supporters des Rouge et Blanc avaient un peu râlé. « Certains journaux ont dit que Balotelli, c’est Mick Jagger… Les joueurs, on ne va pas les diriger au sifflet, ils ont le droit d’aller s’amuser après un match, ça s’est toujours fait. Je leur demande juste d’être responsables et discrets », tempère le truculent président sédunois. « Le FC Sion, c’est un peu le jouet de Christian Constantin. Il a réussi à attirer une star, on parle de son club, ça lui va très bien », conclut Florian Vaney. Le FC Sion est troisième de son championnat, et Super Mario a déjà réussi à attirer l’attention sur lui. Oui, Christian Constantin est content.
Par Alexis Billebault