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Alexandre Phliponeau : « J’aurais aimé avoir ma chance à l’OM »
Malgré lui, Alexandre Phliponeau illustre les problèmes de la formation à l'OM. Camarade en équipe de France U19 de Maxence Caqueret, Melvin Bard ou encore Benoît Badiashile, il renonce en 2019 à un prêt face à la promesse d'Andoni Zubizarreta, alors directeur sportif du club phocéen, de faire « 15 ou 20 matchs en Ligue 1 ». Mais une fois le mercato fermé, c'est comme s'il n'existait plus... Trois ans plus tard, à 22 ans, il refait surface : après un bon prêt à Sète en National, il a pu signer à Annecy, en Ligue 2.
Alexandre, à peine ton contrat à l’OM se termine, tu signes en Ligue 2. Ce doit être un soulagement.En effet. C’était l’objectif en début de saison, en partant en prêt en National pour ma dernière année de contrat, dans un des plus petits budgets de la division. Il fallait me montrer. Mais pour que ça arrive, il faut un club qui accepte de jouer le jeu et je suis très reconnaissant envers le FC Sète qui m’a donné toute la confiance qu’il faut dans ce genre de situation. Une fois que ça marche, que c’est passé, cela semble évident, mais sur le coup, faire une place à un élément qu’on n’a jamais vu à ce niveau-là…
En plus, à Sète, tu as pu assister à des causeries de Rolland Courbis, venu donner un coup de main au coach en fin de saison. Même si tu ne l’as pas vu sur le banc de l’OM, pour un Marseillais… (Il enchaîne.) De l’avoir dans un vestiaire avant un match, ça fait quelque chose. Dès qu’il est arrivé, on a senti une différence. Je ne saurais pas comment l’expliquer, mais j’ai senti des gars plus concernés. Et cela s’est vu derrière sur le terrain. Rolland, je l’ai eu au téléphone avant de signer à Annecy. On a longuement parlé, il voulait faire un effort pour me conserver à Sète, mais il a compris que je voulais passer un cap et me frotter à l’échelon supérieur. Il a eu des mots gentils, d’encouragements, ça me touche.
Avant Sète, tu étais donc dans ton club formateur, l’OM. Est-ce que tu sais que tu y détiens un record ?Non, c’est quoi ?
Tu es le joueur qui a fait le plus de matchs en National 2 avec la réserve de l’OM (60 matchs entre 2017 et 2021, NDLR). Ça ne m’étonne pas, parce que j’ai débuté très tôt. Et après la signature de mon premier contrat pro, je m’entraînais avec l’équipe première, mais je ne jouais jamais et je redescendais avec la réserve. Le gap avec la Ligue 1, je ne sais pas si ça aurait été trop important. Personne ne peut le dire en fait, puisque je n’ai jamais eu l’occasion de jouer, de montrer ce que j’aurais pu faire ou pas. J’aurais aimé avoir ma chance, mais c’est le football. Je remercie quand même l’OM et j’en garde du positif.
Quand même, l’OM était parti pour sortir un jeune par année, avec Maxime Lopez, puis Boubacar Kamara, au début de l’ère McCourt. Et quand vient ton tour, c’est le moment où le club a besoin financièrement de finir sur le podium, sinon c’est la crise, donc les entraîneurs ne veulent plus se risquer à lancer des jeunes.Le vrai regret, c’est de rater la préparation alors qu’André Villas-Boas arrive au club. J’ai fait l’Euro U19 avec l’équipe de France, ça n’a pas aidé. Mais attention, je ne regrette pas d’avoir joué avec les Bleuets. Et même d’avoir fait toutes ces années à l’OM.
C’est pour ça que tu t’es engagé avec Annecy très tôt, pour ne pas rater la préparation ? C’est ça. L’année dernière déjà, dès que j’ai eu l’occasion d’aller à Sète, je n’ai pas attendu. Le projet colle avec mes ambitions, donc il ne faut pas attendre pour connaître le reste du groupe et faire cette prépa dans son intégralité, c’est important.
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— FC Annecy (@FCAnnecy) June 8, 2022
Est-ce que, au-delà du critère sportif, tu penses au fait qu’Annecy est une ville où il fait plutôt bon vivre ? Ce n’est pas Amiens… On regarde tout. Après, vu ma situation, l’environnement, même si c’est important, ce n’était pas la priorité. Je voulais un club ambitieux, qui se donne les moyens de réussir, j’y suis et j’en suis très heureux. Cette saison, il va y avoir quatre descentes en Ligue 2, mais on n’y pense pas plus que ça. On va jouer le jeu, essayer d’être le plus haut possible et on verra ce que ça donnera. D’un point de vue perso, j’ai eu des discussions avec les dirigeants qui veulent me donner comme à Sète beaucoup de confiance, donc j’espère que ça se passera aussi bien et que je vais leur rendre sur le terrain.
Tu te dis que tu peux réussir une carrière à la Laurent…Abergel ? Oui, je n’ai pas attendu la question pour y penser. Lui aussi il est passé par l’OM, puis il a fait Ajaccio, Nancy pour finalement se faire une place en Ligue 1 à Lorient. Étape par étape. C’est inspirant.
Tu vas donc jouer avec Alexy Bosetti, pas le plus grand ami des Marseillais… Comme Annecy est promu, j’ai joué contre lui cette saison. Au match retour, on a un peu discuté, et ça s’est bien passé. Ça avait l’air d’être un super gars et ça se confirme. Deux heures après la signature de mon contrat, j’ai reçu un message de sa part. Il fait tout pour bien m’intégrer.
Si Romain Philippoteaux prolonge à Dijon, tu vas aussi pouvoir croiser le mec avec qui on confond tout le temps ton nom… Je n’y avais pas pensé. Mais tiens, si effectivement on se croise et selon comment se passe le match, pourquoi ne pas échanger nos maillots à la fin ?
Propos recueillis par Mike Solo