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Alex Green (Amazon) : « Nous ne nous comparons pas à Mediapro »
Ça y est, Amazon débarque très officiellement, avec le lancement de sa nouvelle plateforme Prime Vidéo Ligue 1. Après plusieurs semaines de doutes et de craintes, le big boss de la marque américaine, Alex Green, directeur général d'Amazon Prime Vidéo Sport pour l'Europe, a présenté son offre et surtout ses objectifs à terme pour notre bonne vieille Ligue 1.
Amazon va diffuser 80% du football français pour 12€99, à travers une nouvelle chaîne Prime Vidéo Ligue 1, en plus d’un abonnement à la plateforme Prime, pour 49€ par an ou 5€99 par mois. Croyez-vous en votre projet et pensez-vous que cela soit suffisamment attractif pour le téléspectateur ?C’est une offre que nous pensons très qualitative. Pour ce prix, vous n’avez pas seulement accès au football français, dont les plus grandes affiches, mais à tout le service Amazon, des séries, des films, de la musique, de la vente en ligne, etc. Le tout est extrêmement attractif, simplifié, sans aucun engagement, annulable à tout moment. Puis, notre objectif est véritablement d’améliorer l’expérience fan du téléspectateur, de tirer vers le haut la qualité, le rendu du football français. Notre équipe est déjà bien constituée, avec des journalistes de talent, Thibault Le Rol, Marina Lorenzo, Smaïl Bouabdellah ou encore Julien Brun. Malgré notre manque d’expérience, nous avons appris à diffuser du sport en live, avec la Premier League, en Angleterre, ou récemment le tournoi de Roland-Garros en France. Finalement, le rendu sera très intéressant, la couverture sera optimale.
Pourquoi choisir la France ?Il y avait un réel intérêt, une véritable motivation, venir en France faisait partie de nos plans depuis longtemps. Nous croyons en la Ligue 1, qui est un championnat compétitif, attractif, performant. Nous avons décidé de réaliser un investissement significatif sur le football français, mais ce n’était pas seulement une opportunité, c’était une réelle volonté de développer et de parier sur ce secteur. Nous voulons travailler et développer la marque, il n’y a pas encore de projet fixe, mais nous voulons nous installer dans la durée.
Mais après l’échec Mediapro en France, ne pensez-vous pas que le football s’est détérioré ? Que le téléspectateur ne veut plus payer autant pour les matchs ? Il faudra beaucoup d’abonnés pour assurer une rentabilité.
Nous sommes confiants sur notre projet, nous ne nous comparons pas à Mediapro. Je suis sûr et certain que ça va marcher, nous avons tout préparé, nous avons une vraie offre pour le consommateur, accessible et compétitive, j’ai confiance en notre capacité à attirer le public. Concernant les seuils de rentabilité, vous les calculerez vous-même. Combien faudra-t-il d’abonnés pour dégager des bénéfices ou des intérêts ? Je ne me pose pas cette question, cela est secondaire. Ce qui compte, c’est de satisfaire le fan de football, je ne me préoccupe que de cela.
Quel est votre avis sur la situation de Canal+, qui se retire du lot 3, et refuse de diffuser les 2 dernières rencontres ? Allez-vous vous positionner sur ce lot ? Pensez-vous que cela pourrait altérer la réputation de la Ligue 1 ?Nous n’avons pas discuté avec Canal+, ni même avec beIN Sports, qui détient officiellement ce lot. c’est leur affaire. Je ne veux pas faire de commentaire, c’est la situation de Canal+, nous nous positionnons sur nos matchs, notre situation, notre projet. La Ligue 1 va toujours intéresser les fans de football français, quoi qu’il arrive, j’en suis persuadé. Tous les dirigeants sont avec nous, j’ai discuté avec eux longuement, lors de nombreuses réunions, ils nous font confiance et croient en nous. Contrairement à ce qui a pu être dit dans la presse, il n’y a eu aucune friction, aucune dispute. C’est une relation de confiance qui s’est installée.
Et vis-à-vis du public français ? Amazon n’a pas une très bonne réputation dans notre pays, entre les questions fiscales et les conditions de travail de certains salariés.Je ne me préoccupe pas de cela, je veux seulement satisfaire les fans de foot, permettre que le plus grand monde ait accès au football français, aux meilleures rencontres, aux plus grands matchs. Je ne pense qu’à ça.
Selon Mediapro, l’une des explications de l’échec de sa chaîne était la place trop importante du piratage, du streaming et de l’IPTV en France. Que comptez-vous faire pour lutter contre ce problème ? Nous travaillons directement avec la ligue pour lutter contre le piratage, je soutiens tous les mouvements, toutes les actions contre le piratage, avec tous les autres diffuseurs d’ailleurs. Je pense que l’un des meilleurs moyens est d’améliorer qualitativement l’offre aux fans, qu’ils aient accès à du contenu premium, de très grande qualité. C’est véritablement ce que nous comptons faire et ce que nous allons faire.
Une loi sur ce sujet est en préparation en France. En avez-vous discuté avec des représentants politiques pour accélérer sa mise en place ? Avez-vous parlé avec le président de la République ou l’Élysée, très présent sur la question des droits TV depuis un an ?Je n’étais pas au courant du projet de loi anti-piratage et anti-streaming discuté à l’Assemblée nationale. Je n’ai, à aucun moment, discuté avec l’Élysée, le président Emmanuel Macron ou un membre du gouvernement. Nous discutons surtout avec la Ligue.
Dans son offre, Canal+ avait proposé d’innover en mettant des micros aux arbitres ou en filmant les vestiaires. Comptez-vous apporter des changements techniques et innovants en France ? On pense surtout à des diffusions sur Twitch, qui est la propriété d’Amazon, ou la mise en place d’un Team-Pass, chose que vous faites déjà aux États-Unis, en NBA.Oui, nous travaillons avec la NBA sur le Team pass, mais ça n’est pas comparable avec le marché et l’état d’esprit français. Nous voulons de la simplicité, un prix unique, mais nous pensons qu’en France, les fans de foot regarderont tous les grands matchs, toutes les grandes affiches, pas seulement les matchs de leur équipe. Qu’ils soient supporters de Paris, de Lyon ou de Marseille, c’est tout le championnat qui les intéresse. Pour le reste, nous avons innové en Premier League, nous voulons faire de même pour la Ligue 1. Nous avons 3 ans pour le faire. Nous allons développer, nous allons travailler, étudier et moderniser le football français, innover et le rendre encore plus intéressant. Nous pourrons réfléchir avec des partenariats et des diffusions de matchs sur Twitch, nous le faisons déjà avec la NFL et la Premier League. Ce sont des pistes intéressantes, mais rien n’est encore acté.
Propos recueillis par Pierre Rondeau