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- Disparition de Bernard Tapie
Alain Giresse : « Tapie était très proche de ses joueurs »
Premier gros coup de Bernard Tapie à son arrivée à Marseille, Alain Giresse a disputé deux saisons sous les ordres du boss marseillais, au début de ses années olympiennes. Largement de quoi garder une image impérissable de cet homme hors norme. Hommage.
« C’est une bien triste nouvelle. Ces derniers temps, ce qu’il vivait, cette lutte contre la maladie… Il a repoussé l’échéance qui malheureusement est arrivée. S’il a tenu comme ça, aussi longtemps, ça dénote le personnage que c’était. Bernard Tapie, c’était un combattant. Il avait une capacité à repousser les limites dans tous les domaines possibles. Là, il les a même repoussées dans un domaine plus délicat : la santé. C’est un personnage hors norme. Il a toujours eu cette capacité à être dans l’action, l’engagement tout le temps.
Il n’a pas changé le cours de ma vie parce que sur le plan football, ma carrière était déjà faite. Il m’a sollicité, mais je suis plus parti de Bordeaux que venu à Marseille. Après, une fois à Marseille, j’ai passé deux très belles années. J’ai découvert le personnage, le manager hors pair. Nous, on était au début de l’ère Tapie. Avec quelques joueurs expérimentés, on devait cadrer cette équipe. Avec Förster, Domergue, Bell, on lui a permis de gagner un peu de temps parce que la première année, on fait deuxième et finaliste de la coupe, ce qui n’était pas prévu. Et l’année suivante, on fait demi-finale de la Coupe des coupes. Sur le plan personnel, j’ai connu le Bernard Tapie bienveillant, proche de nous, attentif aux cas particuliers, aux problèmes personnels que pouvait vivre un joueur. Ça m’a surpris. J’étais touché par l’attitude qu’il pouvait avoir à mon égard. Ce sont des choses qu’on dit moins sur Bernard Tapie, mais il était très proche de ses joueurs.
Il a participé à l’essor du football français. Avec l’OM, Bernard Tapie s’est greffé sur quelque chose qui avait été lancé par les Verts de 1976, repris par l’équipe de France des années 1980. Il y avait une impulsion de prise. Et lui, il a impulsé ça encore plus, dans un cadre qui le permettait d’autant plus : l’Olympique de Marseille avec son public énorme. Il a su parfaitement amener ce plus pour un club, et ça a rejailli sur tout le foot français ensuite. Il a apporté sa touche non négligeable dans l’essor de notre football, puisqu’il y a gagné la Ligue des champions avec un club français. Et surtout, il a donné ses lettres de noblesse à l’Olympique de Marseille. »
Propos recueillis par AH