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À Monaco, Alexander Nübel prend ses marques
Successeur désigné de Manuel Neuer, Alexander Nübel a pourtant eu du mal à assumer la suite de Benjamin Lecomte, loin d'être impérial, à son arrivée à l'AS Monaco durant l'été 2021. Mais depuis plusieurs semaines, voire mois, celui qui appartient encore au Bayern Munich enchaîne les parades et boxe les critiques.
Danijel Subašić, Sergio Romero ou encore Maarten Stekelenburg : l’AS Monaco a vu défiler quelques jolis noms pour garder ses cages ces dernières années. Outre les portiers des trois derniers finalistes (quatre si l’on y ajoute Fabien Barthez, titulaire avec les Bleus en 2006) de la Coupe du monde – la Croatie en 2018, l’Argentine en 2014 et les Pays-Bas en 2010 -, l’ASM a également pu compter sur Benjamin Lecomte, précédé d’une belle réputation à son arrivée en 2019. Pourtant parmi ces prétendants, un seul, le Croate, a véritablement su conquérir les cœurs et s’imposer sur la durée, malgré quelques boulettes et une fin en eau de boudin. Alors quand Alexander Nübel, désigné comme le digne successeur de Manuel Neuer, débarque sur le Rocher à l’été 2021, les Asémistes se remettent à rêver. En franchissant la frontière, le gardien de l’ASM espérait sans doute se débarrasser de cet encombrant costume pour pouvoir enfin enfiler le sien. Après quelques retouches, le voilà désormais parfaitement à l’aise dans celui que lui a taillé le club de la Principauté.
Fort sur sa ligne de stats
« Alex est un top gardien, capable de s’inscrire dans la durée. Cet été, c’était un des rares secteurs où on s’est dit qu’on ne pouvait pas s’améliorer, lâchait Paul Mitchell, directeur sportif de l’ASM, à L’Équipe fin août, preuve de la confiance du board monégasque envers son poulain. Je ne comprends pas la sévérité à son égard. De janvier à mai, il n’y avait pas beaucoup de meilleurs gardiens en Europe. »Plus que de simples paroles d’un DS qui complimente, autant qu’il rassure, son portier, les chiffres vont également dans le sens de l’Anglais. Après sept journées, Nübel affiche 36 arrêts (premier portier de Ligue 1), soit 80% des tentatives qu’il a subies (cinquième du championnat dans ce domaine), un taux supérieur à celui de sa première saison dans l’Hexagone (76,3%).
Une augmentation pas franchement significative, mais qui l’est beaucoup plus en regardant le volume de tirs auquel doit faire face l’Allemand. Sur l’ensemble de l’exercice précédent, l’ancien de Schalke n’avait essuyé que 135 tirs cadrés (3,6 par match) quand il en cumule déjà 45 cette saison (6,5 par match). Une évolution colossale qui, en plus de démontrer la fragilité défensive affichée par l’ASM (un seul clean sheet toutes compétitions confondues depuis la reprise), tend à confirmer les progrès affichés par le gardien de 25 ans à qui il fut longtemps reproché de ne pas se montrer suffisamment décisif. Rien que cette saison, il a déjà sauvé de précieux points sur les pelouses de Strasbourg (victoire 2-1), Paris (nul 1-1) et Belgrade (succès 1-0) en plus de permettre aux siens de remporter le derby à Nice dimanche dernier (1-0).
Des mains et des pieds
Un sacré bémol vient toutefois gâcher ces lignes de statistiques : son incapacité à se montrer décisif sur penalty. Depuis qu’il a rejoint les Asémistes, le natif de Paderborn ne doit sa seule réussite dans l’exercice, qu’il a connu à onze reprises, qu’à Amine Gouiri qui a envoyé sa tentative dans les tribunes de l’Allianz Riviera en octobre 2021. Malheureusement pour lui, c’est également un domaine où les Rouge et Blanc trustent les premières places, puisque aucune équipe n’en a concédé plus qu’eux depuis le début de la saison dernière. Preuve encore une fois que le transfuge d’outre-Rhin n’est pas toujours aidé par sa défense, ou plus globalement ses coéquipiers. Il existe, en revanche, un domaine dans lequel il ne doit rien à personne : le jeu au pied.
Sûr de ses forces, l’Allemand n’hésitait pas à se permettre quelques fantaisies et prises de risque balle au pied l’an dernier. Premier match au stade Louis-II, face au Sparta Prague (3-1 pour l’ASM), et première relance complètement manquée amenant à un but, finalement anecdotique, des Tchèques. En moins de 90 minutes, les présentations étaient faites. « L’année passée, il a été souvent critiqué. […] Il faisait des petites erreurs, notamment dans le jeu au pied où il prenait trop de risques. Le regard a changé sur lui. C’est vraiment un bon gardien, qui a beaucoup progressé dernièrement », constatait d’ailleurs Philipe Clement au micro de Prime Video après la partie face aux Aiglons. Sûrement parce que son portier a cessé de tenter autant de relances courtes qu’à ses débuts. Entre l’année dernière et celle-ci, l’Allemand a gagné cinq mètres, en moyenne, sur ses passes (passant de 35,9 mètres à 40,6 mètres) et n’hésite plus à balancer de longs ballons là où il cherchait encore à relancer proprement il y a quelques mois. Un retour en arrière qui pourrait bien lui permettre de faire un bond en avant et d’espérer prendre la place de Manuel Neuer au Bayern Munich, club auquel il appartient toujours. À moins que ce ne soit en sélection où il pourrait, à son tour, tenter d’aller inscrire son nom dans la longue lignée des gardiens passés sur le Rocher et présents en finale de Coupe du monde.
Par Florian Porta