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25 choses à savoir sur le Clásico de Rosario

Par Ruben Curiel
7 minutes
25 choses à savoir sur le Clásico de Rosario

Rosario Central face à Newell’s Old Boys. Une ville divisée en deux. Les « Canailles » contre les « Lépreux ». Certainement le clásico le plus chaud du monde. Mais pourquoi tant de haine ?

Ces deux clubs ont des origines britanniques, comme beaucoup en Argentine. Isaac Newell, télégraphiste anglais, débarque à Rosario 1869. Quinze ans plus tard, il fonde un collège. Évidemment, on y joue au football, puisque Newell est le premier homme à avoir amené un ballon en cuir sur le sol argentin. Et c’est en 1903 que Claudio Newell, fils d’Isaac, fonde le Club Atlético Newell’s Old Boys. En 1889, des ouvriers anglais de l’entreprise ferroviaire Ferrocarril Central Argentino créent un club de football nommé Central Argentine Railway Athletic Club. Sous la pression de certains Argentins qui rejoignent la team, le nom du club devient Club Atlético Rosario Central. « Lépreux » et « Canailles » , mais c’est quoi ces surnoms ? Au début du XXe siècle, la ville de Rosario connaît une violente épidémie de lèpre. L’hôpital Carrasco invite les deux clubs de la ville pour jouer un match de charité en faveur des lépreux. Les joueurs de Central refusent l’invitation. Une honte pour les partisans de Newell’s qui insultent leurs rivaux de « canailles » . Ceux de Ñuls (qui ont répondu favorablement à la proposition de l’hopital) deviendront les « lépreux » . D’abord péjoratifs, ces surnoms sont devenus officiels avec le temps. Le premier clásico se joue le 18 juin 1905 lors d’un tournoi organisé par la Ligue de Rosario. Avec un but de Faustino González, Newell’s gagne 1-0. Le premier titre amateur de l’histoire du club. Le premier match de l’ère professionnelle entre ses deux équipes se dispute en championnat, le 18 juin 1939. Un petit match nul 1-1. L’année suivante, Rosario Central vient gagner chez Newell’s, sur le score de 3 à 1. Le premier vainqueur officiel de l’histoire de ce derby. Pourquoi Rosario s’enflamme (et se divise) chaque 19 décembre ? Ce jour-là, en 1971, Leprosos et Canallas jouent la demi-finale du championnat argentin. Central gagne 1-0, grâce à une tête plongeante d’Aldo Poy. Chaque 19 décembre, les supporters de Rosario Central se réunissent four fêter et se remémorer ce but myhique. La légende raconte qu’une proposition a été faite au Livre Guiness des records pour immortaliser ce but comme « le plus fêté au monde » .

Un but tellement mythique qu’il a été conté par l’auteur Roberto Fontanarrosa dans une nouvelle intitulée 19 de diciembre de 1971. En finale, Central bat San Lorenzo et remporte pour la première fois un championnat de première division, après 32 ans.

Central est d’ailleurs la première équipe non originaire de Buenos Aires à remporter un titre officiel. Trois ans plus tard, Newell’s tient sa revanche. La Lepra remporte le Torneo Metropolitano (championnat au format différent) après un match nul historique contre son ennemi. Grâce à un superbe but de Zanabria, Newell’s égalise à 2-2. C’est le premier titre de l’ère professionnelle pour le club fondé par Isaac Newell. Avec des joueurs comme Américo Rubén Gallego et Jorge Valdano tout de même. Du côté des supporters de Newell’s, on célèbre le 21 juillet comme le « Jour de l’ami lépreux » . Ce jour n’est autre que l’anniversaire de Marcelo Bielsa, idole du club. On ne peut évoquer cette rivalité sans réserver une partie à Marcelo Bielsa. El Loco a même failli se couper un doigt pour ce match : Kily González, idole de Rosario Central, a raconté cette anecdote, sur ESPN : « Mon père est très caractériel. C’est un supporter de Central, un vrai. Quand j’étais petit, j’ai joué pour Newell’s, une finale contre Central. Dans le stade, il y avait deux tribunes, une pour chaque équipe. Je jouais pour Newell’s, mais mon père va s’installer dans celle de Central. Il restait deux minutes, et je marque le but de la victoire, 1-0. Je le fête comme un fou, c’est normal, j’avais 10 ou 11 ans. À la fin du match, mon père me récupère. Dans la voiture, je lui dis : « T’as vu papa, on a gagné ? » Il me répond :« Assieds-toi derrière. » Sur le chemin, il ne m’adresse pas un mot. On arrive chez moi, et ma mère me demande le résultat. Je lui ai répondu qu’on avait gagné. Et mon père s’adresse à ma mère et lui dit : « Demande à ton idiot de fils ce qu’il a fait. Il a marqué pour Newell’s et il a fêté le but juste devant moi. »Il ne m’a pas parlé pendant trois mois. » Figo, Fiorèse, Tévez. Ils sont nombreux à avoir porté le maillot de deux clubs qui se haïssent. À Rosario, il y en a peu. Ou plus. Depuis 1982, aucun joueur n’est passé d’un club à l’autre. « Pour rien au monde, je ne porterais un maillot de Newell’s » , avait lâché Kily González, certainement marqué par la réaction de son père. César Luis Menotti, le mythique entraîneur argentin, a joué à Central (de 1948 à 1963) avant d’entraîner Newell’s (entre 1970 et 1971). Il résume ainsi le clásico de Rosario : « Le clásico me rappelle ma vie, mes débuts. Le peu que j’ai et que je sais, le fait de différencier le bien du mal, tout cela je l’ai appris dans mon quartier de Rosario. » Les années 80 sont marquées par la descente de Rosario Central. Mais deux ans plus tard, les Canallas remontent et remportent directement le titre (1986-1987), sans perdre aucun clásico. En 1989, un jeune formé à Newell’s plante un doublé contre Central, lors d’un match mythique gagné 5 à 3 par les lépreux. Il a 20 ans. Il s’appelle Gabriel Batistuta.
Les années 90 sont celles des « abandons » . En 1991, Newell’s écrase son rival 4 à 0 quand les supporters de Central quitte le stade. Un match nommé le « 4 à 0 et il n’y a plus personne » . Le 26 juin 1996, le clásico est suspendu quand les fans canallas jettent des pétards sur le terrain. Un an plus tard, ce sont les joueurs de NOB qui décident de foutre en l’air le match. Central gagne alors 4-0 quand, à 25 minutes de la fin, l’arbitre se voit obligé d’arrêter la rencontre. La raison ? Quatre expulsions et une blessure douteuse laissent Newell’s à six. À Newells, Batistuta, Tata Martino ou encore Roberto Sensini. À Central, Di María, Mario Kempes, Eduardo Coudet, Aldo Poy. Sacrées idoles. Au point de vue du palmarès, Newell’s a remporté six fois le championnat local, contre quatre pour Central. Mais les Canallas ont remporté un tournoi international – la Copa CONMEBOL 1995 –, tandis que Ñuls a perdu en finale de Libertadores. Les meilleurs buteurs de cette affiche sont Edgardo Bauza pour Central et Santiago Santamaría pour les Old Boys avec chacun neuf pions. L’Uruguayen Jorge José González a joué 45 clásicos sous le maillot de Rosario Central. Le recordman leproso est Mario Zanabria, avec 31 derbys disputés. En 2010, Central est de nouveau descendu en seconde division. Et remonte trois ans plus tard. Cette même année, Newell’s remporte le titre de champion d’Argentine avec Tata Martino à la tête du club. Le stade de Newell’s, appelé le Coloso del Parque, est devenu le stade Marcelo Bielsa en 2009. L’enceinte de Central s’appelle le Gigante de Arroyito. Ces dernières années, les clásicos de Rosario se disputent sans public visiteur (comme le reste du football local). Ce qui n’empêche pas de folles ambiances.

Au Gigante de Arroyito, en 2014 :

Au stade Marcelo Bielsa, l’an passé :

Ce dimanche, les deux ennemis s’affrontent pour la deuxième journée du championnat argentin, dans le stade de Central. Rosario Central, entraîné par Eduardo Coudet, a remporté son premier match contre Godoy Cruz. Les hommes de Lucas Bernardi (oui, l’ancien Monégasque) ont perdu face à San Martín de San Juan. L’année passée, le match aller s’est soldé par un 0-0. Au retour, Central est venu gagner chez son rival sur le score de 0-1. Vivement dimanche.

L’ambiance lors de Rosario Central-Godoy Cruz, la semaine dernière :

Le Banderazo (quelques jours avant un gros match, les supporters se réunissent dans le stade pour foutre une ambiance de malade, ndlr) de Newell’s, jeudi soir :

Pep Guardiola ne serait-il pas tout simplement démodé ?

Par Ruben Curiel

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