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1995, quand le PSG terrassait FC Barcelone de Cruijff

Par Nicolas Jucha
7 minutes
1995, quand le PSG terrassait FC Barcelone de Cruijff

En mars 1995, le PSG de Luis Fernandez terrassait le FC Barcelone de Johan Cruijff en quarts de finale de Ligue des champions. Alors que les Parisiens tentent de défendre leur première place dans le groupe F mercredi, José Cobos se remémore l'exploit réalisé il y a près de 20 ans.

15 mars 1995, Parc des Princes, quart de finale retour de Ligue des champions. Le PSG reçoit le FC Barcelone de Johan Cruijff, champion d’Europe en 1992 et vice-champion la saison précédente. Face à une Dream Team certes vieillissante mais toujours compétitive, les Parisiens ont réussi à arracher un match nul précieux au Camp Nou. Pour ce match décisif, les hommes de Luis Fernandez sortent le grand jeu, mais manquent de réussite en première période : Weah, Raï, puis Ginola par deux fois trouvent les montants de Busquets en première période. Au retour des vestiaires, le capitaine catalan Bakero jette un froid dans le stade en ouvrant le score de la tête sur coup franc. Alors dos au mur, le PSG lance ses dernières forces dans la bataille : Ginola trouve encore du bois à la 67e, puis la lumière vient à la 72e.

À la réception d’un coup de pied arrêté offensif, Raï profite d’une sortie approximative du gardien du Barça pour catapulter le cuir dans les filets. Un partout, la prolongation se profile jusqu’à la 83e minute, lorsque que le Brésilien Valdo décale Guérin. L’international français a vu un espace entre Busquets et son poteau droit, il est à l’extérieur de la surface, mais tente sa chance… Peu puissante mais placée au ras du montant, la frappe du Parisien libère le stade. Le Barça ne revient pas dans le match, et Paris décroche alors sa troisième demi-finale consécutive sur la scène européenne. Le tour suivant est celui de la frustration face à un Milan AC qui semblait accessible au match aller, mais qui stoppe Paris une nouvelle fois aux portes de la finale. Simple partie remise puisque le PSG décroche sa première et unique Coupe d’Europe la saison suivante, face au Rapid Vienne en Coupe des coupes.

José Cobos : « Le Barça de 2014 est un peu plus fort »

Titulaire au poste de latéral droit lors de la double opposition contre le FC Barcelone, José Cobos en conserve un souvenir fort : « J’ai l’impression que c’était maximum il y a dix ans, j’ai même l’impression que c’était hier parce que ce sont des matchs qui marquent. D’une part à cause de mes origines, toute ma famille était venue me voir en Espagne, et d’autre part de rencontrer une équipe qui avait gagné la Champions League. » Pour l’ancien du centre de formation strasbourgeois, le match aller reste le moment le plus marquant : « C’était la première fois que j’allais au Camp Nou, c’était impressionnant. Même le vestiaire ou la chapelle à côté du stade, leurs joueurs avec notamment un Ballon d’or, Stoïckhov. Même la préparation m’avait marqué : on préparait un grand match contre un grand club. » Si le latéral a les yeux grands ouverts au moment d’affronter les Catalans, le PSG d’alors, présidé par Michel Denisot, n’est déjà plus un enfant sur la scène européenne : lors de la saison 1992-1993, les Parisiens atteignent les demi-finales de la C3 en sortant Naples, Anderlecht ou encore le Real Madrid à la suite d’un match d’anthologie, et ne cèdent dans le dernier carré que contre la Juventus, ou plutôt contre son génial trequartista Roberto Baggio. L’année suivante, le PSG sort une nouvelle fois le Real en quart avant de se briser les dents sur Arsenal. Autant dire qu’en 1995, le club de la capitale est rompu aux spécificités des joutes européennes et ne s’avance pas forcément en victime contre la bande à Hristo Stoïchkov.

Concernant le Barça de 1995, Cobos se souvient que c’était « l’équipe de Johan Cruijff. Cela jouait dans le même esprit qu’aujourd’hui, sauf Koeman qui était capable de jouer des transversales de 40-50 mètres ou d’envoyer de puissantes frappes de loin. » Pour l’actuel adjoint au maire de Nice en charge des grands événements, le FC Barcelone de 1995 « passait aussi par le beau jeu, et il y avait de la vitesse devant, mais ils avaient peut-être moins de grosses individualités que l’équipe de 2014 avec Messi, Neymar, Suárez… » Si bien qu’il voit l’équipe de Luis Enrique comme supérieure à celle que le PSG avait terrassée il y a 19 ans : « L’équipe actuelle, c’est la plus titrée du XXIe siècle. Elle est quand même un peu plus forte. Ils sont critiqués quand ils finissent deuxièmes de leur championnat, cela veut tout dire. » Aujourd’hui, malgré son aura internationale, les investissements du Qatar et sa victoire à l’aller, Paris reste clairement l’outsider. Ce qui n’était pas le cas en 1995 après une phase de poules maîtrisée de main de maître (6 matchs 6 victoires contre le Dinamo Kiev, le Spartak Moscou et le Bayern de Munich). « À l’époque, c’était le premier de chaque championnat qui jouait la Ligue des champions. Seuls les meilleurs de chaque pays la jouaient. Le PSG avait peut-être moins de visibilité à l’échelle mondiale, mais en termes de résultats dans les compétitions internationales, à cette période-là, il n’y avait que le Milan AC et São Paulo qui faisaient mieux. »

« Même à 1-0 pour le Barça, on ne doutait pas »

Pour marcher dans les pas de leurs glorieux aînés, les hommes de Laurent Blanc auront tout intérêt à employer quelques-unes de leurs recettes. « Ce qui nous a fait gagner à l’époque, c’est la préparation. Au centimètre près, on savait ce que l’on devait faire, c’était le travail de Luis Fernandez, Joël Bats et Nabamtingue Toko. On avait fait beaucoup de séances, une préparation extraordinaire » , se souvient Cobos. D’après lui, les Parisiens s’étaient présentés pleins de certitudes : « On savait que pour les battre, il fallait qu’on soit à 100%. On a fait beaucoup de vidéo et d’application sur le terrain. On travaillait en binômes. Et puis sur les deux matchs, il y a eu un gros investissement des joueurs. J’étais sur le côté droit avec Daniel Bravo devant, on savait que sur notre côté, personne ne devait passer. Nous faisions en sorte d’être toujours un de plus dans la zone du ballon. »

Et pourtant, en début de seconde période au Parc des Princes, Bakero avait semblé briser l’élan parisien, mais Cobos assure que les siens et lui n’ont « jamais douté, même à 1-0 pour le Barça. On avait des joueurs d’expériences avec Raï, Weah, Ginola, Valdo… On ne doutait pas. » Même après le 5e poteau parisien du match de Ginola après l’ouverture du score. « On a seulement cherché à respecter les consignes, et on savait qu’on passerait devant. Même après le match nul en Espagne, on n’est pas arrivés avec la fleur au fusil et on a respecté l’adversaire » , confirme le latéral droit de l’époque, qui se souvient ne pas avoir connu le moindre sentiment euphorique suite à la qualification : « Le travail est tellement usant qu’à la fin, on était contents, mais moi, je n’ai apprécié la victoire qu’après, car il y avait une usure physique et mentale. J’avais tellement donné. »

Mieux armé pour briller

Cette usure mentale expliquerait-elle qu’après l’exploit, le PSG se soit heurté au mur milanais en demi-finale (0-1, 0-2) ? « La demi-finale contre le Milan AC, la seule chose qui nous manque, c’est l’expérience de cette compétition. Cela s’est joué à très peu, une barre de notre côté, puis un but à la 90e de Boban. » Pour José Cobos, le PSG n’avait pas la stature nécessaire pour passer en 1995, un peu comme le PSG version QSI la saison passée à Chelsea : « C’était trop tôt pour que le club puisse passer. Regardez le PSG la saison passée. Avant de gagner la Ligue des champions, il faut expérimenter des éliminations en quarts, ensuite en demi-finales. » Une analyse qui sonne en message d’espoir pour le PSG de la saison 2014-2015, moins brillant dans le jeu qu’il y a un an, Cobos se souvenant que « ce n’est pas avec la meilleure équipe qu’on a gagné la Coupe des coupes en 1996, mais c’était grâce à la défaite contre le Milan AC l’année d’avant. Il y a des étapes pour devenir un grand club, Paris a perdu en quarts de finale la saison passée, mais ils ont appris. »

Aujourd’hui, en dépit des piétinements dans le jeu, le Niçois est persuadé que le PSG est mieux armé pour briller en C1 : « Ils sont prêts pour cette année. Le championnat et la Ligue des champions, cela n’a rien à voir, ils ont la concentration pour aller loin. Paris a autant sa place en demi-finale qu’un Bayern, qu’un Chelsea ou un Barcelone. Après, cela va se jouer à très peu, à des détails, mais même s’ils terminent seconds de leur groupe, cela ne changera rien, ils ont le potentiel pour aller en demi-finales. » Finalement, José Cobos ne reconnaît qu’un seul bémol dans la situation parisienne, la baisse de compétitivité de la Ligue 1, car « en 1995, le championnat de France était plus relevé, avec de grands joueurs, ce qui offrait une bonne préparation pour faire face à de grands clubs en Coupes d’Europe. » Les propriétaires qataris n’ont sûrement pas l’intention d’attendre un nouvel âge d’or du football français pour décrocher la coupe aux grandes oreilles…

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Par Nicolas Jucha

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